« L'absence de planification est la source de tous les maux dont souffre notre pays. A quoi servent les conseillers du ministre de l'Education nationale s'ils ne sont pas capables de trouver une alternative sérieuse au problème de la surcharge des classes ? », s'interroge, démoralisé, un parent d'élève. Mécontents, les parents d'élèves n'étaient pas du tout satisfaits, hier au premier jour de la rentrée scolaire, de la mesure palliative dégagée par le département de M. Benbouzid pour assurer une place pédagogique à tous les enfants sortis fraîchement du cycle primaire. Des collèges qui ne comptaient que quatre classes de première année moyenne sont passés à quatorze classes, avec une moyenne de plus de quarante élèves chacune. Cette situation sort de l'ordinaire et risque malheureusement de perdurer ! Pis, certains chefs d'établissement ont été contraints d'aménager les emplois du temps pour permettre, dit-on, à tous les élèves de suivre un enseignement correct. Les élèves doivent, à cet effet, se relayer dans les classes. Dans beaucoup de grandes villes comme Alger, les élèves de 1re AM n'auront classe qu'un jour sur deux pour permettre à tout le monde d'avoir une place pédagogique. Cette alternative a suscité l'ire des parents qui condamnent le recours au bricolage. « Le ministre de l'Education innove en la matière. Il a décidé que les élèves auraient cours à tour de rôle. L'emploi du temps de mon fils inscrit en première année moyenne fait état d'un enseignement un jour sur deux et de surcroît la demi-journée seulement », a indiqué un parent d'élève. Fait confirmé par des enseignants, qui doivent encadrer cette année davantage d'élèves, et ce, au même « prix ». « Cette année, les collèges ont, en termes d'élèves, reçu le double de ce qu'ils ont l'habitude de recevoir. Cette situation était prévisible et très attendue, mais le ministère de tutelle n'a pas pris ses précautions », a soutenu M. Mériane, enseignant et porte-parole du Snapest. Pour ce dernier, cette année n'est pas exceptionnelle et le problème n'est ni conjoncturel ni momentané puisque les élèves du cycle moyen vont vivre ce calvaire pendant quatre longues années. C'est « une catastrophe », estime notre interlocuteur, qui est persuadé qu'à cause du volume horaire certaines matières seront bâclées. De l'avis de M. Mériane, le recours à un enseignement un jour sur deux ne sera pas rentable pour l'élève, car ce procédé va casser le rythme et la dynamique de son travail. « Dans tout pays qui se respecte, les responsables du secteur de l'éducation établissent un volume horaire qu'ils veillent à étaler sur la semaine pour permettre à l'élève de comprendre et d'assimiler ses cours », fait remarquer le porte-parole du Snapest. Que ce soit à Alger, à Constantine, à Oran ou dans d'autres régions, le problème de la surcharge se pose, et ce, en dépit de la construction de nouveaux collèges. A titre d'exemple, à Constantine, 7 établissements ont été réalisés, toutefois cela s'est avéré insuffisant et la direction de l'éducation a été dans l'obligation de récupérer un lycée pour la scolarisation des élèves de quatrième année moyenne. D'autres élèves ont été orientés vers des centres de formation aménagés, pour la circonstance, pour recevoir les élèves du moyen. Malgré les efforts déployés, toutes les classes de première année moyenne sont surchargées avec quarante-deux élèves alors que la moyenne l'année précédente était de 30 élèves par classe. A Alger, l'on nous fait part de l'exiguïté des salles de classe, d'où la nécessité de mettre trois élèves par table. Dans certaines écoles, l'on nous a signalé le manque de chaises et de tables... « Tout le monde était au courant qu'il y aurait un tsunami cette année. Pourquoi l'Etat n'a-t-il pas pris ses responsabilités en obligeant les concernés à réaliser des infrastructures destinées à accueillir ces élèves, qui ne vont nullement se concentrer sur leurs cours ? », a souligné un enseignant, convaincu que les élèves nés de la réforme sont les victimes d'une réforme mal appliquée.