Les parents des élèves du collège Abdelkader Sahraoui, à Koléa, wilaya de Tipaza, ont failli provoquer l'irréparable, hier matin, en voulant occuper la rue. C'est le seul moyen, disent-ils, pour exprimer leur colère contre les conditions dans lesquelles leurs enfants entament leur année scolaire. Plusieurs classes primaires ont été orientées vers l'école Forra Mahmoud, dont plusieurs salles sont restées fermées depuis des années. « Nos enfants ont été mis dans des classes qui ressemblent beaucoup plus à des poulaillers qu'à des lieux de savoir... », lance une maman de deux écoliers. Notre présence sur les lieux a attiré de nombreux autres parents et chacun dénonçait à sa manière le transfert des écoliers. Ce qui a mis les responsables de l'école en colère contre les journalistes. Ils ont fait appel aux policiers qui sont arrivés en renfort. Les journalistes sont sommés de les suivre au commissariat, sous prétexte qu'une plainte a été déposée contre eux par le directeur de l'établissement. Ce dernier se justifie en affirmant que la presse n'a pas le droit d'accès à l'établissement sans autorisation et de ce fait une plainte a été déposée contre eux. Il aura fallu joindre le directeur de l'académie de Tipaza pour que la situation se dénoue. Les parents d'élèves reviennent à la charge. « Deux enfants ont eu des allergies d'asthme et n'ont pu poursuivre leurs premiers cours. Une enseignante a eu un malaise respiratoire à cause des odeurs nauséabondes. Nous ne pouvons pas accepter une telle situation. Cette école est un danger pour la santé de tout le monde », déclare un père de famille qui insiste pour nous faire constater de visu l'établissement où ont été dirigés les écoliers. A l'entrée, une odeur asphyxiante agresse les narines et provoque une gêne respiratoire. Les lieux semblent abandonnés depuis des années, transformés qu'ils sont en un espace de regroupement de pigeons. Pas de portes pour les toilettes et un seul robinet fonctionne pour laisser couler une eau d'une couleur douteuse. Les chaises et les pupitres sont dans un état si lamentable,qu'ils ne donnent même pas envie de s'y installer. Les vitres des fenêtres sont cassées, alors que les murs lézardés ont perdu leur couleur. Les détritus encombrent tous les coins et donnent une image désolante à un lieu censé être celui du savoir. Quelques femmes de ménage balaient une cour envahie par les feuilles et les branchages. Comment des enfants peut-on affecté des enfants dans un endroit aussi vétuste et repoussant de saleté ? « C'est la seule solution que nous avons trouvée. Dans le cas contraire, nous aurions 64 élèves par classe. Quel est l'enseignant qui acceptera une telle situation ? », demande le directeur du collège. Cette année, ajoute t-il, « nous avons reçu le double de nos capacités au niveau du collège et du cycle primaire. L'école qui devait être réceptionnée la veille de la rentrée scolaire est toujours en chantier. Il lui reste au moins deux mois de travaux. Nous n'avons pas trouvé d'autre solution que de placer les élèves dans les sept classes du primaire à l'école Forra, provisoirement ». Le directeur reconnaît par ailleurs que les conditions de scolarisation sont « très pénibles », du fait qu'il s'agit de classes abandonnées depuis plus de deux ans. « Je sais que l'endroit est très sale, mais nous avons demandé à la commune de nettoyer les lieux et de badigeonner les murs pour les rendre plus propres. Le travail se fait mais au ralenti. Il faudra que les parents comprennent que nous n'avons pas d'autres solutions que celle-ci. Mais ce n'est que provisoire... » Une promesse que les parents d'élèves ont du mal à accepter, estimant que les travaux du nouvel établissement « risquent de prendre beaucoup de temps comme de coutume ». En tout état de cause, les nouveaux écoliers refusent de rejoindre leurs classes à l'école Forra tant que les conditions d'hygiène et de sécurité ne sont pas assurées.