Visite à Smara Au sud de Tindouf, dans la hamada écrasée de chaleur, battue par les vents et mangée par le sable, s'étalent les camps de réfugiés sahraouis. La cité administrative sise à Hassi Abdallah, devenue depuis le temps Rabouny, une déformation du terme robinet, est une cité comprenant les ministères et la présidence de la République sahraouie. A Rabouny, le visiteur est accueilli au niveau de la Direction nationale du protocole dirigée par le sympathique et dynamique M.Mokhtar Brahim. Là, le visiteur est logé et aussi pris en charge par les Sahraouis. Le service du protocole est installé dans une sorte d'hacienda espagnole avec, ouvrant sur une cour immense, des services, des bureaux et aussi un réfectoire et des chambres cédées gracieusement aux visiteurs, généralement des ONG. Un peu plus loin c'est le siège des ministères de l'Information, de l'Education et de la Santé. Et à l'écart, la présidence de la République, le ministère de la Défense et celui de l'Intérieur. Le ministère de l'Equipement est, quant à lui, situé derrière une sorte de marché appelé ici El Marsa. Enfin et juste à côté de la Direction du protocole, l'hôpital central. Le Sahraoui est sobre, il sait se contenter de peu mais manque non seulement du superflu mais aussi du nécessaire. Cependant et malgré ce manque, le Sahraoui est fier et fait passer la libération de sa patrie avant tout. L'attente, combien longue, d'une solution politique et le cessez-le-feu ne semblent guère «arranger» les Sahraouis qui, eux, disent vouloir combattre et en finir avec cette situation actuelle de ni guerre ni paix. Visite au camp du 27-Février Accompagnés d'un chauffeur mis gracieusement à notre disposition par le protocole, on s'est dirigé vers le camp du 27-Février (ainsi baptisé en souvenir de la proclamation de la Rasd). Le camp, en fait des habitations entourant une école, présente à l'entrée des abris pour les bêtes : chameaux et chèvres. L'école du 27-Février est en fait une sorte de complexe éducatif réunissant aussi bien les enfants que les . L'école forme des aux métiers de la santé et aussi en informatique et autres. Dans l'école comprenant un effectif de plus de 800 élèves avec prééminence des , on rencontre un dispensaire baptisé Mohamed-Lamine-Ouali. Le responsable, un infirmier, M.Mohamed Yahdih, nous le fait visiter. Le site comprend une pharmacie, un cabinet de consultation, une salle d'observation, une salle d'accouchement, ainsi qu'un service de stomatologie. Les infirmières qui semblent aussi être des accoucheuses rurales sont de toutes les corvées. Quand on sait que tout ce monde travaille volontairement et ne perçoit qu'une simple indemnité trimestrielle d'environ 2500 DA, on se surprend à rêver. Le personnel et le responsable disent craindre une rupture de stocks, en médicaments dès le mois d'octobre prochain. Comme le responsable parle de sous-alimentation chez certains enfants, le directeur de l'école du 27-Février, M.Brahim Mohamed, parle de sa partie, la pédagogie et nous apprend qu'il a été formé au Centre de formation des inspecteurs de l'enseignement à Alger. De là, nous passons dans le Centre culturel et d'information tenu par la Première dame du Sahara, Mme Khadidja Hamdi. Le centre est assez agréable avec des ailes et ateliers pour le tissage, la coiffure, les beaux-arts, l'informatique et la bijouterie. Mme Hamdi explique aussi que le centre possède des salles de réunion où se retrouvent les citoyens pour des discussions politiques. Le centre Chahida-Naihat-Ali-Ibrahim est en principe outillé pour répondre aux besoins de formation et de culture de la ahraouie. Mme Khadidja nous invite dans sa maison, identique à toutes ces maisons des Sahraouis. Une tente entourée de petites pièces et, pour la maison du président, une grande salle réalisée par le gouvernement sahraoui afin de permettre au président de recevoir ses invités officiels. Mme Khadidja invite à un repas frugal mais offert de bon coeur. La Première dame nous fait part de ses problèmes et de ses attentes. Le principal sujet qui revient au cours de la discussion est le cas de ces Sahraouis actuellement en prison au Maroc ! Les enfants du président, tous étudiants à l'étranger, à l'exception de deux qui sont au moyen à Tindouf, ne voient leurs parents que pendant les vacances. «C'est le lot des familles sahraouies!», précise Mme Khadidja Hamdi. L'épouse du président sahraoui nous fait part de la «débrouillardise» des sahraouies. Ainsi, selon elle, des groupes de cotisent entre elles à raison de 500 DA par mois, suite à quoi ce pactole est offert à l'une d'elles. Chaque femme reçoit ainsi un petit pactole pour se dépanner. Comme ces coopératives qui sont le fait des et qui rendent de précieux services aux familles. Au camp du 27-Février, les enfants vous suivent et attendent qu'on leur donne des bonbons «caramela! caramela!», crient-ils en espagnol. Tous sont apparemment en bonne santé et surtout propres. Beaucoup ont eu la chance de passer quelques semaines en Europe et notamment en Espagne, durant ces vacances. Au siège du gouvernement sahraoui, on a pu rencontrer le ministre de la Santé, M.Boulahi, au siège de son ministère. Il s'est longuement étalé sur la problématique du médicament. «D'ici à octobre, les stocks seront épuisés! On a tenu informés aussi bien le Croissant-Rouge algérien que les autorités de la Radp». Comme il a soulevé le problème de l'eau, selon lui trop chlorée et aussi une certaine sous-alimentation de la mère et de l'enfant. «Cela fait trente ans que notre peuple affronte des conditions de vie difficiles. Le Polisario, grâce à une organisation sans faille, a pu venir à bout de beaucoup de problèmes. Ainsi, une éducation sanitaire rigoureuse nous a permis d'échapper à toute épidémie. Mais face au premier des problèmes, l'occupation de notre pays, tous les autres sont secondaires.» Il parle également de la présence des médecins cubains dont certains font des merveilles. Pour le reste, heureusement que l'Algérie est là! L'éducation et la santé Le ministre explique que la prévention est la colonne vertébrale du plan de santé sahraoui et ajoute que les 90% des enfants du Sahara sont ainsi vaccinés. Enfin, le ministre évoque le fait que «ce qui manque le plus ce sont, après les médicaments, les ambulances. Actuellement nous avons une seule ambulance par wilaya et une ambulance au niveau de l'hôpital central». Et le ministre de préciser que le Polisario compte 1 médecin pour environ 3000 habitants et 1 dentiste pour 10.000 habitants. L'organisation sanitaire semble également satisfaisante avec un hôpital régional pour chaque wilaya et des dispensaires presque dans chaque daïra. Le ministre nous fait accompagner par un directeur central pour visiter l'hôpital central sis à Rabouny. L'hôpital est une belle bâtisse, peut-être encore plus belle que la présidence de la République. Le directeur de l'hôpital nous fait visiter les services. D'abord le service de stomatologie qui comprend trois fauteuils dentaires et un service de prothèses dentaires. Ensuite, il nous montre la maternité et la pédiatrie jouxtant l'aile réservée à la chirurgie. Cependant le directeur après avoir évoqué la rupture du stock de médicaments qui interviendra dès septembre-octobre selon lui, parle de la difficulté à gérer un hôpital qui n'a qu'un personnel volontaire non rétribué. Pour lui les repas servis aux malades sont en deçà des besoins car l'hôpital ne possède pas de budget pour cela. Le Programme alimentaire mondial n'ayant exécuté ses engagements qu'à hauteur de trente pour cent. Selon le directeur de l'hôpital, «c'est grâce aux Norvégiens que le programme est sauvé partiellement». Un dirigeant du front qui s'est présenté comme un ancien combattant intervient pour préciser: «Aucun pays arabe ne nous a aidé. Seule l'Algérie est à nos côtés». Rencontrés au niveau de la Direction nationale du protocole, des cadres du ministère de l'Education ont fait un large tour d'horizon de la situation du secteur. Selon eux, tous les enfants âgés de trois à six ans sont dans les centres d'éveil. Le préscolaire est gratuit et obligatoire pour tous. Ceux ayant six ans révolus sont inscrits dans les écoles élémentaires des wilayas. Actuellement, le gouvernement de la Rasd compte 26 jardins d'enfants et 26 écoles élémentaires ainsi que deux collèges avec internat, le premier au camp du 12-Octobre et le second au camp du 9-Juin, comme ils ont fait part de l'existence d'une école de formation d'enseignants et d'éducatrices et de trois centres de formation gérés par le ministère de l'Education. Les études secondaires sont accomplies soit en Algérie soit dans d'autres pays. De nombreux centres d'initiation aux langues et à l'informatique fonctionnent également dans les camps, mais les congés scolaires font que la visite n'a pu avoir lieu. Les étudiants sahraouis sont soit en Algérie soit à Cuba ou en Libye ou encore ailleurs, comme cette jeune fille, Senia, qui suit un cours de perfectionnement en anglais en Norvège. On a également appris que le Polisario compte quelque 4000 enseignants et éducatrices encadrés par des inspecteurs formés en Algérie. Depuis deux ans, ces enseignants reçoivent un petit pécule d'environ 2500 DA mensuels pour les plus anciens. C'est peut-être peu mais une charge importante pour la Rasd, expliquent les cadres du ministère. Un enseignant rencontré explique «la difficulté de parler aux enfants de paix et de fraternité et des droits de l'Homme avec la situation que notre peuple traverse. Un jour, un enfant n'a pas pu résister et a osé traiter son maître de traître. Cet âge est sans pitié et veut rendre coup pour coup». Dans un peu moins d'une semaine, les enfants en Algérie et dans le monde reprendront le chemin de l'école. Les cohortes gaies et sautillantes vont de nouveau colorer les rues des villes et villages. Dans les camps de réfugiés, des enfants tout aussi innocents, se rendront dans leurs écoles. En fait, des masures en pisé au toit en tôle galvanisée et au sol cimenté. De méchantes tables, des chaises et des tableaux souvent écaillés pour tout mobilier et sans électricité, ils vont devoir essayer de lutter contre l'analphabétisme. Avec le climat plus que rude qui sévit dans les camps, brûlant en été et très froid en hiver, des enfants s'essaieront à faire des progrès en lecture et en calcul. Dans les camps de réfugiés, l'information est considérée comme une arme de combat. D'où ces efforts faits en vue de doter le Polisario d'organes assez performants. Un journal, Le Sahara Libre, animé par une équipe de jeunes et une radio fonctionnent aux côtés de l'Agence de presse sahraouie. L'information, une arme de guerre La télévision encore embryonnaire est encore au stade des essais. Mais ce qui est assez surprenant, c'est de voir le citoyen sahraoui au courant des nouvelles du monde entier. Ceci semble s'expliquer par le haut degré de politisation des Sahraouis. Grâce à Internet, les Sahraouis sont reliés au monde et leurs jeunes journalistes font des merveilles quand on sait que toute cette armada de journalistes est composée de volontaires percevant une simple et modeste allocation, on met chapeau bas! Lors de notre passage au ministère de l'Information à Rabouny on s'était pliés en quatre pour faciliter la tâche au journaliste algérien que je suis. On m'a permis l'utilisation de tout le matériel et aussi de rencontrer le responsable désiré. La langue de travail étant l'arabe ou l'espagnol, des interprètes sont là pour aider «les frères algériens». Les journalistes sahraouis concentrent leurs activités autour des objectifs ayant trait à la libération de leur pays. Ils se considèrent comme des soldats en attente d'une décision du Polisario et du gouvernement de la Rasd. Ce sont aussi des journalistes sahraouis qui ont démenti les allégations de certains prisonniers marocains récemment libérés et qui avaient fait état de «brutalités voire de tortures» Pour ces journalistes: «Il est certain qu'aucun prisonnier n'a été torturé. Ils ont eu certes à travailler peut-être sous le soleil mais sachez que sous le soleil il y avait aussi le soldat qui gardait ces prisonniers et ce soldat partageait la même eau et la même nourriture que le prisonnier. Ce ne sont certes pas des repas à la carte mais partagés par tous.» La femme dans les camps Dans les camps de réfugiés la emble être la colonne vertébrale. La ahraouie a pris ses responsabilités lors de la guerre, tous les hommes étant partis au combat, c'est la femme qui a assuré la vie dans les camps. Elle a ainsi gagné ses «galons» au combat elle aussi. Elle était sur tous les fronts. Elle a construit les habitations, dirigé les camps, pris en charge l'éducation et assuré l'administration. Devant la complexité des tâches, des instruites sont montées au créneau et ouvert des centres d'alphabétisation pour les et des «écoles» pour les enfants. C'est un peu grâce à ces pionnières que la majeure partie des sahraouies est aujourd'hui alphabétisée et que beaucoup de jeunes sont des universitaires. La vie quotidienne est des plus difficiles dans les camps. A la chaleur suffocante, il y a lieu d'ajouter les autres inconvénients comme la poussière et le fait que l'eau soit chlorée. Avec la régression des rations servies par le HCR, la ahraouie doit se débrouiller pour essayer de faire à manger pour tous. C'est le système des coopératives ou encore un peu l'artisanat et aussi la débrouille. Il faut peut-être préciser que les étudiantes sahraouies reviennent chaque été dans les camps. C'est le cas de ces trois jeunes qui étudient à Cuba mais qui reviennent pratiquement chaque été sous la tente, car n'oubliant pas leurs racines. Senia, cette jeune fille qui étudie dans un lycée en Norvège parle de ce retour et explique: «La séparation d'avec la famille est dure à supporter, et pour être ensemble, on est prêts à aller en enfer ». Elle évoque les dures conditions de la vie à Smara avec l'eau salée et le manque d'électricité, « ...à Smara, il y a des groupes électrogènes et des panneaux solaires mais ils ne fournissent pas assez de courant et les familles peinent réellement en été». Puis la jeune fille parle de la Norvège, «un beau pays mais il n'est pas le mien! Mon pays est actuellement occupé par des soi-disant frères.» La femme est à l'avant-garde de la lutte. Elle est la colonne vertébrale de la lutte armée et aussi le soutien à l'arrière, comme elle a pris à brasle-corps les problèmes au niveau des camps. Administration, intendance, éducation, alphabétisation, économie, etc., étaient de son ressort et sont toujours supportés par elle. Analphabète au départ, la ahraouie a su gravir, à force de volonté, les échelons et prendre les choses en main. D'ailleurs Mme Khadidja Hamdi, la Première dame du Sahara, disait à propos de l'action de la ahraouie: «Derrière le mur, il nous faut ne pas oublier le combat de la ahraouie face à un environnement des plus répressifs. Elles sont des dizaines à remplir les prisons sahraouies et marocaines et la plus connue d'entre elles c'est assurément Aminatou Heider qui souffre le martyre avec beaucoup d'autres soeurs et frères.» Dans des maisons faites de bric et de broc, la ahraouie a su et pu maintenir aussi bien l'esprit de famille que la flamme révolutionnaire, et rien que pour cela, le Polisario et tout le peuple sahraoui savent combien ils doivent à la femme. Visite à Smara Avoir pour toutes réserves une poignée de riz, quelques grammes de lentilles, de la farine et de l'huile et avec cela faire en sorte que la famille soit nourrie, c'est plus qu'un défi. Et devant cette pénurie, qui dure depuis un peu plus de trente années, la ahraouie demeure stoïque et ne baisse pas les bras. Hier, combattante, aujourd'hui infirmière, éducatrice, mère au foyer ou encore secrétaire générale de wilaya, elle est partout. Mme Aiza, la secrétaire générale de la wilaya de Smara, nous a reçu au siège de la wilaya et d'emblée elle dira: «La faim est la dernière arme utilisée par le Maroc officiel contre mon peuple, mais le Sahraoui saura se débrouiller!» Mme Aiza décrit les problèmes de la quotidienneté et n'oublie pas de signaler la pénurie de médicaments: «On saura pallier avec la volonté des .» De loin, Smara apparaît comme une formidable concentration d'habitations. A quelques centaines de mètres avant l'entrée de Smara, c'est le cimetière, puis à l'entrée même de Smara les « abris » réservés aux animaux: chameaux et chèvres. Smara est une wilaya peuplée d'environ 50.000 âmes. Reçus au siège de la wilaya par Mme Aiza, la secrétaire générale de la wilaya, il nous a été donné d'apprendre que le problème numéro un de cette wilaya est sans doute aucun l'eau chlorée. Mme Aiza évoque aussi le manque de médicaments et parle de l'action des ONG: «Elles sont là en principe pour aider le peuple sahraoui mais on dirait qu'elles sont insensibles au malheur des petites gens.» Comme Mme Aiza, elle évoque également le problème du transport des citoyens sahraouis. «Quand un citoyen veut se rendre de Smara ou de n'importe quel coin vers la cité administrative, il lui faut attendre une voiture qui veuille bien le prendre!» De fait, au niveau du barrage de contrôle tenu par la gendarmerie sahraouie, des citoyens attendent afin qu'un véhicule veuille bien les prendre en charge. Les véhicules sahraouis privés immatriculés SH pour les particuliers et GSH pour le gouvernement ne manquent pas de convoyer ces citoyens. C'est avec beaucoup d'émotion que la secrétaire générale de la wilaya de Smara parle des problèmes de son peuple. Lors de notre visite à travers les rues et artères de cette cité, on s'est aperçu de l'extrême pauvreté des gens. D'ailleurs, le même constat est fait aussi bien à Smara qu'ailleurs, dans d'autres wilayas. Les jeunes gens, et notamment les jeunes filles, sont apparemment les plus touchés par cet état. Heureusement, la wilaya essaie de rendre leur quotidien moins dur avec les possibilités locales. Le centre des jeunes aide à cela mais lui aussi souffre du manque quasi total de moyens. Selon M.Zine Mohamed, le directeur, «... des clubs divers proposent aux 550 jeunes filles inscrites, et avec les seuls moyens du centre, quelques loisirs! Mais c'est trop dire que de parler de loisirs!» Heureusement que durant les quelques heures où la wilaya est éclairée, les jeunes ont la télévision. Les gens vivent des aides et actuellement les fruits et légumes ainsi que les viandes manquent cruellement. Quand on sait que l'unité de filtration de l'eau de Smara vieille de 29 ans bataille, on comprend la peur des citoyens qui vivent avec la peur au ventre. Une panne de cette unité, et c'est la grosse catastrophe. Malgré cette «faim» et ce manque, les gens ne sont guère violents. Bien au contraire, la solidarité marche à fond et c'est grâce à certains Sahraouis pensionnés d'Espagne et percevant quelques pensions de retraite ainsi que certains travailleurs exilés généralement en Europe que les familles survivent. A Smara et dans d'autres wilayas, des Sahraouis s'essaient à tenir un marché, mais il semble que ce n'est pas dans les camps que l'on peut faire des affaires. Aussi, mis à part les choses essentielles comme les bacs à eau ou encore les fûts et les petits articles, le marché de Smara ne renferme rien d'autre. Les bouchers existent, certes, mais écoulent difficilement leurs maigres approvisionnements. Les Sahraouis ayant bien du mal à s'assurer l'essentiel. Aujourd'hui, que ce soit à Dakhla, à Smara, à El Ayoune ou encore à Ausserad, les quatre wilayas et au niveau des autres camps, comme celui du 27-Février, les citoyens font état de leurs espoirs avec l'entrée en lice des Américains. Pour les citoyens, «la paix participera au renforcement de la monarchie au Maroc et permettra enfin le retour, au pays, des réfugiés». Tous disent avoir au coeur «le retour au pays» et expliquent d'ailleurs cela par le fait que «même nos camps sont baptisés du nom des villes existant au Sahara». Les citoyens, que ce soit à Smara ou ailleurs, suivent avec attention les derniers développements de la situation et notamment les événements survenus aussi bien au niveau des villes des territoires occupés que dans certaines universités marocaines fréquentées par des jeunes Sahraouis. Des prisonniers d'opinion remplissent, selon les Sahraouis, les prisons marocaines et ces citoyens pensaient que «la libération des prisonniers marocains devait en principe au moins être payée de retour avec la libération des 151 prisonniers de guerre et des 33 détenus d'opinion ainsi que des nouvelles des 516 disparus». Pour tous, la situation actuelle ne peut durer, «il faut que l'on sache à quoi nous en tenir. S'il faut reprendre les armes nous sommes prêts et nous sommes aussi prêts à faire la paix, mais rester dans cette situation de ni guerre ni paix est intolérable.» Dans la hamada de Tindouf, un peuple survit grâce à son génie et à sa volonté. Certes, des ONG ont eu à aider ce peuple mais tous les Sahraouis rencontrés disent que beaucoup de ces ONG semblent vouloir lier ces aides à d'autres considérations, ce que le peuple n'arrive pas à admettre, et comme disait le président Abdelaziz: «Sans la dignité, un peuple n'existe pas.» Fier, altier et digne, le Sahraoui sait être accueillant et donner jusqu'à ce qu'il a d'essentiel mais ne sait pas plier. Ce peuple mérite la victoire et sans doute il l'aura, car l'affaire du Sahara est une cause juste!