L'objectif de ce programme : garantir notamment la sécurité des biens des citoyens et assurer la paix et la quiétude publique. Dans ce sens, des virées nocturnes et inopinées des « darkis » ciblant les endroits « chauds » sont à signaler durant ce mois sacré, lequel est généralement connu par l'augmentation de la consommation de drogue, des agressions, la multiplication des salles de jeux illicites et fréquentés par les mineurs… Une soirée coïncidant avec la mi-Ramadhan, plusieurs gendarmes se sont donné rendez-vous à 21 h au niveau de la Compagnie de Ouled Yaïch pour passer à l'action dans toute la rigueur que suscite leur mission. Après un briefing, ils ont pris la destination, à bord de neuf véhicules 4x4 et torche à la main, d'une cité jouxtant l'AADL de Ouled Yaïch connue pour être un fief de tous les maux. « Notre but est de rafler les lieux suspects et d'identifier les personnes douteuses. Notre présence régulière se veut un moyen pour créer un sentiment de sécurité auprès des citoyens », nous dira le capitaine, Hamed Lotfi, du commandement de Ouled Yaïch. Une fois à l'intérieur de la cité, l'anarchie et la saleté choquent la vue, l'Etat semble carrément démissionnaire. Les locaux du rez-de-chaussée, semi-finis, censés accueillir des commerces, ont malheureusement du mal à trouver acquéreur. Les autorités auraient dû les céder au profit des chômeurs du quartier qui n'ont d'occupation que les « vices ». Et comme on dit, la nature a horreur du vide, ces locaux sont transformés en lieux de débauche et de consommation de drogue. En compagnie des gendarmes, nous avons pénétré quelques locaux, justement « bien aménagés » pour que les jeunes de la cité fuient l'amère réalité en embrassant le monde fort hallucinant de l'extase et du plaisir temporaire. Toutefois, grâce aux portables, les occupants des lieux ont pu s'évaporer dans la nature, puisque avant notre arrivée, ils étaient déjà avisés par des tierces personnes « complices », remarquant de loin la venue des patrouilles. A l'intérieur d'un local, il y avait des matelas, des joints de « kif », des draps… « Il se passe beaucoup de choses graves ici, à commencer par la consommation de, la prostitution et jusqu'aux obscénités les plus… », ajouta notre interlocuteur qui, retenue morale oblige, n'a pas voulu trop foncer dans le détail. Vers minuit, les véhicules de la gendarmerie rodaient déjà autour de la périphérie de la cité Driouèche, un lieu réputé et par ses « ghettos » et par la précarité dans laquelle sombre depuis belle lurette une bonne partie de sa population. Une fois sur les lieux, une baraque de fortune ayant tout d'un abri de délinquants avait attiré l'attention des « darkis ». A l'intérieur, une table, qui servait sans doute de support pour les parties de mise, en vogue durant le Ramadhan, était tapissée de billets d'argent et de petit joints de drogue, dégageant encore leur « senteur ». Ce qui renseigne que les « brigands » venaient tout juste de fuir. « Malgré tout, ils sont quand même identifiés », rassura le capitaine Hamed à la fin de l'opération. Enfin, la prise en charge de la population juvénile, notamment celle qui habite les quartiers populaires, demeure de plus en plus indispensable pour éviter le pire, alors que l'Etat est appelé à pénétrer dans ces quartiers pour que ces derniers ne soient plus synonymes de « ghettos » et de « vices »…