Vous avez en charge la grosse mission d'assurer la sécurité des aéronefs d'Air Algérie. En quoi consiste exactement votre tâche et quel constat faites-vous du département de maintenance et de réparation ? Il faut démarrer déjà d'un contrat moral clair et simple : assurer la sécurité des passagers qui dépend évidemment de la sécurité des avions. Telle est donc notre première mission, bien que celle-ci ait été quelque peu entravée par les départs massifs à la retraite d'il y a deux ans. Nous avons donc perdu certains de nos techniciens, malheureusement les plus expérimentés, et donc nous passons par une petite zone de turbulences où nous sommes appelés à faire un peu de gymnastique avec les effectifs de bord. Mais nous comptons faire bientôt un grand recrutement car, il y a encore des jeunes diplômés dotés de grandes compétences. C'est aussi une manière de projeter la compagnie dans le futur avec cette jeune génération de techniciens de haute qualité. C'est dire que nous faisons un métier très codifié et qu'il est très important de miser sur la formation de qualité. Il faut que vous sachiez aussi que notre infrastructure de réparation et de maintenance a été mise en place en 1997, quoique l'idée remonte bien aux années 1980. C'est-à-dire que cette infrastructure est encore jeune et que peu de pays se sont dotés d'un tel outil de production. La base de maintenance est d'une capacité de 14 avions petits porteurs. Cela, sans prendre en compte les autres ateliers de révision et le banc d'essai des moteurs tous types confondus. Les chantiers se composent de plusieurs ateliers qui englobent les moteurs surtout et d'autres organes d'aéronefs. Quelle est la situation actuelle de la base de maintenance et de réparation ? Nous avons actuellement en chantier un avion d'Air Libya acheminé vers notre base pour une révision générale. Nous avons aussi un Fokker, un ATR et un avion Hercule des forces militaires algériennes. Notez également que nous avons acquis les anciens avions de l'ex-Khalifa Airways après avoir payé les arriérés qui n'étaient pas encore réglés et qui étaient à hauteur de 70% du total du tarif. Après l'acquisition des avions de Khalifa Airways, il a fallu les maintenir et les doter de pièces neuves. S'agissant justement de la pièce détachée, nous pouvons vous dire que 80 à 90% des lots devant couvrir les besoins actuels sont acquis. La plus grande tâche sur laquelle repose notre mission est la maintenance préventive. Il faut souligner à l'occasion que notre mission de maintenance et de réparation coûte le plus gros budget de la compagnie, soit environ 70% du budget global d'Air Algérie. En termes de chiffres, un avion coûte actuellement dans les 55 millions de dollars, dont 16 millions pour les deux moteurs seulement. Cela dit, une simple besogne de rechange de moteurs peut nous coûter dans les 16 millions de dollars. Cela entre dans le cadre de ce qu'on appelle la préconisation de la pièce, c'est-à-dire que nous connaissons la capacité et la durée de vie de chaque pièce et que nous devons la changer sans le moindre retard car, il y va de la sécurité des passagers et des aéronefs. Quant à l'acquisition de la pièce, celle-ci se fait, faut-il le souligner, auprès des constructeurs, à l'instar de Boeing, autrement auprès des fabricants des sous-organes, appelés aussi les sous-traitants. Vous vous êtes lancés dans la sous-traitance avec des compagnies étrangères et d'autres nationales, pouvez-vous nous en parler ? Nous venons à peine de débuter dans la sous-traitance. Les Libyens sont nos premiers clients et nous misons sur un autre potentiel à Oman. Nous avons décidé d'aller négocier le marché avec eux en septembre. Il existe d'autres potentiels chez les Soudanais, bien qu'ils passent une période de turbulences sur le plan politique, mais aussi chez d'autres compagnies, à l'instar de Tassili Airlines. Pour le moment, nous ne trouvons pas encore d'interlocuteurs, car les responsables de cette compagnie sont des intérimaires, mais nous comptons bien réussir le marché avec eux. Notre deuxième client est le ministère de la Défense nationale et nous avons actuellement un avion des forces militaires en chantier dans notre base de maintenance. Nous avons déjà conclu avec le ministère de la Défense nationale un contrat de deux ans et ils sont actuellement en train de préparer un nouveau cahier des charges sur une période de cinq ans. Il y a une sérieuse volonté chez les responsables du département de la Défense nationale d'aller encore plus loin avec notre compagnie. Le simple partenariat en projet avec le ministère de la Défense nationale nous permettra de fonctionner à plein régime. Pour résumer, il est à retenir que notre mission consiste à s'occuper, en premier lieu, de la flotte d'Air Algérie qui nécessite à la fois une maintenance en ligne et une maintenance préventive, mais nous faisons aussi de la sous-traitance avec d'autres clients et compagnies. Y a-t-il des changements en perspective ? En un mot, je peux vous dire que nous avons un très bon outil de production et la plus grande base africaine, reconnue mondialement, mais nous ne savons pas encore vendre l'image. Je peux vous annoncer qu'un plan de communication se prépare au niveau de notre département, destiné au grand public mais surtout aux clients potentiels.