La hausse « inimaginable » des salaires des parlementaires a donné le tournis aux enseignants universitaires, qui y voient une injustice. « Au moment où les enseignants chercheurs s'attendaient à un dénouement heureux du régime indemnitaire, voilà que l'annonce d'une hausse inimaginable des salaires des parlementaires nous laisse perplexes », souligne un communiqué rendu public hier par le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). Les représentants de l'élite universitaire s'offusquent face à ces augmentations « astronomiques » par rapport à leurs salaires et escomptent que « ce fait unique dans les annales des hausses des salaires de la République algérienne ne sonne définitivement le glas sur le moral et le rendement des fonctionnaires si les pouvoirs publics ne révisent pas efficacement les salaires dans un avenir immédiat ». Constatant une situation de deux poids deux mesures, le CNES s'interroge sur le souci de l'alignement des indemnités des parlementaires avec ceux de leurs homologues maghrébins sans prendre acte de la dévalorisation perpétuelle des enseignants chercheurs qui sont de loin mieux payés dans les autres pays du Maghreb. « Les parlementaires ont voulu des salaires de ministres et ils les ont eus sans aucun refus ni fermeté des pouvoirs publics, comme ceux réservés aux enseignants universitaires qui ne cessent de lutter depuis des lustres mais n'ont récolté que des restes », assène le communiqué du CNES, qui interpelle une fois de plus ces mêmes pouvoirs publics « pour une régularisation conséquente dépassant ‘'nos espérances'' comme ils se sont engagés à honorer dans le cadre du statut particulier ». Tout en appelant les enseignants à se mobiliser plus que jamais et à être solidaires autour de leur syndicat, le CNES dit redouter que cette politique des deux poids deux mesures ne soit « annonciatrice d'une nouvelle hémorragie dans le corps des enseignants chercheurs poussés à chercher des cieux plus cléments fondés sur la reconnaissance de l'élite et du savoir ». Le budget colossal destiné au programme quinquennal pour le développement de la recherche scientifique, d'une valeur de 1,2 milliard de dollars, ne peut, selon le CNES, atteindre les objectifs escomptés tant que « les rémunérations des principaux acteurs restent en deçà des aspirations ». Les enseignants universitaires réclament la concrétisation par des faits tangibles du discours du président de la République sur la valorisation du corps intellectuel. « Il ne s'agit pas d'investissement en moyens matériels mais bel et bien en ressources humaines », note le communiqué du CNES.