Le premier responsable de la sécurité de la province de Cagliari, que les harraga ont découvert il y a 4 ans, en appelle à la vigilance des garde-côtes du littoral est algérien pour empêcher les jeunes candidats à l'immigration clandestine d'entreprendre la traversée. Aux sans-papiers volontaires, le commis de l'Etat italien conseille de renoncer à cette « folle, périlleuse et inutile tentative », assurant que les forces de l'ordre de son île « restent vigilantes et ne se feront pas distraire pour bloquer et expulser celui qui s'introduira illégalement en Italie ». L'arrivée des immigrés algériens en Sardaigne n'est pas comparable à celle des autres Africains qui débarquent en Sicile et en Calabre. Est-ce vraiment un problème d'ordre public pour votre région ? La Sardaigne est un territoire où règne la quiétude. Nous n'avons pas d'organisation criminelle qui active chez nous et la criminalité ordinaire, elle-même, est très contenue. La population n'est pas habituée à voir des groupes d'étrangers débarquer sans autorisation sur son territoire. Soulignons que l'immigration clandestine provenant d'Algérie a connu un pic durant les mois de juillet et août et cela constitue un grand problème pour les habitants. Pour nous, cet impact négatif sur les résidents représente, à son tour, une problématique importante à résoudre. Il faut dire que ces barques qui ramènent des milliers de jeunes sur l'île bouleversent la tranquillité et la stabilité de ce territoire qui n'est pas habitué à se confronter à l'immigration clandestine. Pourtant, vous avez affirmé lors d'un débat sur l'immigration que ces flux n'ont pas engendré de hausse du taux de criminalité observée dans la région... Il faut dire que certains de ces clandestins ont commis de petits larcins. Des habitants les ont surpris dans leur cour intérieure ou leur jardin. Je suppose qu'ils cherchaient quelque chose à manger, mais ils ont provoqué de vives protestations. On a réussi à les dissimuler à la vue des résidents, grâce au centre. Il faut que ces jeunes sachent qu'ils n'ont pas les moyens de rester ici. Les mesures visant à les intercepter ont été renforcées, la marine les intercepte dès qu'ils entrent dans les eaux territoriales. Nous avons institué des patrouilles à plein temps. Très peu d'entre eux parviennent à s'introduire dans l'île sans être repérés. Cette année, seule une vingtaine sur les 1800 débarqués a été bloquée après et non pas avant le débarquement. Le territoire est petit, les nouveaux venus ne peuvent s'en évader facilement. De plus, ils risquent leur vie parce que les barques qu'ils utilisent ne sont pas du tout adéquates à ce genre de traversée ; il suffit de peu pour qu'elles se retournent. Nous n'avons pas les chiffres, mais je suppose que plusieurs de ces immigrés ont fini au fond de la mer. Un véritable drame. Ils se lancent sans réfléchir dans cette aventure qui reste une entreprise folle, qui n'a aucune chance d'aboutir. Je conseille à ces jeunes de renoncer à cette tentative absurde, sans aucune perspective. La population cagliaritaine ne semble pas si alarmée. Les résidents avec lesquels nous avons parlé affirment ne percevoir aucun danger lié à cette présence algérienne... Nous parvenons, jusqu'à présent, à contrôler ce phénomène et à éviter son impact négatif sur la population et ses conséquences néfastes sur le territoire. Depuis l'ouverture du centre d'Elmas, la population ne perçoit effectivement pas la présence de ces clandestins. L'année dernière, en revanche, avec l'arrivée massive, nos administrés se plaignaient d'une présence agressive de ces étrangers. Ces débarquements sont constitués exclusivement d'algériens et de quelques tunisiens. Arrivant sans papiers, ils nous obligent à mettre au point des procédures pour leur identification, dont des techniques pour relever leurs empreintes digitales. Pourtant, cette traversée est sans espérance pour eux. Ce n'est qu'une succession d'étapes éprouvantes. Dès qu'ils débarquent sur l'île, ils sont conduits au centre de premier accueil. Avant, on les plaçait sous surveillance dans des hôtels, ce n'est plus le cas. On a durci la lutte contre ces incursions. Les médias sardes ont relayé récemment l'alarme des forces de l'ordre sur un éventuel risque de contagion par la tuberculose dont un algérien du centre est affecté. Qu'en est-il ? Cette inquiétude a été exprimée par le syndicat de la police, qui représente les agents qui se trouvent en contact étroit avec les immigrés, suite à la confirmation d'un cas positif de tuberculose. Mais les médecins ont établi qu'il s'agissait d'un sujet porteur d'une infection tuberculeuse antérieure, donc faiblement contagieuse. Cet épisode prouve que notre système sanitaire dont bénéficient les résidents du centre est efficace. Cet encadrement médical fonctionne bien. Le bacille de la tuberculose a été détecté, même après la guérison du sujet. Allez-vous durcir la lutte contre l'immigration clandestine, après la dernière révolte des immigrés algériens, menée au centre d'Elmas ? Ces actes de violence gratuits et la destruction dont ils sont à l'origine représentent une manifestation de dépit tout à fait injustifiée qui appelle une réaction conséquente. Ces jeunes n'ont aucune raison de se plaindre. Les membres des forces de l'ordre assurent la surveillance du centre de manière sereine ; ils sont 8 agents par équipe, qui se relaient toutes les 5 heures. Les militaires patrouillent à l'extérieur, ils sont une quinzaine. Pour maîtriser l'émeute, on a dû dépêcher des renforts supplémentaires. Notre police a un visage humain, elle se comporte plus que correctement. L'objectif des « mutins » était d'obtenir qu'on les transfère vers des structures permanentes où ils seront destinataires du « foglio di via », le laisser-passer en vertu duquel ils doivent quitter le territoire italien dans les cinq jours. Mais ils ne sont pas libres d'aller où ils veulent. Le centre d Elmas est une administration civile, c'est un consortium dont Connecting People a obtenu le marché de sa gestion. Le service assuré est supérieur à la moyenne de ce qu'offrent les autres centres. Un comportement plus correct de la part de ces jeunes serait plus bénéfique pour eux. Si l'Algérie ne veut pas que son image soit ternie, ses autorités doivent contrôler cette parcelle limitée des côtes d'où ils partent. Instituer une vigilance qui ne se fait pas distraire et qui doit fonctionner. Les garde-côtes algériens en bloquent certains. De plus, la législation algérienne considère désormais l'immigration clandestine comme un délit... Cela nous fait plaisir de l'apprendre. Nous prenons acte de ces mesures que les autorités algériennes ont prises. ces jeunes continuent à arriver ici, par contre et ils partent tous de la même plage, longue d'une trentaine de kilomètres. Comment est-il possible que la marine ne puisse pas surveiller ce petit bout de littoral en y patrouillant tout simplement ? Vers la fin du mois d'août, une vingtaine de barques sont arrivées en une seule nuit. Pas une embarcation ou deux. Vingt ! Comment les passagers ont-ils pu échapper à la vigilance des garde-côtes algériens ? Ils se font passer pour des pêcheurs ou profitent de la nuit pour mettre leur barque à l'eau... Quelque chose ne marche pas dans la surveillance opérée. Nous nous félicitons des nouvelles mesures, mais nous souhaitons néanmoins que les autorités algériennes réussissent à empêcher de manière absolue qu'une seule embarcation parte des côtes est du pays. De plus, je voudrais dire à ces aventuriers qu'ils se trompent s'ils croient qu'à Cagliari, on pourrait être distraits. Non ! Ils seront tout de suite interceptés. C'est une entreprise jalonnée de risques réels. Ils doivent survivre à la périlleuse traversée et s'ils surmontent cela, ils se trouvent pris au piège d'un engrenage épuisant et dans l'impossibilité de s'établir en Italie. La Sardaigne n'a pas besoin de travailleurs immigrés. Vous pourriez exiger du gouvernement de hausser les quotas. C'est leur limitation drastique qui nourrit paradoxalement l'immigration clandestine dans un processus de vases clos... Ici, on n'a pas besoin de main-d'œuvre étrangère. Nos propres jeunes souffrent d'un grand problème de chômage et doivent immigrer au Nord. Notre économie est pauvre et ne repose que sur l'agriculture, l'élevage, le tourisme ou certaines industries légères. Pour les boulots d'aide domestique et d'assistance aux personnes âgées, nous avons des Philippins, des roumains... Les pays qui sont entrés dans l'UE exportent des citoyens qui peuvent circuler librement et satisfont nos exigences. Quant au travail au noir ou saisonnier, c'est un véritable esclavage moderne. Les travailleurs sont isolés dans les campagnes, exploités... Les algériens peuvent venir en Italie dans le cadre des quotas institués. C'est une voie légale. Nous respectons les droits légitimes des autres et c'est pour cela que nous exigeons un respect réciproque. Nous sommes contre une immigration clandestine agressive, violente. L'immigration légale, elle, nous faisons des efforts pour l'intégrer dans notre société. Le gazoduc algérien Galsi, qui passera par votre île, aidera à créer des emplois et vous apportera finalement le gaz naturel dont votre territoire est encore privé... Oui, bien sûr. C'est un projet positif qui va contribuer un peu à notre économie. Nous encourageons ce genre de partenariat. A présent, quand vous entendez parler de l'Algérie, à quoi pensez-vous ? (Sourire). Je ne peux pas confondre 200 immigrés clandestins avec toute une population. Nous sommes tous Méditerranéens, nous partageons un même bassin, une civilisation ancestrale et un destin commun.