4000 travailleurs de la Société des travaux maritimes de l'Ouest (Sotramo) à travers la région ouest - Oran, Béthioua, Maghnia, Aïn Témouchent, Mostaganem, Ténès et Chlef - ont entamé, depuis hier, une grève illimitée pour protester contre le gel des avoirs de leur entreprise et le paiement de 17 milliards de centimes à un homme d'affaires qui, selon des syndicalistes rencontrés sur place, « met en péril le devenir de la société et des 4000 travailleurs ». A l'origine, nous confiera un syndicaliste, « il s'agit d'un contrat de vente de matériel à l'état de ferraille conclu entre Abdelmoula, un homme d'affaires, et ses deux associés et la société yougoslave Hydroélectra. Ce contrat stipule la vente au poids et le versement par Abdelmoula d'une avance de 6 700 000 DA ». On apprendra, par ailleurs, que le point de départ de cette affaire est l'ordonnance de saisie provisoire de matériel rendue par le tribunal d'Arzew en date du 15 avril 1991. Puis, ajoutera notre interlocuteur, « le 21 avril de la même année, ils engagent une première action commerciale devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger contre Hydroélectra et contre une autre société yougoslave dénommée Ingra pour demander la validation des saisies provisoires et le paiement de 15 millions de dinars. Le tribunal de Sidi M'hamed, en date du 2 février 1993, annule toutes les saisies opérées et l'annulation du contrat du 17 octobre 1990, objet du litige. Ensuite, d'autres actions en justice ont été engagées à Relizane, près la cour de Mostaganem et à Oran, en sus de ce jugement. » Dans un compte rendu du collectif des travailleurs de la Sotramo, il est stipulé clairement que « s'apercevant que le matériel, roulant et non à l'état de ferraille, a été acheté par la Sotramo, après autorisation de la Douane, une plainte pour détournement d'objets saisis a été déposée contre l'ancien directeur de la Sotramo qui n'était plus en poste, et le paiement de 150 millions de dinars ». Pour rappel, le plaignant a eu gain de cause puisque le tribunal pénal a condamné l'ancien directeur à 6 mois de prison avec sursis et le paiement d'environ 17 milliards de centimes. En date du 9 décembre 1996, la cour d'Oran rend un arrêt délictuel suite à l'appel introduit par l'ex-directeur de la Sotramo et, selon nos interlocuteurs, c'est seulement à ce moment-là que la Sotramo a été citée en qualité de « garante ». Le collectif des travailleurs « conteste les arrêts rendus par les différentes instances judiciaires en l'absence d'un représentant de la Sotramo dûment mandaté car l'ancien directeur a cessé de l'être depuis le 13 décembre 1993 ». En tout état de cause, l'on saura que la Sotramo a porté plainte, à maintes reprises, pour « escroquerie au jugement et atteinte à bien d'autrui », une plainte pour laquelle la cour d'Oran, en date du 26 juin 2004, s'est déclarée incompétente, a introduit des recours et saisi toutes les instances concernées pour les sensibiliser que « la demande du plaignant n'est pas fondée », sans suite. Seulement, ce dernier, le plaignant, « fort de l'arrêt ayant condamné l'ancien directeur, multiplie les tentatives d'exécution et parvient à bloquer les comptes de l'entreprise ». « Cette situation, de l'avis de nombreux responsables, conduit à l'asphyxie pure et simple d'une entreprise nationale leader en son domaine et compétitive. » Cela dit, le collectif des travailleurs se dit fermement décidé à persévérer dans sa démarche de grève illimitée pour assurer, au-delà des intérêts de la société, leur propre survie. Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec la partie plaignante ont été vaines.