En cette ultime décade du mois de jeûne, les familles mileviennes préparent activement les fêtes de l'Aïd El Fitr et son corollaire, l'éprouvante équation de l'habillement des enfants. A vrai dire, la énième hémorragie des bourses qu'implique le casse-tête de l'achat des effets vestimentaires des gosses a déjà commencé. Les chefs de familles ne savent plus où donner de la tête avec les successives et outrancières dépenses qu'auront générés les vacances d'été, Ramadhan et la rentrée scolaire. Une chose est sûre : une majorité extrême de familles vit au-dessus de ses moyens. Loin d'en démordre et, traditions oblige, les femmes au foyer, en passant par les dames et les jeunes filles fonctionnaires, s'activent ces jours-ci à préparer minutieusement les différentes recettes de gâteaux qui agrémenteront la « royale » table de l'Aïd El Fitr. Le rendez-vous revêt un caractère sacré, car de nombreux foyers commencent d'ores et déjà à se mettre sur leur trente-et-un. Très peu de pères de familles sont regardants sur les dépenses excessives qu'occasionne pareil évènement. Résigné à son triste sort, le commun des citoyens lambda n'hésite point à alourdir son carnet de crédit auprès de l'épicier du coin. Les magasins d'alimentation générale connaissent, à présent, un véritable rush sur la semoule, les sacs de farine, le beurre, les plaquettes d'œufs, l'huile de table, le s'men, etc. Toufik M., technicien supérieur de la santé publique, marié à un médecin généraliste, crie sur tous les toits qu' « avec deux salaires, il arrive tout juste à subvenir aux énormes besoins de sa famille qui compte deux enfants scolarisés ». Pour El Hadj Azzouz, commerçant de métier, « c'est la croix et la bannière que de concilier entre les élans dépensiers du mois de carême, les frais des articles d'habillement des enfants et, enfin, les lourdes charges relatives aux ingrédients entrant dans la confection de la confiserie ». Nonobstant la cherté des produits indispensables pour la composition des gâteaux, pour ne citer que les cacahuètes (180 à 200 DA), les amandes (700 DA), la margarine (200 DA/kg), de nombreuses mères de familles ne s'en formalisent pas trop préférant, quitte à grever davantage le budget familial, concocter une « redondance » de biscuits et gâteaux aussi succulents les uns que les autres dans le but évident de faire bombance et avoir fière allure devant les visiteurs et les parents le jour de l'Aïd El Fitr.