C'est aussi la rentrée pour des personnes non lettrées à Béjaia. Selon, l'annexe de l'office national d'alphabétisation de la wilaya, ils seront cette année 20 658 à pouvoir, pour la première fois de leur vie, occuper un pupitre d'écolier. L'année passée, les trois niveaux de scolarisation totalisaient 5 618 élèves dont l'âge varie de 15 à 70 ans. Cette évolution des effectifs, si elle venait à se concrétiser permettrait d'engranger 225 nouveaux postes budgétaires. Ce qui fera passer l'encadrement à 387 enseignants contractuels (rien que pour le niveau 1) en plus des 88 postes antérieurement affectés aux niveaux 2 et 3. Toutefois, l'effort d'alphabétisation reste encore balbutiant. Environ 10 % seulement de la masse analphabète que compte la région de la Soummam profitera du programme de l'office. La dernière estimation qui remonte à 1999 dévoile déjà que 226 706 personnes n'ont jamais mis les pieds dans une école, ce qui représente le taux effarant de 32 % de la population globale. Ce qui poussera Mme. Remini, directrice de l'office, à solliciter les chefs de daïra, les P/APC et les associations à une adhésion plus effective au programme mis en place. Pour l'instant nous apprend-elle, 15 daïras sur 19 participent activement à la sensibilisation et à l'inscription de nouveaux apprenants. La tâche n'est pas du tout facile. Des réticences sont observées. Elles sont dues en grande partie à un état d'esprit qui prévaut chez ce type de personnes. Il leur reste malaisé « de partager publiquement » leur illettrisme. D'où le travail d'approche, de mise en confiance et de crédibilisation entrepris par les associations. Du reste, c'est en ce point de vue que préférence est donnée pour une domiciliation des cours, dans les locaux des associations, lorsque les moyens matériels existent, bien évidemment. En cas où ceux-ci venaient à manquer, une autorisation est alors accordée par la direction de l'éducation pour l'utilisation d'établissements du primaire. Pour l'année 2007-2008, si 27 % des inscrits provenaient du chef lieu de wilaya, paradoxalement la tendance portant à l'adhésion au programme d'alphabétisation est nettement plus sensible dans le milieu rural. A titre d'exemple, la commune de Feraoun, située sur les hauteurs enclavées de la vallée de la Soummam, enregistrait à elle seule 1000 élèves sur les 5618 que comptait alors toute la wilaya. Si d'autre part on décompte ce chiffre par sexes, il ressort que les hommes sont moins captivés. Ils étaient l'année passée exactement 1320. Et cet effectif à majorité féminin est à 35 % composé de femmes au foyer dont l'âge va de 20 à 35 ans. Le reste est nettement plus âgé. Pour exemple, la « lauréate » classée troisième à l'échelle de toute la wilaya, nna Tassaâdit, avait 63 ans. Pour les gens qui « ont fait le pas » pour sortir de l'ignorance, « il s'agit d'un défi pour rattraper le temps ». 90 % d'entre eux arrivent aux cours ne sachant ni lire ni écrire. Ils peuvent prétendre, une fois le troisième niveau achevé avec succès, s'inscrire en première année moyenne et dans les centres de formation, pour les plus jeunes, ou au CNEG pour le reste. Pour ainsi dire, il s'agit « d'un sérieux et conséquent » programme d'apprentissage élaboré par l'office national d'alphabétisation, et visé par le ministère de l'éducation national. Si l'objectif principal est d'apprendre à lire, à écrire et à compter, il ne demeure pas moins que les contenus pédagogiques auxiliairement portent sur l'éducation civique et religieuse et la culture générale. L'ambition, conclura Mme Remini, « est de créer le lien avec la société active ».