Avec une moyenne d'une dizaine d'interventions chirurgicales de première urgence/jour, pour sauver des vies humaines sur le fil du rasoir, 8600 accouchements et 3261 interventions chirurgicales/an, le service gynécologie et obstétrique du centre hospitalo-universitaire de Annaba se classe sur la liste des centres de soins les plus sollicités d'Algérie. Des vies humaines sauvées grâce à la célérité dans la prise en charge des femmes sujettes à de graves problèmes gynécologiques, le service du Dr Djabri en a comptabilisé des dizaines tout au long de cette année, qui s'achève. Célérité, mais aussi compétence de toute l'équipe médicale et paramédicale, ce qui leur a permis de sauver Salima, mère de 2 enfants, âgée d'une quarantaine d'années. Elle avait été évacuée à minuit en urgence de son domicile à Bouchegouf (w. Guelma) vers le centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd (CHU) de Annaba. Elle était enceinte et son accouchement devait intervenir dans les 2 ou 3 semaines qui suivaient, avant qu'elle ne soit victime d'une hémorragie rétroplacentaire (hémorragie utérine). Sujette à des douleurs abdominales, elle n'avait pas cessé de crier jusqu'à en perdre le souffle. Son époux avait cru qu'il s'agissait de contractions prénatales jusqu'à ce qu'une voisine lui conseille vivement son évacuation. D'autant que les cris de Salima se transformèrent en un presque râle à peine audible. Dès son arrivée au service de gynécologie et obstétrique du CHU, elle fut rapidement prise en charge par une équipe de praticiens conduite par le Dr Baâli. Diagnostiquant une hémorragie utérine, apparemment générée par les coups donnés à la matrice de sa mère par le bébé impatient de voir le jour, les médecins décidèrent de « l'ouvrir » rapidement. L'intervention chirurgicale, dont l'issue était incertaine pour juguler l'hémorragie, était incontournable, d'autant que le sang avait envahi toute la cage thoracique de la patiente. La collecte du sang se fera auprès des praticiens et paramédicaux présents dans le bloc. Après une lutte contre la mort omniprésente de plus de 8 heures, durée de l'intervention, les efforts des praticiens furent récompensés. Salima était sauvée. Quarante-huit heures après, elle rentrait chez elle saine et sauve au grand bonheur de sa famille. Mais voilà que, quelques semaines plus tard, en rejoignant son cabinet à la polyclinique du centre-ville de Annaba où il suit ses malades en convalescence, le docteur Baâli vit Salima s'asseoir devant lui. Il l'avait reconnue. A son « alors comment allez- vous madame ? » et au lieu d'un sourire de remerciement qu'il attendait pour l'avoir sauvée d'une mort certaine, le praticien reçut tout un chapelet de reproches et d'invectives. Salima lui reprochait le fait de l'avoir rendue stérile en procédant à la ligature des trompes. Ni les arguments avancés pour lui faire comprendre que c'était cela ou la mort au moment de l'intervention chirurgicale, ni les conséquences qui pourraient résulter d'une autre grossesse ne réduiront un tant soit peu l'agressivité de son interlocutrice. « Je vais vous poursuivre en justice. Vous n'aviez pas le droit de le faire », furent les autres propos que le praticien entendit de celle pour laquelle, avec son équipe, il avait lutté pour la sauver d'une mort certaine. « Dans notre profession, nous ne nous attendons pas à être remerciés. Nous ne faisons qu'accomplir notre mission. Je dois reconnaître que les reproches de cette patiente, pratiquement morte à son arrivée au service, sont immérités. Elle n'est pas la première et ne sera certainement pas la dernière. Je comprends sa réaction de jeune femme mais la ligature des trompes s'imposait », a indiqué le Dr Baâli.