Cette rencontre a suscité à coup sûr de la nostalgie. Après avoir souhaité la bienvenue à l'assistance, composée essentiellement de personnages du troisième âge, le président de l'OLT de Cherchell, Korchi Mohamed, a rappelé l'objectif de son association : « Nous avons, dira-t-il, intégré un nouveau circuit touristique spirituel pour notre ville car nous avons la chance d'avoir des mausolées, des saints, tels que Sidi Braham El Ghobrini, Sidi Abderrahmane, Sidi Abdelaziz, Sidi Younès, Sidi Yahia, Sidi Boulahrouz, Sidi Chérif, Sidi Ali El Ferki et d'autres sites et monuments relatifs à la civilisation musulmane qui s'ajoutent aux autres sites archéologiques d'anciennes civilisations et aux deux musées. » Et d'ajouter : « Ce soir, nous avons voulu rappeler que la musique andalouse fait également partie du patrimoine culturel de notre ville. C'est dans ce cadre que nous avons tenu à célébrer cette année la Journée mondiale du tourisme sous le signe de la réhabilitation de notre précieux patrimoine. » La soirée musicale entamée à 21h45 s'est achevée à minuit. Le cheikh M'hamed El Annabi avec sa mandoline, transcendant, était accompagné de ses anciens élèves, le violoniste Kamel Sebbagh, le virtuose Hafidh Amokrane au banjo, Mustapha Houadji Si Moussa au tar et Mézéghrani Mohamed Seghir à la derbouka. La troupe musicale exécutait les airs musicaux de manière extraordinaire. Le cheikh communiquait avec ses complices à travers ses regards pour maintenir le tempo. Encouragé par l'ambiance et une assistance attentive, il avait invité l'assistance à embarquer « dans son tapis volant » vers un univers lointain. Tel un magicien, il a réussi à transformer l'assistance en une chorale. Dans la petite salle se trouvaient les retraités des différents secteurs d'activité, des Cherchellois vivant en France, y compris des jeunes sans emploi et quelques universitaires. Le tour de chant pour marquer cette mémorable nuit inscrite exceptionnellement dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du tourisme s'articulait autour d'une nouba raml maya, une nouba sika et des haouziyate. Le cheikh, son orchestre aux commandes de son « vaisseau », a effectué un « atterrissage en douceur » en produisant une nouba maya. Boualem, Mouloud, Sid Ali servaient du thé et des sucreries à une assistance qui est demeurée collée aux chaises pendant la durée du spectacle. Farid veillait à ce que tout le monde soit mis à l'aise. Couleurs, voyages et histoires relatés dans les chants du cheikh n'ont pas laissé les spectateurs indifférents. « Pourquoi organise-t-on une seule soirée de ce genre durant le mois de Ramadhan, nous confie un retraité de l'éducation nationale, cette ambiance nous rappelle les souvenirs d'antan », conclut-il. Ahmed Chenouf qui vit en France déclare à son tour qu'il n'a jamais assisté à cette ambiance depuis 1971. Que de nostalgies et de souvenirs. Paul Faizan juge que ces merveilleux moments passés au siège de l'OLT sont magnifiques et « nous trempent dans une ambiance purement algérienne, marquée par la convivialité et la richesse culturelle algérienne », indique-t-il. La célébration de la Journée mondiale du tourisme a coïncidé avec le mois de Ramadhan. L'OLT a voulu mettre en valeur la richesse du patrimoine culturel musical et spirituel dans le développement de l'activité touristique locale. Sans bruit, avec un petit geste, il a réussi à porter le message vers d'autres horizons.