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Vies en danger!
AUTOMEDICATION
Publié dans L'Expression le 23 - 05 - 2010

L'Etat doit prendre les mesures de sécurité sanitaires en matière de médicaments et de produits à visée humaine.
Le phénomène de l'automédication touche, de nos jours, une grande partie de notre société. Qu'ils soient hommes ou femmes, intellectuels ou illettrés, jeunes ou âgés, nombreux sont ceux et celles qui courent vers les pharmacies, dès qu'un bobo apparaît, pour se procurer le médicament miracle.
Migraine, rage dentaire, urticaire, insomnie, vomissements ou crise du colon, ils préfèrent se passer de l'avis, ô combien important, d'un spécialiste de la santé. Toutefois, cela peut avoir parfois des retombées insoupçonnées allant, dans certains cas, jusqu'à provoquer la mort. Et dire que de pareils cas d'inconscience sont profus.
Maïssa est étudiante en sixième année universitaire. Rencontrée dans une pharmacie au centre-ville d'Alger, elle était en train d'acheter une boîte de Paralgan. «Je suis fréquemment sujette à d'atroces maux de tête», avance-t-elle en guise d'explication. A la question de savoir si elle consulte un spécialiste pour cela, elle répond qu'il y a des cas où on peut se passer d'une visite médicale. «Certes, mes migraines et mes maux de tête me font souffrir, mais franchement, ce n'est pas pour autant que je vais voir un toubib», indique-t-elle avec nonchalance. Poussant un peu plus la discussion, elle avoue qu'elle souffre de ces migraines depuis bientôt quatre ans. «Je sais que cela est dû aux nombreuses nuits blanches que je passe à cause de mes révisions. Je prends deux comprimés de Paracétamol, et si le mal persiste, j'en prends plusieurs autres et le tour est joué», estime cette intellectuelle qui prétend être son propre médecin. Cependant, ces fréquentes crises migraineuses ne peuvent-elles pas être le symptôme d'une méningite, d'une dépression, d'une déshydratation ou même d'une tumeur cérébrale?
On ne plaisante pas avec la vie
Ignorance ou négligence, toujours est-il que cette jeune femme, censée avoir un niveau d'instruction assez élevé pour lui permettre de peser le pour et le contre de ses actions, expose sa santé à d'éventuelles complications. Le hic est qu'elle poursuit des études de...médecine!!!
Son cas n'est malheureusement pas isolé. En effet, selon plusieurs gérants d'officine, l'éducation sanitaire et le bon usage des médicaments par la prescription médicale laissent à désirer. Hanène est lycéenne dans un établissement à Blida. Nous l'avons, elle aussi, rencontrée dans une pharmacie. Ecoutons-la: «Mes menstrues sont très douloureuses. Je passe des journées entières à souffrir. Il m'arrive de prendre des tisanes mais, sincèrement, ce n'est pas aussi efficace qu'une injection de Spasfon ou un comprimé de Voltarène.»
Et pourtant, de l'avis des médecins, ces médicaments peuvent s'avérer des toxico-gastriques dangereux en cas de mauvais usage. Et puis, des règles trop douloureuses ou irrégulières ne constituent-elles pas un motif suffisant pour une consultation en gynécologie? Ces dysménorrhées ne peuvent-elles pas être causées par une endométriose, cette maladie qui, si elle n'est pas traitée, peut provoquer la stérilité? Il se pourrait aussi qu'elles soient le résultat d'un ou de plusieurs kystes de l'ovaire, ou alors d'un utérus malformé... Pour le savoir, il n'y a que la consultation médicale.Les médecins, eux, sont unanimes. Certains médicaments pris sans avis médical ne sont pas bénins. Souvent, il y a des contre-indications. De plus en plus de médicaments passent sur le comptoir et l'achat n'est pas aussi rigoureusement filtré par les pharmaciens. Pis encore, ceux qui prennent des médicaments sans avis médical lors de pathologies banales risquent, dans certains cas, des overdoses médicamenteuses et des perturbations allant de la simple éruption cutanée, jusqu'aux multiples dysfonctionnements qui peuvent affecter des organes vitaux comme le coeur, les reins, le foie, les yeux...«Les gens ne connaissent pas la composition des médicaments. Et les vendeurs en pharmacie ne sont pas, non plus, qualifiés pour préconiser ou substituer un médicament», a averti l'un d'eux.
Par ailleurs, les enfants sont souvent les plus exposés aux conséquences fâcheuses de l'automédication. Cela est dû au fait qu'ils soient moins résistants que les adultes. Souvent, les maux dont ils souf-frent, et qui poussent les parents, affolés, à l'achat de médicaments sur le simple avis d'un pharmacien sont: rougeurs, irritations, démangeaisons, toux, diarrhée, fièvre, nez bouché et yeux larmoyants. Ce sont des maux courants qui nécessitent, pourtant, l'avis des professionnels de la santé. Mme Malika Ouzeri, pharmacienne, n'oublie pas la déontologie et la conscience professionnelle. Elle affirme: «Je ne joue pas avec les vies humaines. Chaque fois, je recommande à mes vendeurs de ne jamais vendre de médicaments sans ordonnance, sauf, bien sûr, les médicaments de famille. Et j'insiste pour que ces derniers, même s'ils ne guérissent pas, ne puissent pas nuire.»
Consciencieuse, elle prescrit, par exemple, une pommade à base d'huile de foie de morue pour un bébé souffrant d'irritation, au lieu du Mycocide qui est, en fait, assez efficace, mais qui, paradoxalement, contient un corticoïde très fort pour un enfant en bas âge. «Aussi, si un malade demande à avoir un médicament pour la toux, je m'assure d'abord qu'il n'a pas de fièvre. Dans le cas contraire, je lui conseille d'aller voir un médecin, car cela veut dire qu'il est victime d'un germe pathogène», a-t-elle affirmé, ajoutant que dans ce cas, seul le médecin est apte à détecter et à prescrire l'antidote approprié pour le combattre. Aussi, elle a conseillé que, pour éviter une automédication inadaptée, «rien ne remplace la relation de confiance entre malade et médecin».
Rencontré dans une officine à Alger, Amar, la soixantaine, est venu acheter un sirop pour son petit-fils, sans ordonnance. En l'interrogeant, il a affirmé avec reconnaissance: «Cette pharmacienne est en quelque sorte notre conseillère. On lui fait confiance. Avant de nous donner un quelconque médicament, elle pose de nombreuses questions concernant les symptômes qui accompagnent le mal en question. Et si elle voit que l'avis d'un médecin est nécessaire, elle ne se gêne pas pour nous le dire franchement.»
Et d'ajouter: «Les gens préfèrent acheter eux-mêmes un médicament, quand ils estiment qu'ils savent de quoi ils souffrent. C'est devenu une culture chez nous.» Mais le problème n'est pas une question de confiance ni d'habitudes ancrées. Il s'agit plutôt de dangers survenus suite à des gestes inconscients. Désirant en savoir plus sur la question de l'automédication, nous nous sommes adressés à Karima, gérante de l'officine en qui Amar semble avoir confiance. «Je ne suis pas une pharmacienne de formation, je suis juste la gérante. Mais, de par mon expérience, je sais qu'il ne faut jamais prendre de risques», a-t-elle avoué.
Quand l'argent vient à manquer...
Selon Khalil, pharmacien, les seuls médicaments qu'il est permis de vendre sans ordonnance, sont les médicaments qu'on appelle médicaments de famille tels que la Vitamine C, certaines pommades, le Paralgan, l'Aspégic,... «Même dans ces cas, je pose des questions précises au client», a-t-il souligné.
Quant aux ventes des médicaments sous contrôle, il a expliqué que les seuls médicaments qui se vendent sous surveillance sont les neuroleptiques, les psychotropes et les antidépresseurs. Pour ces cas, chaque pharmacie a, à sa disposition, ce qu'on appelle un ordonnancier. C'est un registre coté et paraphé par la Police nationale.
Le pharmacien doit obligatoirement, et sous peine de sanctions et de poursuites judiciaires, noter dans cet ordonnancier la date de la vente de ces médicaments, le nom de l'auteur des prescriptions, le numéro d'ordre de l'ordonnance, la forme du médicament (gouttes ou comprimés), et enfin, le nom du médicament. C'est rassurant, en quelque sorte. Mais pas lorsqu'on sait qu'il existe certains pharmaciens sans scrupules qui, avides de gain facile, n'hésitent pas une seconde à vendre de pareils médicaments, parfois à des délinquants, et souvent à des dealers. Les exemples sont légion, comme il est couramment rapporté par la presse nationale. D'autre part, il est judicieux de soulever un autre problème. Ainsi, les gens ne consultent pas les médecins, soit par négligence, soit par inconscience ou ignorance, ou tout simplement faute d'argent. C'est parfois même la première cause qui pousse les gens, surtout ceux dont les revenus sont limités, à l'automédication.
En effet, comment un père de six enfants, avec un salaire de quinze mille dinars, analphabète de surcroît, peut-il se permettre des consultations chez un médecin du secteur privé à raison de 800DA?! Sans oublier la facture des analyses médicales et les différentes radiographies telles que scanner, IRM, ECG, échographie, etc. Pour ce qui est du secteur public, le malade est très vite découragé.
Et comment! Pour avoir un rendez-vous, il est contraint d'attendre des mois durant. Devant cet état de fait, les gens ont acquis la dangereuse habitude de se passer du médecin pour l'acquisition d'un médicament, mettant leur vie en péril.
Enfin, face à un tel désastre, il appartient aux autorités concernées de prendre les mesures qui s'imposent pour, d'abord, sensibiliser les citoyens et les pharmaciens, ensuite préserver la santé de tout un chacun.


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