« Le diabète est cette maladie chronique qui marque une hausse importante au cours de ces deux dernières années. Le plus inquiétant, c'est que cette évolution affecte de plus en plus l'enfant », affirme le Pr. Boudraa, spécialiste à la clinique Saint Michel du CHUO. En effet, explique cette spécialiste, la wilaya d'Oran enregistre pas moins de 50 enfants nouvellement atteints par cette pathologie chronique, et ce, chaque année. Notre interlocutrice précise que les éléments favorisant cette évolution restent méconnus. Cependant, les spécialistes imputent cette hausse à la prédisposition génétique et aux facteurs environnementaux, dont le stress. « Pour une maladie très lourde à gérer, la prise en charge devient de plus en plus difficile », souligne le Pr. Boudraa. D'autant plus que « 80% des malades reçus au niveau de la clinique relèvent des couches défavorisées », ajoute-t-elle. Les coûts liés à la prise en charge du diabète et de ses complications représentent une grande contrainte financière pour le malade. Une enquête réalisée par l'équipe médicale de la clinique a révélé que le coût mensuel moyen de la prise en charge du diabète s'élève à 8 000 dinars par malade. Il importe de noter qu'une seule séance de laser, nécessaire pour le traitement des rétinopathies (trouble de la vue), l'une des multiples complications du diabète, est de 3 000 DA. Le malade a besoin de 10 séances pour réussir la thérapie. En plus des rétinopathies, le diabétique développe d'autres atteintes pathologiques liées, notamment, aux systèmes cardiovasculaire et rénale, et ce, au bout de 10 à 12 ans de l'évolution de la maladie. Une pathologie du nouveau millénaire Une hygiène de vie marquée par la sédentarité, l'absence d'activité physique, le non-respect d'un régime alimentaire strict et le non-suivi d'une thérapie rigoureuse sont les causes essentielles d'une évolution déséquilibrée du diabète et par conséquent d'une aggravation rapide de la maladie et de ses complications. Pour l'OMS, le diabète constitue l'un des principaux problèmes de santé publique du nouveau millénaire. L'Organisation mondiale de la santé constate, aujourd'hui, que cette pathologie ne touche pas seulement les pays développés mais également, et avec plus de rigueur, les communautés pauvres. Autrement dit, celles qui ne peuvent assumer les contraintes financières. En Algérie, le diabète se classe en 4ème position des maladies non contagieuses. Les praticiens mettent en cause la prise en charge médicale et sociale déficiente face à cette progression. L'éducation sanitaire du malade, très indispensable pour son traitement quotidien, fait également défaut. Dans ce sens, une étude menée par l'équipe du Pr. Belhadj, spécialiste au CHUO, et président du comité national du diabète, a démontré que 26% des malades seulement pratiquent une auto-surveillance et que 38% savent réagir devant une hypoglycémie. Ceci dit, une nécessité s'impose de mettre en œuvre un programme national de prise en charge du diabète et ce, par le biais d'une formation du personnel soignant, l'éducation et la sensibilisation des malades, la mise en place de structures de soins et la disponibilité des moyens de dépistage de traitement et de surveillance. Notons en dernier, qu'en matière d'études épidémiologiques et de statistiques fiables, rien n'est encore fait concrètement pour déterminer la situation épidémiologique réelle de cette pathologie. Il nous a été impossible d'avoir le nombre exact de diabétiques à Oran, encore moins en Algérie, même en faisant appel aux services du ministère de la Santé.