Les facteurs environnementaux, dont principalement la pollution atmosphérique, sont responsables dans 70% des cas de l'émergence de l'asthme », atteste le Pr. Berrabeh, médecin-chef du service de pneumo-phtisiologie du CHU. « L'allergie, pour sa part, est responsable dans 30% des cas », ajoute-t-il. Il faut savoir que l'asthme est la plus fréquente des maladies chroniques chez l'enfant. « Il représente plus de 50% des motifs de consultation en pédiatrie et la première cause de soins et de recours aux urgences », poursuit le communicant. Cette affection multifactorielle est d'un impact très lourd sur la vie sociale et scolaire de l'enfant. « Le phénomène d'absentéisme est observé 5 fois plus chez l'enfant asthmatique. Pour les cas graves, l'absentéisme occupe les 40% de la scolarité. Quant au retard scolaire, il va de 1 à 3 ans. Le cap de l'adolescence aggrave encore plus cette situation, d'autant plus que l'adolescent a tendance à refuser la maladie et à s'adonner souvent, vers cette période, au tabac. Ce qui multiplie le risque de survenue de crises graves », explique le spécialiste. Épidémie de mortalité Notons que sur 30 élèves, 3 à 5 sont atteints d'asthme. « La moitié des cas sont évidents, le reste passe inaperçu et non reconnu et donc non traité. Chez l'enfant scolarisé, au moins 11% sont sujets à des crises répétées », relève le Pr. Berrabeh. Par ailleurs, le Pr. Nafti, médecin-chef du service de pneumo-phtisiologie de l'hôpital Mustapha Bacha d'Alger, a, pour sa part, dressé un tableau très sombre de l'état d'évolution et de prise en charge de l'asthme. « Si on s'intéresse soudainement à l'asthme au cours de ces dernières années et pas avant, c'est que l'asthme marque une mortalité en hausse et fulgurante pouvant la qualifier ‘‘d'épidémie de mortalité'', alors qu'avant elle était rare. Il faut savoir que des jeunes de 20 à 30 ans meurent en l'espace de 24 h de crises d'asthme irréversibles », avertit le spécialiste. Il ajoutera : « Il y a de plus en plus d'hospitalisation et de décès par l'asthme. Cependant, on ignore les causes car c'est une affection variable qui change d'un malade à l'autre. » A préciser que la prévalence de cette maladie chronique dont la prise en charge est fort coûteuse est plus importante chez les couches défavorisées et les sans professions. Les moyens de prise en charge, de traitement et le niveau de connaissance de la maladie restent insuffisants, voire dérisoires, relèvent les spécialistes.