Selon les professionnels de la santé, outre le fait que le mauvais cholestérol est la principal cause des événements cardiovasculaires, il induit 25% des décès chez les cardiaques. Sa nocivité est également prouvée dans les complication du diabète. La transition épidémiologique, en Algérie, amorce quasiment son dernier versant avec l'étendue de plus en plus grande des maladies non transmissibles, à l'instar du diabète, de l'hypertension artérielle et des attaques cardiovasculaires. De cause à effet, les changements survenus dans les habitudes alimentaires des Algériens et de l'hygiène de vie, de manière plus générale, sont à l'origine de l'émergence de ces pathologies, qui ne touchaient, il y a quelques années à peine, que les pays fortement industrialisés et donc favorisant une grande consommation. Lors du symposium, organisé jeudi dernier à l'hôtel Sheraton d'Alger par le laboratoire pharmaceutique Pfizer, les spécialistes de la santé n'ont pas eu trop de mal à démontrer un lien étroit entre l'augmentation des accidents cardiovasculaires et l'excès du mauvais cholestérol dans le sang, lui-même induit essentiellement par une alimentation inappropriée. Selon une étude réalisée par l'Institut national de santé publique (INSP), 12,5% de la population nationale, ayant atteint l'âge adulte, souffre d'un taux élevé du LDL-C (lipoprotéine de faible densité), très nocif pour la santé. La proportion est à la hausse, puisque les experts prévoient que la moitié des Algériens y seront atteints, à moyen et long terme. Et ce, pour deux raisons majeures : la sédentarité de nos concitoyens et leur tendance à adopter le régime alimentaire type américain (hamburger, frites, pizzas, boissons gazeuses), notamment lors des repas de midi et à ne point consommer comme il se doit les viandes et les légumes cuits à la traditionnelle. “Uniquement 25% du mauvais cholestérol dérivent des aliments que nous consommons et 75% sont fabriqués par le corps. Mais les gens doivent faire très attention à ce qu'ils mangent”, prévient Dr Michel Krempf, chef de l'Institut du thorax à l'hôpital de Nantes (France). D'autant que la nuisance du mauvais cholestérol est considérablement accentuée quand elle est associée à d'autres facteurs, comme le tabagisme et le diabète. Se référant à des études internationales sur le sujet, le Pr Kheireddine Merad Boudia, chef de service de cardiologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Pacha, a affirmé que le cholestérol est directement incriminé dans 25% des décès chez les cardiaques. À ce titre, il a carrément qualifié l'hypercholestérolémie “de maladie du siècle car elle provoque l'obstruction des artères et des veines coronaires et l'artériosclérose, et conduit donc à la mort”. En sus des cardiopathies, elle provoque, a-t-il ajouté, “des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et affecte les membres inférieurs, ce qui nécessite dans la plupart des cas une chirurgie et l'amputation des membres touchés”. De son avis, la meilleure parade contre le mauvais cholestérol est la prévention. “Il faut éduquer les gens à une bonne hygiène de vie”, a-t-il recommandé. Son confrère, Pr Abdelkrim Berrah, chef de service de médecine interne au CHU Lamine-Debaghine (CHU Bab-El-Oued), a abondé dans la même direction, sans omettre de rappeler, au préalable, qu'un diabétique sur deux souffre d'excès du LDL-C dans le corps. Le meilleur moyen de prévenir les complications chez les sujets à risque — dont les diabétiques — est un régime alimentaire sain. Il a indiqué, par ailleurs, que l'expérience clinique a prouvé un déclin de la mortalité coronaire à hauteur de 44% après une nette réduction du taux du mauvais cholestérol. À ce propos, Dr Krempf a informé que la baisse du LDL-C à 0,7 gramme/litre est hautement bénéfique. Le Pr Berrah a attesté que la réduction du taux de mauvais cholestérol se traduit automatiquement par une baisse de 30 à 37% du nombre des décès causés par les accidents cardiovasculaires ou des complications du diabète. Pour ce faire, des thérapeutiques, dont les statines, ont prouvé leur efficacité. Il s'est avéré même, par expérience, que les traitements intensifs donnent, dans ces cas-là, de meilleurs résultats que ceux conventionnels. Il n'en demeure pas moins que les spécialistes, à l'instar du Pr Berrah, regrettent l'insuffisance des contrôle des patients hypercholestérolémiques. Le Pr Krempf a expliqué que “les gens ne font pas attention et ne pensent jamais à mesurer leur taux de cholestérol. Pourtant, le taux élevé de LDL-C est un facteur-clé dans les maladies cardiaques et ne peut être détecté que suite à un test effectué par un médecin”.