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Les Bourses européennes et asiatiques plongent
CRISE FINANCIÈRE MONDIALE ET RECESSION
Publié dans L'Expression le 25 - 10 - 2008

Paniqués par la récession annoncée, les marchés financiers ont connu hier leur «Vendredi noir» enregistrant d'importants décrochages.
Un vent violent de panique soufflait à nouveau sur les marchés financiers vendredi, en chute libre face aux signes toujours plus tangibles de la récession, alors que la décision de l'Opep de baisser sa production n'a pas empêché le pétrole de poursuivre son plongeon. «Ce n'est même plus de panique qu'il s'agit, mais d'une capitulation: les marchés baissent les bras face au spectre de la récession», a expliqué Robert Halver, stratège actions de la Baader Bank.
Dans le sillage des marchés asiatiques et européens, la Bourse de New York a ouvert en forte baisse, le Dow Jones cédant 5,31% et le Nasdaq 6,08%. Depuis début octobre, l'indice vedette de Wall Street a perdu environ 20%. Extrêmement nerveux, les trois principaux marchés européens continuaient à chuter: peu avant 14h00 GMT, hier, Londres dégringolait de 8,07%, Francfort de 8,74% et Paris de 5,77%, avec un CAC 40 qui a atteint, en cours de séance, son plus bas niveau depuis plus de cinq ans. Paris et Francfort ont enregistré par moments des baisses dépassant les 10%, alors qu'à Londres et Madrid les marchés-actions plongeaient de plus de 9%. La Bourse d'Oslo, où dominent les valeurs pétrolières, reculait de près de 11% sous l'effet combiné de la crise financière et du recul du prix du pétrole.
Les deux Bourses de Moscou, le RTS et le Micex, ont suspendu leurs cotations jusqu'à mardi, après des chutes de plus de 13% de leurs indices. En Asie, c'est la Bourse de Tokyo qui avait ouvert le bal avec une chute de 9,6% en clôture, terminant au plus bas depuis plus de cinq ans. Puis l'effet domino a joué à plein, avec des chutes de 10,6% à Séoul, 8,3% à Hong Kong et 10,96% à Bombay, seul Shanghai faisant office de bon élève avec une baisse de seulement 1,92%.
La Bourse de Sao Paulo, première place financière d'Amérique du Sud, plongeait vendredi de 5,37%, peu après l'ouverture. Sur le front du pétrole, tout comme sur les marchés financiers, la fébrilité était palpable. Ainsi, malgré la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), hier à Vienne, de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour, les cours de l'or noir ont continué à dégringoler, après avoir déjà perdu plus de 50% depuis le sommet des 147 dollars atteint en juillet. Après l'annonce du cartel de cette baisse, inférieure à l'attente de certains analystes, le baril est ainsi tombé jusqu'à 61 dollars à Londres et à 63 dollars à New York, soit au plus bas depuis plus d'un an. Pour l'analyste David Kirch, de PFC Energy, l'Opep fait actuellement face à «son plus gros défi» depuis la crise asiatique il y a dix ans, car elle doit à la fois enrayer la chute des prix pétroliers et ne pas pénaliser les pays consommateurs, victimes de la crise financière la plus grave depuis 1929.
L'Opep s'est attiré les foudres de la Maison-Blanche et du Premier ministre britannique Gordon Brown, qui redoutent l'impact de la baisse de la production sur l'économie mondiale.
Une certitude, la décision de l'Opep n'a pas ramené le calme sur les marchés. Coup sur coup, une série de mauvaises nouvelles est venue confirmer que la crise financière a bien commencé à empoisonner l'économie réelle. La Grande-Bretagne a ainsi annoncé son premier recul de l'activité économique depuis 1992, avec une baisse de 0,5% de son Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre. L'indice composite des directeurs d'achats de la zone euro, qui synthétise l'activité du secteur privé, a baissé à son plus bas niveau depuis sa création il y a 10 ans.
«La question n'est plus de savoir si la zone euro va entrer en récession mais de connaître l'intensité et la durée de cette récession», selon Howard Archer, du cabinet Global Insight. Le secteur le plus emblématique de cette contagion de la crise financière aux chaînes de montage est sans doute l'automobile: tour à tour les géants français PSA Peugeot Citroën et Renault ont annoncé des arrêts de production, tandis que les suédois Volvo et Scania avouaient connaître la baisse de régime «la plus brutale jamais vue.»
Du coup, les actions du secteur descendaient aux enfers: Renault abandonnait en début d'après-midi plus de 16%, tandis que les allemands Volkswagen ou Daimler affichaient des reculs aux alentours de 10%. A Milan, l'action de Fiat a dû être suspendue pour freiner sa chute. Autre secteur touché de plein fouet: le transport aérien, avec un déclin pour la première fois depuis cinq ans du trafic passagers international et la pire chute du frêt depuis sept ans. Air France-KLM a annoncé un nouveau plan de rigueur portant sur 700 à 800 millions d'euros d'économies supplémentaires à l'horizon 2011-2012 et envisage de diminuer les effectifs. De même, des hauts fourneaux du géant mondial de l'acier Arcelor Mittal vont être temporairement mis à l'arrêt dans plusieurs pays d'Europe, dont la France, la Belgique et l'Allemagne. Les annonces de plans sociaux se multiplient. L'américain Xerox prévoit ainsi 3000 suppressions d'emplois dans le monde. Le fabricant de poids lourds suédois Volvo, qui a vu ses commandes s'effondrer de 55% au troisième trimestre, a annoncé la fermeture d'une usine au Canada.
L'américain Chrysler prévoit lui de supprimer 1800 emplois et le câblo-opérateur espagnol ONO, 1300. Et sur toutes les places européennes, les valeurs bancaires continuaient à subir le martyre: en Italie en particulier, le titre du numéro un Unicredit a affiché, par moment, une chute de plus de 8%, et Intesa SanPaolo reculait de plus de 11%. Le marché du crédit vit «un tsunami comme on en voit un par siècle», a jugé l'ancien président de la Banque centrale américaine, Alan Greenspan. Ce tsunami était évidemment au menu des discussions des 43 dirigeants européens et asiatiques réunis jusqu'à aujourd'hui à Pékin pour le sommet de l'Asem, où l'Union européenne (UE) tentait de rallier les puissances émergentes à sa volonté de refondation du système financier mondial. L'Asem, qui pèse 60% du PIB mondial, regroupe les 27 pays de l'UE, les dix membres du Sud-Est asiatique (Asean) et six autres pays d'Asie dont les poids lourds économiques, Japon, Chine et Inde. En ouvrant ce sommet, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a reconnu que «l'ampleur de la crise internationale qui s'aggrave a sérieusement affecté la stabilité financière internationale et la croissance économique mondiale».


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