La pathologie du cancer ne cesse de prendre de l'ampleur à Tizi Ouzou. Au service d'oncologie du sanatorium de Belloua, la seule infrastructure qui prend en charge les cancéreux, le nombre de malades sollicitant une prise en charge ne cesse de s'accroître. 24 lits sont insuffisants pour accueillir les 800 malades qu'enregistre le service. Pour remédier à cela, le service pratique le traitement ambulatoire. Le malade peut recevoir le traitement toute la journée sans être contraint à être hospitalisé. Le cancer du sein arrive en première position, avec 80 cas pris en charge depuis janvier. « Le cas est critique, alors qu'il y a quelques années la moyenne d'âge où survient cette maladie était de 45 ans, aujourd'hui on assiste à un retour dans la courbe d'âge. Les femmes sont de plus en plus atteintes dès l'âge de 30 ans, où elles sont censées être en période de vie génitale », explique le Professeur Farhat, chef de service d'oncologie à Belloua, et spécialiste dans le traitement chimiothérapique. Il renvoie le phénomène au niveau de vie et d'instruction des malades. « La femme doit se surveiller. Il est primordial de faire une mammographie au moins une fois par an ». Chez l'homme, l'alcool et le tabac sont responsables des cancers des bronches et des voies aérodigestives supérieures et également de la vessie. Avec 40 000 cas d'atteintes du cancer par an, les spécialistes affirment à l'unisson : le premier facteur déclencheur de la maladie est l'absence de toute hygiène alimentaire. Des agents chimiques comme certaines substances cancérigènes contenues dans l'alimentation favorisent des tumeurs. Le traitement peut coûter des sommes démesurées. Un traitement en Herceptine, qui est obligatoire à prendre en cas de cancer du sein, peut aller de 120 millions jusqu'à 500 millions de centimes. Le Pr Farhat appuie sur la nécessité du dépistage précoce. « Plus le diagnostic est précoce, plus le cancer est peu coûteux. En effet, certains cancers peuvent être complètement guéris à la condition d'être traités à temps ». Une étude du cancer a révélé que la médecine a réussi à réduire la taille de la tumeur d'un centimètre, alors qu'elle était à 4 cm il y a 10 ans. Les progrès sont prometteurs, et la possibilité de prendre tous les malades de Tizi Ouzou en charge est éventuelle. Avec l'inscription d'un centre anticancéreux à Draâ Ben Khedda, la région sera soulagée dans les prochaines années, ajoute notre interlocuteur. Le centre disposera de 140 lits. Cet établissement sanitaire prendra tout type de cancers solides, en dehors d'hématologie. Plusieurs spécialités y seront assurées : oncologie adulte, chirurgicale, radiothérapie, ainsi que d'autres spécialités annexes. La spécialité d'oncologie a été ouverte récemment à Tizi Ouzou. Deux médecins sont déjà en deuxième année, et cinq autres sont attendus pour ce mois en cours. Ils seront formés en cancérologie durant 4 ans, pour pouvoir exercer après cela dans la région ou ailleurs. « C'est un défit qu'on a pris. Nous avons prouvé qu'en Kabylie nous pouvons prendre en charge nos malades », déclare le Pr Farhat. De son côté l'association El Fadjr d'aide aux personnes atteintes du cancer ne ménage pas ses efforts pour assister les malades et leurs familles. Grâce aux donations de ses sponsors, l'association couvre tous les besoins médicaux de ces derniers. L'association organise des cellules d'accueil au profit des familles nécessiteuses. En plus ces objectifs, l'association entreprend des actions de solidarité pour assurer les intérêts matériels et moraux des souffrants. Une « opération pièce » sera ainsi lancée le 26, 27,28 octobre. Des boites de collectes de pièces seront disposées dans tous les établissements publics. Cet argent sera destiné à acheter une ambulance aux malades.