Constat n L'état de déliquescence dans lequel se trouve notre système de santé se confirme de jour en jour. La prise en charge du cancer du sein, dans certaines régions du pays, en est une preuve édifiante. Cette pathologie est la première cause de mortalité chez la femme, elle affecte lourdement aussi bien la vie de la malade que celle de son entourage. Un suivi et une bonne prise en charge pour cette catégorie de malades sont, à cet effet, plus qu'indiqués. Hélas, l'absence de moyens humains et matériels dans les centres régionaux ne cesse de se répercuter sur ces victimes qui sont contraintes d'attendre parfois des mois pour un simple rendez-vous de radiothérapie. Un retard plus que préjudiciable pour ces femmes car, faute de diagnostic et de prise en charge à temps, la mort a eu raison de plusieurs d'entre elles. Illustrant les conséquences de cette situation, le Pr Ferhat, chef du service oncologie de l'hôpital de Tizi Ouzou, a cité le cas d'une jeune fille de 35 ans atteinte d'une tumeur du sein d'une grosseur de 2 cm qui doit subir cette semaine, une ablation de la glande mammaire «faute de radiothérapie». «Il faut compter au minimum 6 mois, à en juger par la durée apposée sur les rendez-vous, pour bénéficier de cette prestation dispensée par le CPM d'Alger, le HCA d'Aïn Naâdja et le Centre anticancéreux de Blida, pour la région Centre du pays», a-t-il dit. «Cette longue attente, qui expose la malade à des complications amenuisant ses chances de guérison, s'explique par la saturation des structures prestataires de la radiothérapie», a-t-il relevé. Une vingtaine de femmes atteintes du cancer du sein dans la wilaya de Tizi Ouzou «sont en attente d'un rendez-vous de radiothérapie, depuis juillet», a-t-on appris aussi de l'association El-Fedjr d'aide aux personnes atteintes de cancer. «Ces demandes de rendez-vous ont été introduites par le service d'oncologie de l'hôpital Belloua de Tizi Ouzou depuis juillet dernier. Le Centre Pierre-et-Marie-Curie et le centre anti-cancéreux de Blida ne peuvent répondre à la demande en raison de la forte sollicitation enregistrée depuis fin mars et début juillet», a indiqué Mme Sahouane Assia, responsable de cette association. «En désespoir de cause, nous avons décidé de nous orienter vers les structures de radiothérapie d'Oran et de Constantine pour un éventuel placement», a-t-elle ajouté. «Ces patientes se comptent parmi celles ayant épuisé le cycle du traitement standard : chirurgie-chimiothérapie ou inversement, devant être complété par une radiothérapie dans un délai n'excédant pas la dernière séance de chimiothérapie», a-t-elle expliqué. Pour le Pr Ferhat, la réduction de cette attente, synonyme de la réduction des souffrances des malades et des coûts de leur prise en charge, passe par la concrétisation, dans les meilleurs délais, des 14 Centres anti-cancéreux (Cac) programmés à travers le pays, au titre du plan de soutien et de la consolidation de la croissance économique. A cet égard, il a déploré le retard accusé dans la réalisation à ce jour, du CAC destiné à la wilaya de Tizi Ouzou, alors que sa mise en service devrait intervenir fin 2009. En attendant la concrétisation de ce projet, le service oncologique de l'hôpital Belloua entreprend, comme palliatif l'extension de ses capacités d'accueil pour faire face à l'afflux des malades provenant des wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Béjaïa, Sétif et Bordj Bou-Arréridj, a ajouté le responsable de ce service.