Il y a une grave dérive en matière de gestion de l'Etat », a déploré Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS, au cours d'une conférence-débat animée hier à Draâ El Mizan (Tizi Ouzou). Décortiquant la situation sociopolitique du pays, l'orateur n'a pas été tendre avec le pouvoir qu'il accuse de tous les maux. « Nous sommes gouvernés par un pouvoir qui veut se maintenir en place par tous les moyens, quitte à fabriquer une classe politique sur mesure pour cautionner la prochaine échéance électorale, qui ne sera ni transparente ni honnête même en présence d'observateurs étrangers. » Comparant l'Algérie à une voiture brinquebalante dont les signaux au tableau de bord ont viré au rouge, il dira : « La situation sociale est intenable. Il y a un grave déséquilibre entre les citoyens. Alors que certains se permettent des voitures à plus d'un milliard, d'autres peinent à survivre. Pis, l'on continue à mener une politique raciste à l'égard de certaines régions. » Sur un autre registre, il a estimé que la sécurité n'est pas encore au rendez-vous, ajoutant : « Il y a un renoncement grave de l'Etat face à ses missions les plus élémentaires, notamment celle consistant à garantir la sécurité aux citoyens. » Tréâtralisme politique Selon lui, la multiplication de barrages sur les routes n'a rien amené de concret. Remettant au goût du jour le slogan si cher au FFS : « ni Etat policier ni Etat intégriste », Karim Tabbou a lancé un appel pressant pour sauver la république. « Il y a un devoir de rassembler tous les algériens qui ont l'amour de la patrie pour reconstruire le pays. » C'est dans cette optique, ajoutera-t-il, que s'inscrit l'initiative de la déclaration rendue publique par Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Mehri. « Ces personnalités ne se proposent pas aux élections. A travers cette position, ils préconisent d'engager un processus de démocratisation du pouvoir, de son exercice et de son contrôle pour faire sortir le pays de l'impasse. » Reprenant son réquisitoire contre le régime en place, le responsable du FFS ne ménagera pas la politique du président de la République. « On est face à un roi qui aime ‘'el medh essiassi'' (louanges politiques). A six mois de l'élection présidentielle, il n'en fait qu'à sa tête. » Usant d'un verbe corrosif, Tabbou n'ira pas par trente-six chemins pour « dénoncer l'attitude irresponsable d'un chef d'Etat qui organise un dîner dansant en l'honneur de Ahmed Benbella, lors de sa visite à Tlemcen, et ce, au moment où la population de ghardaïa lançait des cris de détresse ». Revenant sur les terribles inondations qui ont frappé la région du M'zab, il fera le parallèle avec les précédentes catastrophes naturelles, responsabilisant les institutions de l'Etat pour avoir fermé l'œil sur certaines carences constatées. Exhibant un rapport illustré par des photos, Karim Tabbou a révélé que c'est l'éclatement d'un barrage mal construit, réceptionné en 2005, qui est à l'origine du déluge qui a endeuillé la région. Sur un autre volet, il a dénoncé l'augmentation des salaires des parlementaires qu'il qualifie de « troc » pour voter « oui » à l'APN. « Ils font dans le théâtralisme politique. » « Le FFS ne changera pas de couleur ni d'identité politique en dépit des pressions du ministère de l'intérieur. Nous sommes le vrai parti à faire de l'opposition dans ce pays », a souligné par ailleurs Karim Tabbou. Sur le plan organique, l'orateur a annoncé l'organisation, à partir de fin octobre, des congrès de section et de fédération du parti ainsi que des rencontres de formations politiques au profit des jeunes militants du FFS.