La crainte et l'inquiétude commencent à se manifester à l'approche de la saison des grandes pluies, avec, éventuellement, les inondations. L'alerte a déjà été donnée à la veille de l'Aïd El Fitr, où deux heures de fortes averses ont provoqué l'anarchie dans la circulation automobile, laquelle a été momentanément bloquée à cause des routes rendues impraticables par endroits, noyées qu'elles étaient par les eaux pluviales. Ce jour-là, la pluie a inondé les rues, empêchant de fait les usagers de la route d'avancer. Des banlieusards, qui se trouvaient en la ville, ont dû rentrer chez eux à pied, comme cela a été le cas des habitants de la localité de Sidi Salem qui, à cause de la fermeture de la route à proximité du port, ont été contraints de regagner leurs foyers sans moyens de transport. Les cités implantées dans les zones basses de la ville, à l'exemple de la Plaine Ouest et de la Colonne, ont été envahies par les eaux de pluie qui se sont accumulées par manque d'évacuation. Il faut souligner, à ce propos, que les avaloirs, faute d'entretien et de maintenance, ont été inaptes à absorber les quantités d'eaux de pluie, qui ont drainé avec elles gadoue et autres objets hétéroclites. Le bassin de rétention, construit à proximité de l'hôpital Ibn Rochd, s'est avéré insuffisant pour protéger la cité la Colonne des inondations. Le problème des inondations dans la ville de Annaba ne date pas d'aujourd'hui. Il a suscité l'intérêt des autorités et autres élus qui se sont succédé à la tête de cette collectivité locale, considérée quatrième ville du pays. L'inquiétude persiste en l'absence d'une prise en charge sérieuse et approfondie. La protection de la ville contre les risques d'inondations nécessite donc la mise en place d'une stratégie, qui s'inscrirait en porte- à-faux avec les solutions de bricolage habituelles, lesquelles sont sans impact durable. L'entretien des avaloirs, des stations de relevage des eaux de pluie, en plus du drainage des oueds, représentent le socle de cette stratégie. À l'instar de Annaba, El Hadjar, qui a connu ces dernières années une forte urbanisation, est exposée aux risques d'inondations à la saison des pluies. Située dans une zone se trouvant au-dessous du niveau de la mer, cette ville a été submergée dans les années 1980 par les eaux de pluie, qui lui avaient occasionné des dégâts matériels importants. Des habitants de la cité Mars Omar ont été secourus lors de cette catastrophe à l'aide de zodiacs. Aujourd'hui, ce quartier, qui était à l'époque un lieu presque desert, connaît une forte concentration de bâtiments, d'habitations et autres infrastructures. La crainte des inondations est également partagée par les exploitants agricoles, notamment ceux activant dans le périmètre de mise en valeur du lac de Fetzara, dépression qui englobe les communes de Chorfa, El Eulma et Berrahal. Un hiver pluvieux signifierait pour eux une saison agricole ratée d'avance, comme les précédentes, car les terres, une fois immergées par les eaux, mettront beaucoup de temps pour sécher. Le schéma directeur des hydrauliques est-il en mesure d'apporter une solution appropriée et durable au problème des inondations ?