Le président de la république sahraouie, Mohamed Abdelaziz, n'a pas laissé passer l'occasion du 6e congrès de l'union générale des travailleurs de la Saquia El Hamra et Rio d'El Oro (UGTSARIO) qui se tient depuis hier dans le camp d'El Ayoun, sans avertir sur « le danger » que peut engendrer pour la région « le statut spécial » accordé au Maroc par l'Union européenne. Il n'a pas omis d'exprimer sa « stupéfaction » quant à cette place privilégiée réservée au Maroc au sein de l'UE que préside la France, en dépit du fait que ce pays reste un pays colonisateur et viole les droits de l'homme constamment au Sahara occidental. Le président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario a estimé que « les pays de l'UE, en accordant un statut spécial et privilégié au Maroc, ne peuvent pas ne pas avoir mesuré ces sérieux risques, et prévu la manière de contenir cet éventuel grave dérapage porteur de réels dangers pour l'évolution de la question du Sahara Occidental et pour l'avenir et la stabilité de toute la région du Maghreb ». Ce que craint le Front Polisario, a-t-il précisé, « c'est que le Maroc profite de tels rapports et les considère comme un encouragement ou une caution de la part de votre organisation à son entreprise coloniale ». « Cet encouragement ne manquerait pas d'engendrer de fâcheuses conséquences pour la stabilité et la paix dans la région du Nord-Ouest de l'Afrique dans son ensemble et se répercuter négativement sur ses rapports avec l'Union européenne », a averti M. Abdelaziz. Non sans omettre d'appeler particulièrement l'Espagne et la France à assumer leur responsabilité et exercer des pressions sur le gouvernement marocain et ne pas l'encourager dans son entêtement à imposer le fait accompli. Cela étant dit, Mohamed Abdelaziz n'a pas omis d'accuser le Maroc de bloquer les négociations engagées entre les deux parties, notamment par la mise en avant de sa proposition d'autonomie des territoires sous la souveraineté marocaine. Il a réitéré la « pleine disposition » du Front Polisario, à avancer dans de véritables négociations avec « une volonté sincère », pour parvenir à une solution respectant les résolutions des nations unies, dont l'objectif reste l'autodétermination. Le secrétaire général du Front Polisario a, par ailleurs, estimé que le congrès de l'UGTSARIO, dont la tenue qui coïncide avec la date de la journée nationale du travailleur sahraoui, sera d'un apport considérable pour les travailleurs sahraouis dans leur marche de construction et de libération. Il a également rendu hommage à la femme sahraouie travailleuse qui a, selon lui, joué un rôle prépondérant dans la lutte, dans des conditions extrêmement difficiles. Mohamed Abdelaziz a néanmoins évoqué les travailleurs des territoires occupés du Sahara occidental, qui souffrent, selon lui, de la répression, de la marginalisation et de l'exclusion. « Les autorités marocaines adoptent des politiques coloniales dangereuses qui ne se limitent pas à réprimer, mais s'étendent à affamer et à appauvrir notre peuple et à le pousser à quitter sa terre natale », regrette-t-il. Il a ainsi appelé les nations unies, dont les territoires sont sous sa responsabilité, à protéger les travailleurs et citoyens jusqu'à ce que la décolonisation des territoires soit effective. Il a aussi demandé à la communauté internationale et aux ONG internationales d'intervenir pour protéger les droits de l'homme des sahraouis, pour la libération des détenus et à clarifier le sort des 500 disparus et 151 prisonniers de guerre. Pour Mohamed Abdelaziz, « le moment est venu pour que la CI exerce des pressions réelles sur le maroc pour qu'il mette fin aux violations des droits de l'homme dans les territoires occupés ». Pas moins de 400 délégués participent au 6e congrès de l'UGTSARIO. Ces derniers devaient élire hier soir leur nouveau secrétaire général. Ce congrès sera clôturé aujourd'hui par une conférence internationale des syndicats et ONG représentant une trentaine de pays. L'organisation de l'unité syndicale africaine (OUSA), qui représente 25 millions de membres en provenance de 56 pays d'Afrique, a été représentée par le secrétaire général adjoint Demba Diop. Pour ce dernier, l'OUSA s'offre comme un pôle de résistance à toute forme de discrimination. Son constat : les points qui sont inscrits dans ce 6e congrès de l'UGTSARIO revêtent une importance primordiale pour les travailleurs sahraouis, notamment ceux qui sont dans les territoires occupés sahraouis. M. Demba demande à toutes les organisations internationales de mettre fin à l'occupation. Cette même solidarité a été aussi exprimée par Abdelouahid Omar, secrétaire général à Nigiria Labour congress. Rachid Aït Ali, membre de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a exprimé, pour sa part, la solidarité de son organisation aux travailleurs sahraouis. Ce n'est pas la première fois que l'UGTA apporte son soutien à la cause sahraouie, elle qui a déjà ouvert un siège pour les syndicalistes à Alger.