Une organisation américaine de surveillance citoyenne a annoncé, jeudi, avoir déposé plainte devant la commission électorale (FEC) contre le parti républicain pour avoir dépensé de façon irrégulière 150 000 dollars de frais vestimentaires pour Sarah Palin et sa famille. Selon l'organisation Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), le parti républicain a violé la loi électorale américaine qui stipule que les candidats ne doivent pas utiliser le budget de campagne à des fins personnelles. La plainte remise par la CREW vise donc le parti républicain et Mme Palin elle-même, en se fondant sur des informations de presse selon lesquelles la candidate à la vice-présidence aurait dépensé 49 425 dollars chez Saks Fith Avenue, ainsi que 75 062 dollars chez Neiman Marcus. « Il est ridicule de voir le parti républicain dépenser 150 000 dollars pour habiller la candidate à la vice-présidence et sa famille, et c'est même scandaleux étant donnés les difficultés économiques de tant d'Américains et l'état de l'économie », écrivait, jeudi, sur le site internet de la CREW, Melanie Sloan, directrice de l'organisation. Ainsi donc, de révélations embarrassantes sur cette facture en déclarations maladroites sur la fonction de vice-président, Sarah Palin est devenue un fardeau pour le camp républicain. Après sept semaines de campagne auprès du candidat républicain, la gouverneure de l'Alaska convainc de moins en moins. Selon un sondage de la chaîne NBC et du Wall Street Journal mercredi, qui par ailleurs conclut à une avance de 10 points de Barack Obama sur John McCain chez les électeurs potentiels, 55% des personnes interrogées pensent que la gouverneure de l'Alaska, 44 ans, n'est pas qualifiée pour être vice-présidente. Mme Palin refroidit également les jeunes : selon un sondage de l'institut politique de l'université d'Harvard (Massachusetts, nord-est), 40% d'entre eux affirment qu'elle les a éloignés du camp républicain. De plus, nombre d'électeurs républicains, mécontents du choix de Sarah Palin, sont confortés dans leur idée par les révélations sur la candidate, empêtrée notamment dans une affaire d'abus de pouvoir en Alaska, en faisant pression sur des agents de l'Etat pour licencier un agent de police (« state trooper »). Par ailleurs, certaines réponses de Mme Palin, lors de ses interviews, font les délices des humoristes et imitateurs tels que Tina Fey dans l'émission « Saturday Night Live ». Grimée en Sarah Palin, cette dernière a ridiculisé le langage populaire souvent utilisé par Mme Palin lors de ses apparitions publiques. Sarah Palin n'a pourtant pas hésité à se rendre à cette émission, samedi, pour y affronter son double. Lors d'une interview à une chaîne de télévision locale, lundi dans le Colorado, la gouverneure de l'Alaska s'est, par ailleurs, trompée en répondant à une question basique sur le rôle du vice-président. « Les vice-présidents ont vraiment un super travail, non seulement ils sont en soutien du président, ils sont comme des co-équipiers du président », a-t-elle dit. « Mais aussi, ils sont chargés du Sénat des Etats-Unis, donc s'ils veulent, ils peuvent vraiment s'impliquer avec les sénateurs et mettre en place beaucoup de bonnes réformes », a-t-elle ajouté. Or, selon le principe de séparation des pouvoirs, la branche législative aux Etats-Unis (Sénat et Chambre des représentants) est totalement distincte de la branche exécutive (présidence, vice-présidence et gouvernement). Pourtant, lors de chacun de ses meetings, John McCain continue inlassablement à présenter Sarah Palin comme une bonne vice-présidente potentielle, avant de déclarer en substance avoir hâte de la présenter à Washington, où le « ticket » républicain va faire le ménage et éradiquer en particulier la corruption qui, selon lui, mine la politique américaine. Sans convaincre. Ainsi, Ken Adelman, « faucon » républicain qui a occupé plusieurs postes haut placés dans la diplomatie et la défense sous les présidents Ford, Reagan et Bush, a expliqué dans le magazine New Yorker que le choix de Mme Palin comme vice-présidente l'a dissuadé de voter pour M. McCain et qu'il soutenait désormais M. Obama.