L'insistance des autorités de Beni Maouche à organiser la fête annuelle de la figue dans sa septième édition , les 23 et 24 octobre, sonne comme un acte de résistance contre l'acharnement de la nature sur cette commune plusieurs fois sinistrée. En effet, malgré les deux incendies de l'été dernier qui ont transformé en cendres des milliers de figuiers, frappant de plein fouet les fellahs de la région, ceux-ci ont tenu à être présents à cette occasion. Ce sont, en fin de compte, près de soixante de ces paysans désemparés qui ont investi les stands érigés à cet effet dans les hangars du CFPA de Beni Maouche. Même si l'organisation a été irréprochable, l'ambiance n'était pas celle des grands jours et le mot semble être donné pour faire de cette fête la énième occasion de tirer la sonnette d'alarme sur la dégradation des conditions de vie des agriculteurs de la région et pour réitérer la revendication principale de ces fellahs qui n'est autre que la création d'une unité de séchage et de conditionnement de la figue sur le territoire de la municipalité. Même si la production a été sents à cette foire ont pu ravir les convives par l'exposition des produits du terroir qui vont de la citrouille géante au poivron en passant par l'indétrônable figue dans toutes ses variétés et la mythique huile d'olive. Parallèlement à cette exposition, des conférences ont été données par des spécialistes en agronomie et elles n'ont pas manqué de retenir toute l'attention des présents. C'est ainsi que le subdivisionnaire de l'agriculture, M. Aït Idir Idir, a fait des heureux en annonçant les nouvelles mesures prises par le ministère de l'agriculture en faveur des opérateurs économiques et des investisseurs dans ce domaine. Ces mesures allant dans le sens de l'encouragement de la production des produits du terroir se résument à des prêts sans intérêt pouvant aller jusqu'à 1 million de dinars, remboursables en une année. De son côté, M. Louzazna Messaoud a étalé devant une assistance intéressée quelques procédés scientifiques et techniques inhérents à la caprification des figues. C'est une mesure parmi tant d'autres pouvant pallier l'absence de semences en vue de la régénérescence des figuiers consumés par le feu. Les techniciens de l'ITAF de Takrietz, de leur côté, ont mis l'accent dans leur prise de parole sur les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour améliorer le rendement des arbres fruitiers ainsi que les procédés de lutte contre les parasites qui anéantissent les récoltes. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'une dizaine d'exploitants a fait part aux techniciens de leurs préoccupations majeures. Le clou de la fête a été le plateau radio offert aux présents par Saïd Freha, de la chaîne II, dans son émission Portrait de mon village que nos fellahs ont transformé en tribune pour crier haut et fort leur désarroi et faire entendre leur revendication et dénoncer l'absence d'aide des autorités en direction de ce secteur névralgique qu'est l'agriculture sans qui de nombreuses familles n'existeraient plus. Un des fellahs invités sur ce plateau, Lamari Salem, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour mettre le doigt sur le problème de la commercialisation de la figue qui reste l'épine dorsale de cette activité et dont tout le monde commence à se lasser vu l'absence de considération. Il est allé jusqu'à avancer que ses compères appréhendent la bonne récolte des figues du moment que celle-ci est sujette au pourrissement faute de commercialisation. En l'absence d'un réel objectif ou d'une décision tangible de faire de cette rencontre annuelle celle des professionnels, le moins que l'on puisse dire est que l'édition de cette année est à mettre sur le compte du défi et de la résistance contre le mauvais sort. La présence des fellahs à cette fête sonne comme étant celle d'humbles gens qui ont tenu à imposer leur existence en conjurant le mauvais sort et en attendant des lendemains plus enchanteurs.