Fidèle à ses traditions et coutumes ancestrales, la tribu des Ath Imaouche (daïra et commune de Béni Maouche) tient à célébrer, chaque année, dans la fierté et la dignité, la fête de la figue, un noble produit agricole, devenu au fil du temps un véritable symbole de la région et un label incontournable en Kabylie, voire au niveau national. L'assemblée populaire communale de Béni Maouche, qui organise cette manifestation en étroite collaboration avec l'association des producteurs de figue de la wilaya de Béjaïa, semble décidée, cette fois-ci, à donner un cachet particulier à la 8e édition de cette fête, appelée Tamaghra n'tazarth, qui a lieu les mardi 29 et mercredi 30 septembre 2009, au centre de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) de la même localité. Les organisateurs ont, en effet, mis le paquet sur le terrain, que ce soit en matière de moyens ou de la teneur du programme concocté pour la circonstance. Plus d'une cinquantaine de stands réservés à l'exposition des figues sèches et autres produits de terroir, tels que le miel pur, l'huile d'olive, les raisins, les amendes, les grenades... n'ont cessé d'attirer, deux journées durant, des centaines, voire des milliers de visiteurs venus de plusieurs régions de la Kabylie et d'autres wilayas avoisinantes. La nouveauté cette année, les paysans de cette communauté rurale, plus particulièrement la gent féminine, auront droit à des cycles de formation sur les méthodes de traitement et de conservation de la figue et ses différents usages, qui seront assurés par un groupe de femmes françaises, invitées dans le cadre d'une action de jumelage entre l'Association des producteurs de la figue de la wilaya de Béjaïa et l'Association des agriculteurs de Montpellier. Selon les organisateurs de cette fête, ces formatrices françaises devraient transmettre aux femmes paysannes de Béni Maouche leurs expériences et savoir-faire en matière de traitement, transformation et conservation de la figue et ses dérivés, notamment la confiture et le jus. Par ailleurs, la même association française devrait envoyer une équipe de techniciens qui, à leur tour, feront subir des stages de formation à des jeunes forgerons des daïras de Béni Maouche, Ighil-Ali et Tazmalt, afin que ces derniers puissent prendre en charge le côté mécanique et la réparation de l'outillage et autres machines intervenant dans l'agriculture de montagne, notamment l'arboriculture. Les membres de l'Association des agriculteurs de Montpellier profiteront de cette opportunité pour présenter à leurs homologues algériens les techniques modernes, mais aussi les nouvelles machines utilisées dans ce genre d'activités agricoles. À en croire les dires des responsables du secteur de l'agriculture à Béjaïa, ces cycles de formation et de vulgarisation seront d'un apport considérable. “C'est une louable initiative qui ne manquera certainement pas de porter ses fruits à l'avenir. Je pense que nos jeunes paysans et artisans ont besoin, eux aussi, de ce genre de formation. Et puis, toute action visant à aider nos fellahs, que ce soit sur le plan matériel ou technique, ne peut être que bénéfique”, nous dira un cadre de la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Béjaïa, rencontré à Béni Maouche, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de cette fête de la figue, rehaussée par la présence du wali de Béjaïa, Ali Bedrici. En outre, des conférences visant à sensibiliser davantage les fellahs de cette région à vocation agricole et à vulgariser les nouvelles orientations et les nouveaux dispositifs de loi mis en place par le ministère de l'Agriculture, dans le cadre de sa politique du renouveau du secteur, ont été également animées par des cadres et chercheurs des deux instituts d'agriculture que compte la wilaya de Béjaïa, à savoir : l'Itaf de Takrietz et l'Inraa de Oued Ghir. Il est à noter qu'en dépit des efforts consentis jusque-là, aussi bien par les pouvoirs publics que par les agriculteurs, le prix de la figue sèche demeure inaccessible. La majorité des exposants ayant pris part à cette petite foire campagnarde fixent leur prix à 400 DA le kilo. Bien que certains fellahs cèdent leur “marchandise” à 350, voire à 300 DA/kg. Cette différence de prix s'explique, nous affirme-t-on, par le fait que la qualité de la figue se trouve être diversifiée. Thaâmriwth, azendjar, aberkane, avouânkik... sont autant de variétés de ce produit juteux. Da Tahar, un sexagénaire portant bien son âge, cultive plus de 200 figuiers, une propriété qui lui assure son gagne-pain. “La cueillette des figues sèches n'est pas une sinécure. L'entretien d'un figuier nécessite un travail laborieux. L'assèchement des figues fraîches demande beaucoup d'efforts et de temps. Puis, viendra d'autres opérations, telles que le tri, l'emballage, le stockage etc. C'est une véritable corvée”, expliquera-t-il. Interrogé sur les vertus de la figue sèche qu'il expose au niveau de son stand, notre interlocuteur affirme que ce produit agricole est une véritable panacée. “Il y a des gens qui la consomment pour le plaisir de goûter à ce fruit juteux, mais il y a d'autres qui l'utilisent à des fins thérapeutiques. Ces derniers préfèrent la tremper dans de l'huile d'olive pendant plusieurs jours avant de la déguster à jeun. La citation de ces deux produits de terroir dans le Coran prouve l'importance et l'efficacité de leurs propriétés médicinales.” “Par le figuier et par l'olivier, lit-on dans la Sourate Ettine (figuier, verset coranique)”, a-t-il soutenu.