L'année 2004 aura été pour la wilaya de Skikda une année des plus catastrophiques. Plusieurs manifestations populaires ont également fait de Skikda la wilaya la plus « barricadée » du pays. C'est devenu même une mode populaire. Au mois de janvier, l'inauguration d'une longue série de sinistres allait être donnée. Le 3 déjà, trois jeunes meurent carbonisés dans l'une des deux épaves échouées au mois de décembre 2003 sur la plage Ben M'hidi. Coincés dans les soutes de l'épave en feu, ils ne réussiront pas à rejoindre la passerelle et périront. Le même mois, Skikda a été ébranlée par une autre catastrophe. Une hécatombe. Le 19 janvier, à 18h40, une forte déflagration suivie d'un impressionnant souffle engendrera une grande panique dans la ville. L'unité 40 du Complexe de liquéfaction du gaz du complexe GL1K (gaz liquéfié de Skikda) a été totalement détruite suite à une déflagration survenue dans une chaudière défaillante. L'explosion emportera dans son enchaînement deux autres unités mitoyennes. Bilan de la catastrophe : 27 morts, plus de 70 blessés et des milliers de citoyens choqués. L'onde de choc a été ressentie à plus de 10 km. Skikda subira par la suite les contrecoups des inondations survenues au mois de novembre. Les grosses averses qui avaient caractérisé la région la veille de l'Aïd ont causé la mort d'un enfant à Aïn Bouziane. En moins de 48h, les oueds Saf Saf et Zeramna, en crue, déverseront leurs eaux dans la zone basse de la ville. Une dizaine d'établissements scolaires ont été submergés et fermeront leurs portes durant plus de trois jours. Une centaine de familles ont également été déclarées sinistrées et d'autres évacuées vers des endroits plus sûrs. Beni Béchir, Ramdane Djamel, Azzaba, Hammadi Krouma vivront la même situation. En plus, de ces sinistres, la wilaya de Skikda n'a pas dérogé à la règle qui la caractérisait depuis des année déjà et a vécu plusieurs émeutes et autres barricades. Le phénomène confiné auparavant dans les agglomérations du massif de Collo a concerné en 2004 l'ensemble de la wilaya. Que ce soit au chef-lieu de wilaya ou dans les autres régions est et ouest, plusieurs manifestations populaires étaient venues dénoncer les dures conditions de vie qui minent les populations des zones enclavées. Les doléances les plus exprimées concernent globalement la demande express de remédier à l'essentiel, c'est-à-dire la réfection des routes, l'alimentation en eau potable ou l'éclairage public et, des fois aussi, les manifestants exigeaient plus de transparence dans la gestion courante de leur cité. Le ton aux barricades a été donné en premier à Sidi Mezghiche au mois de février. Les habitants d'El Kharba, non contents de bloquer la route menant à leur hameau sont allés jusqu'à fermer le siège de l'APC et à y interdire l'accès aussi bien aux autres citoyens qu'au personnel. Les habitants de Bouyaghil, une agglomération de la commune de Tamalous au sud-ouest de Skikda, sont sortis à deux reprises manifester et bloquer les RN 3 et 43 reliant Collo à Constantine et Skikda à Jijel. Le mois de mars sera également ponctué de plusieurs manifestations. A Tamalous, les habitants de Bouyaghil occuperont les routes à deux reprises. A Kerkera les habitants bloquent la RN 85 et exigent une meilleure sécurisation de leur commune. Dans la commune de Ramdane Djamel, les habitants de Guessaba barricaderont, le 6 mars, la route reliant Skikda à Annaba. Le même jour, à Boulballout, une commune située à l'extrême ouest de Skikda, des dizaines de manifestants bloqueront le siège de l'APC et séquestreront durant plus de trois heures le président et le secrétaire général de la commune. Le même mois, Aïn Kechra évitera de justesse les contrecoups d'une guerre tribale. Intentées pour des raisons purement sociales, les manifestations des habitants allaient de jour en jour déboucher sur des considérations politiques en mettant dos à dos les habitants du chef-lieu de la commune et ceux de Boudouka. Après dix jours de barricade, les choses dévieront de leur contexte devant l'absence d'une autorité effective et pesante laissant grand ouvert le champ aux vieux démons d'un tribalisme encore présent dans la région. Ainsi, deux branches du grand arch des Beni Toufout ont failli en arriver aux hostilités. Les El Ghalta de Boudouka, les Zeguerre de Aïn Kechra. On assista même à une véritable chasse à l'homme à Aïn Kechra. Au mois de mai, et encore à Aïn Kechra, les habitants de Ben Rahma profiteront de la venue d'un cortège officiel pour célébrer la bataille de Zeguerre pour fermer carrément la route empêchant les officiels de rejoindre le chef-lieu de daïra. Telle une tache d'huile, les émeutes gagneront par la suite la ville de Aïn Kechra où des jeunes investiront le réfectoire d'un établissement scolaire devant abriter la délégation. Au mois de juin, ce fut au tour des habitants de Boumaïza, à l'est de la wilaya de Skikda de bloquer la route stratégique reliant Skikda à Annaba. Ils réclamaient la restauration d'un tronçon routier menant à leur agglomération. Au mois de juillet, la wilaya de Skikda enregistrera plusieurs émeutes. D'abord au chef-lieu de wilaya, précisément à El Match, un des plus grands bidonvilles de la ville où les habitants avaient barricadé l'avenue pour protester contre les lenteurs enregistrées dans les opérations de recasement promises auparavant. Ces mêmes revendications ont également amené les habitants de Oued Chadi, sur les hauteurs de Stora, à barricader la route menant à la grande plage pour dénoncer les promesses non tenues des autorités au sujet de deux cents logements qui traînent depuis plus d'une année. Au même mois, les agglomérations d'Ennechaâ à Bin El Ouidène et El Khanga à Oum Toub vivront, eux aussi, leurs barricades. Dans la continuité, le mois d'août sera lui aussi secoué par des émeutes à Oued Selsla dans la commune de Bouchtata et au Kilomètre 13 dans la commune de Kerkera.