Se peut-il qu'un dragon dise la vérité ? Gustavo Marin Garzo, écrivain espagnol, pense que oui. « Il y a toujours une lecture symbolique dans les contes pour enfants. Le dragon est réel. Il représente tout ce qui est agressif, primaire et instinctif en nous », a-t-il expliqué dans un café littéraire organisé, mercredi soir, au Salon international du livre d'Alger (Sila 2008). Un dragon qui crache du feu peut-il symboliser un régime répressif ? Possible. Martin Garzo exprimait un désaccord avec Fernado Marias Amondo, autre écrivain ibérique, qui relevait que la littérature de jeunesse est débordée par le fantastique et l'imaginaire. « Il y a beaucoup d'amour et de dragons dans cette littérature. Elle n'est pas inspirée de la vie réelle », a-t-il noté. Il a cité l'exemple des jeunes espagnols qui connaissent peu de choses de l'histoire tragique de leur pays. « Une fille de 15 ans m'a dit un jour qu'elle ne connaissait pas le vainqueur de la guerre civile espagnole. Les jeunes de mon pays sont heureux, mais leur vie est frivole. Ils sont détachés de la réalité et des problèmes de notre planète », a-t-il constaté. Fernand Amondo, qui a obtenu le prix national de littérature juvénile en 2006, axe son travail sur les thèmes inspirés de l'histoire. « C'est pour susciter l'éveil chez les jeunes, provoquer une prise de conscience des problèmes du monde », a-t-il souligné. Martin Garzo, pour sa part, a estimé que dans les contes s'exprime la littérature authentique, « la véritable vérité ». « N'allez pas chez un psychologue pour connaître un enfant. Racontez lui les contes qui lui plaisent. Ils sont révélateurs de ce qu'il est réellement », a-t-il appuyé. Martin Garzo a décroché le prestigieux prix Nadal en Espagne pour son célèbre récit Marta et Fernando. Les deux auteurs ont constaté qu'en Espagne la littérature pour jeunes est toujours sous-estimée, même si elle connaît un certain « âge d'or ».