Une fois que tout le monde aura dit oui et que l'équipe en place sera confortée par un nouveau soutien populaire, que va-t-il se passer ? Pour les adversaires du régime, et ils sont de moins en moins nombreux, ce énième chèque en blanc encouragera l'inflation verbale, budgétaire et autocratique. Pour le reste, rien ne va changer et tout va continuer selon le même schéma, des réformes qui passent d'autres et qui trépassent, de l'argent public pour le privé et des ponctions sur le privé pour financer le public, le tout sur fond de négociations permanentes avec les forces les plus rétrogrades du pays, enveloppées dans un savant dosage d'autoritarisme, de croissance réelle, de mesures sociales et d'injustices structurelles. Pourtant, le Président en visite difficile à Tizi Ouzou, capitale nationale du chahut, a promis beaucoup plus que ça. Il a parlé d'un pays en développement qui va se développer très vite, parlant même de « dragon africain », en référence aux dragons asiatiques, ces pays en retard qui ont su fabriquer de la croissance à un rythme spectaculaire. Et bien sûr, c'est possible. L'Algérie a de l'argent, elle a des hommes et des femmes compétents, du savoir et du vouloir et quelques restes de modernisme hérités d'anciennes lectures. Pourra-t-elle pour autant opérer sa mue et passer d'une république pétrolière administrée à un Etat économiquement fiable ? Rien n'est moins sûr puisque les confusions sont courantes dans la tête des dirigeants, champions de l'amalgame, confondant souvent nationalisme et dictature, compromis et compromission, pardon et oubli, hiérarchie des pouvoirs et féodalité ou téléphonie mobile et modernité. Le piège ? Confondre le dragon avec le bourourou. Ils n'ont évidemment rien à voir entre eux. Le premier fait peur aux étrangers concurrents et le second fait surtout peur à ses propres enfants.