Les défis sanitaires auxquels fait face l'Afrique ont été les principaux thèmes débattus durant deux jours au deuxième Salon professionnel des pharmaciens d'Afrique qui s'est tenu du 31 octobre au 1er novembre à Casablanca, au Maroc. Casablanca (Maroc). De notre envoyée spéciale Cette édition, placée sous le thème « Ensemble, bâtissons la santé en Afrique », a vu la participation de 100 exposants entre nationaux et étrangers à savoir la Tunisie, l'Egypte, la France, etc. Cette nouvelle rencontre scientifique a réuni l'ensemble des professionnels du secteur pharmaceutique (officines, industriels, grossisteries, différents fournisseurs d'Afrique et du Maghreb, dont une centaine d'Algériens). L'objectif de ce salon, selon Anas Alaoui, directeur général de Gold Event, société organisatrice de l'événement, est de construire des partenariats entre les pharmaciens d'Afrique et d'initier des relations économiques, scientifiques, touristiques et culturelles entre les pays africains. UN CONTINENT À LA TRAîNE Pour les organisateurs, « Dawafric a pour vocation de concrétiser surtout des partenariats Sud-Sud ». Sur le plan scientifique, Dawafric a choisi de débattre de deux grands thèmes qui touchent le continent, à savoir le cancer et le sida, a-t-il ajouté. La profession de pharmacien a été aussi au centre des débats entre les professionnels. « Discuter des problèmes rencontrés, c'est donner la possibilité de proposer des solutions pour faciliter l'accès aux soins pour ces pathologies qui entravent le développement de l'Afrique », a déclaré le Dr Anouar Fennich, président de la Fédération nationale des syndicats du Maroc. Il a tenu à souligner que la profession connaît des mutations au niveau international. L'Afrique devra avoir des propositions qui prennent en considération ses réalités socioéconomiques et ses besoins. Pour le Dr Kouassi, président de l'interordre des pharmaciens d'Afrique, le défi sanitaire qui se pose à l'Afrique réclame de chaque professionnel une implication personnelle et une veille continue. DES BESOINS URGENTS Il souligne que l'Afrique est à la traîne dans le domaine sanitaire. « Sa faible consommation en produits pharmaceutiques, par exemple, n'encourage pas les grands laboratoires à investir dans les recherches de médicaments contre les maladies typiquement africaines. Pourtant, les besoins du continent sont aussi nombreux qu'urgents », a-t-il indiqué en citant les maladies endémiques comme le paludisme, la tuberculose, le sida mais surtout les menaces de la contrefaçon. Les intervenants n'ont pas manqué de rappeler que l'accès aux médicaments en Afrique reste encore inférieur. « Les trois quarts de la population de la planète, dont la population africaine, n'accèdent toujours pas au minimum de soins en général et au médicament en particulier. » « Grâce à ce genre de rencontre telle que Dawafric, nous pouvons partager nos difficultés, échanger nos expériences et nous informer sur nos potentialités », a soutenu le Dr Ali Sedrati, président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique. Il a signalé que la consommation de médicaments atteint moins de 7 dollars par habitant et par an dans tout le continent alors que dans les pays développés, elle varie entre 300 et 400 dollars par habitant par an. Il a ainsi lancé un appel pour sensibiliser les gouvernements pour un réel investissement dans le domaine de la santé. Chader Henni, du laboratoire de contrôle de produits pharmaceutiques en Algérie a, quant à lui, mis l'accent sur les aspects réglementaires en matière de qualité de médicaments en amont, c'est-à-dire avant la fabrication. Le contrôle de la qualité des matières premières est pour lui primordial et indispensable dans tout le processus. Par ailleurs, un hommage a été rendu au Pr Jean-Claude Chermann, co-découvreur du virus du sida, nominé au prix Nobel de médecine. L'oublié de ce prestigieux prix est revenu, dans sa conférence, sur l'état de la recherche sur le sida et le travail de recherche mené actuellement dans son propre laboratoire. « Les recherches sont prometteuses », nous a-t-il confié. Le Maroc, deuxième fabricant de médicaments en Afrique Le Maroc se classe deuxième en Afrique après l'Afrique du Sud dans la production de médicaments. Il compte 37 laboratoires pharmaceutiques. Le royaume produit près de 75% de la consommation locale, mais n'exporte que 5% de sa production, essentiellement vers l'Afrique et l'Europe (France, Norvège…).