Le nombre de sans-papiers quittant volontairement la France en contrepartie d'une indemnité financière est en hausse, selon Brice Hortefeux, ministre français de l'Immigration. Alors qu'ils étaient seulement 7% à retourner dans leur pays d'origine, il y a deux ans, le pourcentage a sensiblement augmenté, encouragé sans doute par le rétrécissement du marché de l'emploi, la multiplication des contrôles d'identité et la difficulté, voire la quasi-impossibilité d'obtenir des papiers. L'idée remonte au temps de Giscard D'Estaing, en 1974. Paris De notre bureau C'est lui, le premier, qui a instauré cette politique du retour contre une aide d'installation dans le pays d'origine. Mais en plein « boom » économique de l'époque, la stratégie n'a pas donné satisfaction. Bien au contraire, des immigrés continuaient à venir en France, considérée l'eldorado de l'emploi. Autres temps, autre conjoncture économique. Toujours d'après le ministre de l'Immigration, entre janvier et août 2008, ce sont plus de 7456 personnes en situation irrégulière qui ont pris le chemin du retour, contre 913 sur la même période de 2007. Les raisons sont multiples : difficultés de trouver un travail, épuisement de toutes les voies de recours pour l'obtention du droit d'asile... En plus du payement du billet du retour, l'Etat français octroie les aides en fonction du statut familial du prétendant. Ainsi, un couple marié peut recevoir, en plus des billets d'avion, un pécule de 3500 euros, contre 2000 euros pour un adulte isolé et 1000 euros pour chaque enfant, et ce, jusqu'au troisième. L'aide au retour humanitaire concerne aussi les ressortissants de l'Union européenne. Chaque partant peut bénéficier de 300 euros et 100 euros pour chaque enfant s'il s'agit d'une famille. Mais attention, ceux qui retournent ne peuvent pas toucher la totalité des aides en une seule fois ; celle-ci est fractionnée en deux : une partie de l'argent est encaissée en France, l'autre dans le pays d'accueil. Le but, selon l'Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations (ANAEM), est de permettre au clandestin de financer un projet économique dans son pays et de développer une activité, de façon à ce qu'il ne songe pas de nouveau à l'exil. Chinois, Yougoslaves, Africains et Maghrébins, notamment Algériens ont profité de ce retour volontaire et financé en 2008. Mais on ne connaît pas encore le nombre exact en fonction de chaque nationalité. Toutefois, certaines associations de défense des immigrés et des sans-papiers dénoncent ce retour dit « volontaire », alors qu'il s'agit en fait de reconduction forcée à la frontière. Le cas des Roms est le plus édifiant, selon ces associations qui dénoncent « des opérations d'expulsion habillées en retours humanitaires ». Quoi qu'il en soit, l'Organisation internationale des migrations (OIM) estime qu'il vaut mieux finalement un retour volontaire avec un petit pécule en poche que des expulsions forcées qui coûtent plus cher aux contribuables et créent du grabuge.