La politique d'immigration choisie et concertée doit tenir compte aussi bien des intérêts des pays d'origine que de ceux du pays d'accueil ; la politique d'aide au développement des pays sources d'immigration doit être pensée à la lumière de la question des flux migratoires », a affirmé Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, le 18 juillet, devant les ambassadeurs réunis à Paris pour les Journées de la coopération internationale et du développement . Paris. De notre bureau Affirmant que ces deux principes fondent l'action de son ministère, Brice Hortefeux a indiqué que la direction générale de la coopération internationale et du développement a été mise à la disposition du ministère dont il a la charge. Le ministre a expliqué : « La transformation de notre politique d'immigration a une exigence : le rééquilibrage des différentes composantes de l'immigration, au profit de l'immigration pour motifs professionnels. » La carte « compétences et talents » Et d'ajouter : « A terme, l'immigration économique devra représenter 50% du flux total des entrées à des fins d'installation durable en France. Ainsi définie, l'immigration de travail ne représente aujourd'hui que 7% des flux migratoires vers la France. » « Le bâtiment, les travaux publics, l'hôtellerie, l'hospitalisation privée, les services à la personne mais aussi l'informatique rencontrent des difficultés à recruter. La densité médicale de notre pays sera inférieure dans 10 ans à ce qu'elle était il y a 40 ans ! S'agissant de l'informatique, une guerre mondiale des talents fait actuellement rage. Il est à la fois essentiel et urgent d'attirer et de former les meilleurs chez nous… » Pour promouvoir cette immigration choisie, le ministre a annoncé la mise en œuvre du dispositif de la carte « compétences et talents ». Cette carte, d'une durée de 3 ans, « ne sera pas réservée à une élite de superdiplômés : elle a vocation à bénéficier à des personnes qualifiées, alors même qu'elles n'auraient aucun diplôme ». Et le ministre de préciser : « Il s'agit d'organiser, non pas un pillage des cerveaux, mais une circulation des compétences. C'est pourquoi, lorsqu'elle bénéficiera à un étranger ressortissant d'un pays en voie de développement inclus dans la zone de solidarité prioritaire, la carte ‘'compétences et talents'' ne pourra être renouvelée qu'une fois : après 6 ans de séjour en France, son titulaire devra retourner dans son pays d'origine, pour le faire bénéficier de l'expérience acquise en France. De surcroît, pendant la durée de son séjour en France, il sera tenu de participer à une action de coopération en faveur de son pays. » Brice Hortefeux a annoncé qu'il installera « très prochainement » la commission chargée de piloter ce dispositif, sous la présidence d'un grand chef d'entreprise, en souhaitant que les premières cartes « compétences et talents » soient délivrées en octobre. Pour ce faire, il a invité les ambassadeurs et les consuls à s'y préparer, dans la mesure où les demandes de ces cartes pourront être effectuées dans les pays d'origine, par les personnes qui souhaitent en bénéficier. La nouvelle frontière de l'immigration choisie Par ailleurs, Brice Hortefeux a également annoncé qu'il a engagé une concertation avec les partenaires sociaux, pour l'accueil en France des travailleurs étrangers, munis de cartes de séjour « salarié », dans les secteurs professionnels et les zones géographiques caractérisés par des pénuries de mains-d'œuvre. Selon le ministre, la « circulation des compétences » ne concerne pas que les actifs. Celle-ci doit se préparer « en amont, par une politique volontariste d'accueil des étudiants étrangers ». « Il nous faut diversifier l'origine des étudiants étrangers accueillis en France et recruter davantage d'étudiants dans les disciplines scientifiques. » Pour atteindre cet objectif, « nous définirons et nous mettrons en œuvre une nouvelle politique d'orientation et d'accueil des étudiants étrangers », a souligné Brice Hortefeux. Liant la politique d'immigration nouvellement déterminée au développement des pays d'origine, le ministre estime : « A long terme, le développement est la seule solution permettant de maîtriser les flux migratoires (...) Il faut tendre la main à l'Afrique, pour que sa jeunesse puisse trouver un avenir en Afrique, au lieu de le chercher vainement en Europe. » « Les pays d'origine nous feront part de leurs besoins et s'engageront à nous aider à lutter contre l'immigration illégale, en échange de quoi nous accueillerons un certain nombre de ressortissants et formerons leurs élites, charge à celles-ci de mettre ensuite leur formation au service de leur pays. » Voilà le deal que Brice Hortefeux propose aux pays sources d'immigration. Autre indication d'importance : « Nous devons nous ouvrir aux talents venus d'Inde, de Chine, des Philippines, de Malaisie ou d'Amérique du Sud. C'est la nouvelle frontière de l'immigration choisie et, ce faisant, du rayonnement culturel de la France. »