La France veut augmenter le nombre de bénéficiaires de l'aide au retour volontaire destinée notamment aux immigrés venus d'Afrique, a annoncé hier le nouveau ministre français de l'Immigration, Brice Hortefeux. Trente ans après Valéry Giscard d'Estaing, le nouveau président français met en place une aide au retour des immigrés pour leur permettre de quitter la France. Sous Giscard d'Estaing, les Algériens résidant dans ce pays s'étaient vus proposer la somme de 10 000 francs pour retourner au bled. La proposition avait inspiré au cinéaste Mahmoud Zemmouri son film Prends 10 000 balles et casse-toi. À l'époque, cette somme représentait une petite fortune et pourtant les demandeurs ne se bousculaient pas pour l'obtenir. Cela n'empêche pas le nouveau chef d'Etat de vouloir rééditer l'expérience. La France veut augmenter le nombre de bénéficiaires de l'aide au retour volontaire destinée notamment aux immigrés venus d'Afrique, a annoncé hier le nouveau ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux. Il y avait 1 000 bénéficiaires il y a deux ans, 2 000 l'an dernier, il faut augmenter ces procédures d'aide au retour volontaire. “Je m'y engage très clairement”, a dit le nouveau ministre à la radio RFI. “Le pécule que l'on donne à ces personnes, qui retournent au pays, n'est pas négligeable, de l'ordre de 6 000 euros nets pour une famille de deux enfants”, a-t-il ajouté. Constatant que les fonds transférés par les immigrés vers leur pays d'origine sont supérieurs à la politique d'aide au développement, il a indiqué qu'il faudra “orienter cette manne vers l'investissement plutôt que vers le fonctionnement”. Depuis son entrée en fonction, M. Hortefeux a insisté sur l'importance du volet “codéveloppement” de la politique d'immigration de Paris. Il a annoncé qu'il se rendrait prochainement en Espagne et en Afrique. Sa proposition n'a que peu de chance d'être entendue. Aujourd'hui, les candidats à l'exil paient des droits de passage aux clandestins parfois supérieurs à la somme proposée pour le retour. Les harragas ne sont pas seulement des jeunes sans emploi. Ils se recrutent aussi parmi les universitaires et les commerçants qui n'hésitent pas à mettre leur vie en danger. C'est dire que les motifs de départ ne sont pas strictement économiques. L'idée de co-développement, qui paraît effectivement séduisante, risque de se heurter à un désir de liberté que ne permettront que les changements politiques dans les pays d'émigration. Autre condition qui se veut un frein à l'immigration en France : la maîtrise de la langue française. De fait, nombreux sont des étrangers en France qui ont la nationalité du pays et qui ne parlent paradoxalement pas la langue. Pour le nouveau ministre, c'est une question “de bon sens”. “Pour être intégré, a-t-il dit, il faut la langue et l'activité professionnelle”. Le président, Nicolas Sarkozy, élu le 6 mai dernier, qui veut mener une politique “d'immigration maîtrisée”, entend durcir notamment un peu plus les conditions d'entrée des étrangers. Interrogé sur la notion d'“identité nationale”, dorénavant accolée à l'intitulé du ministre de l'Immigration — ce qui a suscité de vives critiques de la gauche et des centristes —, Brice Hortefeux a assuré que “ceci ne doit pas être compris comme quelque chose de menaçant mais, au contraire, comme une initiative visant à donner de la cohérence”. Y. K.