Le téléphérique d'Oran a eu la part belle des débats qui ont eu lieu hier à l'hémicycle, lors de la dernière session de l'APW qui a consacré son ordre du jour à l'adoption du budget de la wilaya. Un budget qui s'élève cette année à 1,94 milliard de dinars dont 1,3 proviennent de la fiscalité. A ce propos, alors que le budget a enregistré une augmentation de 572 millions de dinars (29%) par rapport à celui de l'exercice précédent, les recettes fiscales ont, elles aussi, grimpé de 382 millions de dinars (28%). La wilaya a consacré 140 millions de dinars pour la rénovation du téléphérique contre 100 millions débloqués par l'APC d'Oran, détentrice de la ligne et promotrice du projet. « Avec la modique somme dégagée par la mairie, l'aide de la wilaya est un véritable investissement », s'étonne un élu qui a suggéré de faire participer cette dernière instance dans la gestion de ce moyen de transport qu'on compte aujourd'hui réactiver. 1,5 million de déplacements par jour En fait, ce téléphérique, réalisé par une firme suisse pour renforcer les moyens de transport avec la ligne Oran-Les Planteurs et pour des besoins touristiques (en reliant la ville à ses hauteurs), n'a fonctionné que de 1988, date de sa mise en service, à 1993. Il a comptabilisé 240 000 heures de travail, ce qui représente un record pour la firme suisse qui a également, selon le directeur des transports, remarqué le niveau de qualification des travailleurs de la régie communale qui se sont montrés à la hauteur, que ce soit dans la gestion ou dans la maintenance. Malheureusement, à l'apogée de la menace terroriste, cette installation, qui a fait la fierté de la ville, a subi des actes de sabotage qui l'ont immobilisée. Selon le directeur des transports, les trois quarts des équipements sont toujours intacts. La somme indiquée, 240 millions de dinars en tout, sera donc entièrement réservée à la rénovation des parties dégradées, au lieu de financer une nouvelle installation à hauteur de 1 milliard de dinars. « Ce projet représente-t-il une priorité ? » s'interroge cependant un autre élu en pensant aux citoyens résidant dans les habitations de fortune situées au-dessous de la ligne. « Comment pouvons-nous admettre que, du haut de ces belles télécabines, des touristes nationaux ou étrangers puissent s'accommoder de l'image de la précarité dans laquelle vivent nos concitoyens et dans leur intimité par-dessus le marché ? » s'est exclamé un autre participant au débat qui aurait voulu qu'on s'intéresse au sort des humains plutôt qu'à celui du « métal », aussi beau soit-il. Cette priorité devant être accordée aux habitants a été prise en considération par le chef de l'exécutif qui a rappelé l'opération de relogement de 3000 familles du quartier les Planteurs et un autre projet de 6000 logements qui restent à réaliser dans le même cadre. Le budget a fini par être adopté, mais la décision finale revient, pour ce qui est du téléphérique, à la commune. La régie de transport communale RCATUO, sera dotée de 50 nouveaux bus de 1 milliard de centimes chacun et d'une station de démarrage de 20 milliards de centimes. En moyenne, Oran compte 1,5 million de déplacements par jour. « Quand une ligne dépasse 5000 déplacements /jour pendant les heures de pointe, la norme internationale exige de passer au stade tramway (12 000 pour le métro) », atteste le responsable des transports qui constate que les lignes principales d'Oran dépassent les 6000 déplacements. L'étude de réalisation du tramway d'Oran sera entamée en 2005 et il faudra compter plus de 36 mois de travaux. Entre temps, les désagréments liés au transport, exclusivement assuré par un secteur privé éparpillé, auront de beaux jours devant eux.