Avec près de quatre mois de retard, l'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger se penche sur l'adoption du budget primitif pour l'année en cours. Les travaux de la plénière, entamés depuis hier, devraient aboutir « sans surprise » à l'adoption dudit budget. « Une simple formalité », selon les élus, car, expliquent-ils, les opérations soumises au vote de l'Assemblée ont déjà été amorcées et qu'« une grande partie » du budget consacré a été consommée. Lequel budget est de l'ordre de 13 milliards de dinars, répartis sur les deux volets : fonctionnement et équipements. Le premier a été doté de 7,4 milliards de dinars et le second de 5,6 milliards. Un semblant de débat a caractérisé la séance d'hier, dont la matinée entière a été consacrée aux points à inscrire à l'ordre du jour. Celui-ci a finalement subi une véritable « purge » de la part de la coalition FLN-RND. Deux dossiers des plus importants ont été « renvoyés » pour étude à une « future » session malgré les protestations de quelques voix des partis El Islah et FFS. Il s'agit des dossiers de La Casbah et des défalcations des terres agricoles. « Si ces défalcations, estime Ferrah M. Arezki, ne font pas l'objet de délibération avant le 28 avril - jour où le délai légal expirera - et correspondant à un mois de la date de la saisine du wali, elles deviendront effectives de fait. » Pour lui : « Il y a comme une volonté de mettre l'Assemblée devant le fait accompli. » Le dossier des défalcations des terres agricoles pour le compte de projets d'utilité publique, - environ 600 ha ont été défalqués - et 128 opérations de ce genre ont été recensées, selon une source à la wilaya, n'a pas encore révélé tous ses secrets...et peut-être jamais. Retenues finalement comme ordre du jour et après moult palabres : l'étude du budget primitif ainsi que la présentation du bilan de l'exécutif de la wilaya. Signe peut-être du refroidissement des relations entre le président de l'APW, Mahmoud Zaïm, et le wali d'Alger, Mohamed Adou, ce dernier n'a même pas été invité à prendre la parole durant presque toute la séance. M. Zaïm nous expliquera cette « entorse » au « protocole » par le fait que le « wali n'a daigné remettre à l'Assemblée une copie de son bilan que le matin même de la session ». Un des responsables nous rappellera que le wali n'est pas « comptable devant l'APW, mais plutôt devant le président de la République qui l'avait installé ». Qu'à cela ne tienne, les différents chapitres compris dans le projet du budget primitif, inspiration exclusive des services du wali d'Alger, étaient adoptés les uns après les autres et à l'écrasante majorité... sans que les 55 élus n'eussent le temps de connaître leur teneur. Les fiches techniques portant différentes opérations, qui leur ont été remises « tardivement » bien sûr, étaient, de l'avis de beaucoup d'entre eux, « indéchiffrables ». Aucune réserve Le compte rendu du rapporteur de la commission des finances de l'APW était pour le moins que l'on puisse dire « lisse ». Aucune réserve, ni amendements importants n'ont été apportés au document portant budget de la wilaya, ce qui fera sursauter un élu d'El Islah, Salim Sanhadji, qui s'interrogera à haute voie sur l'utilité d'un « tel débat, si tout le monde est d'accord ! » Il dira en sus que les amendements qu'il avait lui-même proposés n'ont même pas été « pris en compte » par ladite commission. Certains élus de l'opposition ont vu en cette adoption « expéditive » une énième « manifestation du deal » qui a toujours animé le tandem wali-P/APW. Fragilisé depuis la parenthèse Benflis, à qui l'actuel président de l'APW a apporté son « soutien » actif, Mahmoud Zaïm a, en définitive, accepté la demande des fameux « 22 élus » de l'Assemblée de tenir une session extraordinaire qui aura lieu dans dix jours et qui sera consacrée au fonctionnement de l'institution. Une Assemblée qu'avait qualifiée Aït Chérif, élu FFS, de « faire-valoir » tant elle n'a aucune emprise sur la gestion des affaires de la cité. Les interventions les plus « chaudes » des « débats » reviennent sans conteste aux élus El Islah et FFS. Ces derniers ont soulevé, entre autres points, la signature par le P/Apw au profit de l'exécutif d'autorisations spéciales de budget sans passer par la plénière (article 142 du code de wilaya), la première datant de novembre 2003, d'un montant de 1,7 milliard de dinars et la seconde d'octobre 2005 de1,5 milliard de dinars. Ce que le directeur du budget, M. Ouares, a catégoriquement réfuté. L'autre point, soulevé par M. A. Farah, est le dossier des « bons d'essence ». Selon lui, « 100 bons d'essence d'une valeur de 120 millions de centimes sont à situer ». La question a été éludée par les responsables. D'autres points aussi ont été cités comme le maintien d'une allocation de 2 millions de dinars pour la formation des élus, alors que l'Assemblée arrive à sa fin de mandat. M. Zaïm répondra à ce titre que le « programme de formation initié avec l'Ecole nationale d'administration ne pouvait être abandonné ». Ont été évoqués également les frais d'avocats qui s'élèvent à 1,5 million de dinars que les responsables ont justifiés avec le nombre d'affaires traitées par les 7 avocats.