On ne désespère pas de voir la carte sanitaire et universitaire de Béjaia réajustée, à l'instar des wilayas de même envergure, par l'apport d'un Centre hospitalo-universitaire (CHU). L'idée avait germé du temps où les affaires de la santé étaient confiées à la direction du docteur Hamou Mansouri, un chirurgien natif de la ville parti depuis prendre les destinées du CHU de Tizi Ouzou. Elle est devenue une perspective concrète lorsque, en août 2006, M. Abdelaziz Belkhadem, à l'époque chef du gouvernement, a annoncé la structure comme acquise pour la région du haut de la tribune de l'université d'été du FLN. Dés la rentrée universitaire qui suivit, la toute nouvelle faculté de médecine recevait ses premiers étudiants en la matière, en attendant l'inscription du CHU tant attendu. Mais la loi de finances 2009 a été adoptée sans prévoir la dotation du projet provoquant, entre autres réactions, la colère du P/APW qui y a décelé une énième entrave au développement dans la wilaya. Les étudiants de la faculté de médecine pour leur part, ne comptent pas rester les bras croisés. Ne comprenant pas qu'une faculté de médecine soit lancée avant qu'on ait pensé à la réalisation d'un CHU, ils annoncent « un mouvement de protestation » pour les prochains jours. Dans ce forcing, une association fait son entrée. Ils sont une quarantaine de membres fondateurs entre universitaires, médecins et économistes. Les Amis de la Faculté de Médecine de Béjaia (AAFMB), l'agrément en poche, prévoient des états généraux le 6 novembre prochain au niveau du centre universitaire de Aboudaou, où ils ont ouvert un bureau. Selon son président, M. Fatah Bouhmila, outre les membres de l'association, seront conviées toutes les personnalités influentes de la région dont les élus et le vivier médical et universitaire. L'association s'interroge sur le motif des « lenteurs ». S'agit-il de retards liés aux exigences financières ou au préalable de la disponibilité d'une assiette foncière pour la construction du CHU ? A moins que, le laisse-t-on entendre à demi mots, le renvoi aux calendes grecques n'ait « une connotation politique ». On considère ainsi, du coté de l'AAFMB, qu'une faculté de médecine sans CHU est non seulement un non-sens mais aussi « une provocation ». L'association craint par ailleurs la disparition de la nouvelle faculté au même titre que d'autres de faible enracinement. Pourtant, souligne-t-on, on ne ménage au niveau de la faculté aucun effort pour tirer vers le haut la qualité du cursus. En est pour preuves les résultats jugés « satisfaisants » aux derniers examens dont les contenus ont été alignés sur ceux des universités de Tizi Ouzou et de Annaba. Autre argument pédagogique, les conventions signées avec les facultés de médecine de Montpellier et de Amiens (France). Des propositions sont avancées pour lever les contraintes. En premier, comme solution transitoire, procéder au changement statutaire de l'hôpital Khellil Amrane. Ce qui doit se réaliser par une mise à niveau de l'organisation et de l'infrastructure. Elle consiste notamment, croit on savoir, en la mise en place de deux grands services devant accueillir les étudiants. Suit « l'urgence » de la promulgation d'un décret. Et par conséquent de l'inscription au plan de la construction d'un CHU. L'obstacle du foncier est en ce sens vraisemblablement levé, d'après M. Bouhmila. Des communes limitrophes à celle du chef-lieu de wilaya seraient prêtes à accueillir l'infrastructure, assure-t-on encore.