C'est une première : l'histoire de l'hymne national algérien est enfin écrite. Lamine Bechichi et Abderrahmane Benhimda viennent de publier, aux éditions Alpha et avec le soutien de la fondation Moufdi Zakaria, L'épopée du chant Qassaman. Le livre est accompagné d'un CD portant les quatre versions de ce chant patriotique. La première version avait été composée par Mohamed Touri en 1955, la deuxième en 1956 par le Tunisien Mohamed Triki et la troisième, par l'Egyptien Mohamed Fouzi. Cette dernière version a été remaniée pour être retenue au lendemain de l'indépendance en 1962 comme hymne national. Abderrahmane Benhamida explique que ce chant a connu des évolutions au fil du temps et « des turpitudes de la politique ». « A l'indépendance, nous avons ramené les choses à leur juste mesure », dit-il. Il rappelle que par décret publié en 1986, signé Chadli Benjedid, l'hymne national a été définitivement consacré. « Notre livre est un travail pédagogique destiné aux jeunes (...) On aurait dû réagir auparavant. Nous n'étions pas suffisamment armés pour pouvoir faire ce travail. Maintenant, on est plus à l'aise pour pouvoir évoquer les choses, essayer d'expliquer et d'avancer. Il fut un temps où on ne pouvait pas le faire », note-t-il. Abderrahmane Benhamida, 77 ans, ancien condamné à mort, estime qu'il ne faut pas laisser les choses dans le vague. Mais pourquoi Moufdi Zakaria, auteur de Qassaman, est-il mort en exil ? « C'était un homme libre », répond-il. Assis à côté, Slimane Chikh, président de la fondation qui porte le nom du poète, relève que la mort en exil est le lot de gens qui disent ce qu'ils pensent. La fondation active actuellement pour collecter toutes les œuvres, poèmes, proses, écrits journalistiques de l'auteur du Feu sacré.