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Empreinte
La littérature : une remise de soi et de l'autre
Publié dans El Watan le 30 - 12 - 2004

Tout acte humain est politique. La littérature étant par définition une production humaine, voire humaniste, est un acte politique, bien évidemment.
Mais pas seulement, car la littérature est avant tout un regard porté sur soi et l'autre. D'une façon approfondie et à travers tous les frissons de l'intime, les labyrinthes de la mémoire, l'accumulation de futilités microscopiques qui, réunies, font l'histoire et l'Histoire. Cette littérature doit être impérativement enracinée dans le territoire de celui qui écrit et le terroir (le terreau) du pays où il vit et qui l'inspire. Le rapport entre Faulkner, par exemple, et Jefferson, sa ville natale et très petite, a fait le génie de cet écrivain. Car avec ces romans, le grand écrivain américain a fait du localisme, à partir de Jefferson, qui s'est transformé en universalisme. C'est pourquoi le mythe de la littérature de l'exil souvent sublimé pour des raisons de mauvaise conscience et de complexe politique n'est qu'un mythe. Le terreau, dans le sens large du terme, est essentiel. L'œuvre des grands écrivains qui ont marqué le XXe siècle est liée à cette osmose entre le pays et l'écrivain. Car, c'est de là et seulement de là que le grand œuvre put jaillir. Cette condition est nécessaire, mais pas suffisante. Car ce qui a fait la grandeur de ces écrivains, c'est, en dehors de leur atavisme et de leur attachement maladif à leur pays et aux gens de leur pays, les techniques de l'écriture. Si la thématique est importante et qu'elle est de toute manière politique et donc adossée à l'Histoire, elle a besoin de casser les tabous, de subvertir le sens commun, de remettre en question le soi-même, l'autre et donc le monde. Cette littérature est alors une ascèse sur l'être par rapport à la personnalité de l'être, avec tout ce qu'elle porte en elle d'éléments douloureux dus à l'histoire personnelle, aux séquelles et autres archaïsmes de la tradition, et aussi aux éléments jubilatoires de la vie elle-même. En effet qu'est-ce que vivre, sinon être en quête du bonheur ? Mais définir d'emblée la littérature comme politique, c'est déjà la coincer quelque part. C'est déjà la vider de son être propre, de son sens interne, de sa propre logique intégrée, c'est l'enfermer dans le préfabriqué, le préconçu et la banalité. Si un texte politique doit être efficace, le texte littéraire, au contraire, doit être inefficace ! Car il n'y a aucune efficacité à attendre de la littérature. Toute vraie littérature, écrivait Proust, « doit être fondée sur les notions de gratuité, de ludisme et de plaisir. On pourrait dire même que la vraie littérature doit être fondée sur le futile, le dérisoire et le superflu ». Parmi les novateurs du roman américain, Dos Passos, chez qui la circulation du politique est très importante. La Grosse galette ou Manhattan Transfert sont des textes de subversion politique totale. Ils remettent en question une vision lénifiante des Etats-Unis d'Amérique des années 1930. Pourtant, Dos Passos, par sa technique typiquement américaine qui rappelle les techniques cinématographiques, a inventé une nouvelle façon de produire du roman, c'est-à-dire de produire du texte qui produit du sens. Mais ce qui reste de Dos Passos, ce n'est pas son regard et sa vision critiques des USA de son époque, mais sa façon d'organiser, de structurer et de ligaturer ses romans. Roland Barthes écrit à ce sujet dans Sade, Fourier et Loyola : « L'intervention sociale d'un texte ne se mesure pas à la popularité de son audience ni à la fidélité du reflet économico-socio-politique qui s'y inscrit ou qu'il projette vers quelques sociologues avides de l'y recueillir, mais plutôt à la violence qui lui permet d'excéder les lois qu'une société, une idéologie, une philosophie se donnent pour s'accorder à elles-mêmes, dans un beau mouvement d'intelligibilité historique. Cet excès a un nom : écriture. » La littérature n'est pas faite pour que les sociologues, les psychologues ou les politologues la récupèrent. Elle est un texte où les techniques et la structure sont essentielles et plus importantes que la thématique. C'est cette technique qui fait la différence. C'est elle, en définitive, qui crée et fonde la remise en question de soi et de l'autre.

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