Au terme d'une année qualifiée unanimement de catastrophique, autant par les agriculteurs de la wilaya de Constantine que par les services agricoles, on se rend compte avec le recul que cet exercice 2004 hantera longtemps encore les esprits. Surtout dans les milieux de la céréaliculture, particulièrement affectés par les énormes dégâts causés par le champignon appelé la rouille jaune. Favorisée par un excès d'humidité, cette maladie à caractère épidémique aurait, selon les spécialistes phytosanitaires de la DSA, dévasté 36 000 ha des cultures de blé tendre sur les 44 000 ha cultivés. Plus résistants à ce champignon, le blé dur, l'orge et l'avoine ont été quelque peu épargnés par ce sinistre. Au final, c'est malgré tout un bilan désastreux que les services compétents ont présenté vu que les deux tiers de la production été compromis. Au plan chiffré, la perte a été estimée à près de 800 000 q, toutes céréales confondues, et ce, par rapport à la production de la campagne 2003 qui avait enregistré à son compteur le chiffre record de 1 million et 1,406 million 900 de quintaux. Dès lors, on comprend mieux la profonde inquiétude qui avait gagné à l'époque les milieux des céréaliculteurs où le problème des indemnisations avait soulevé moult interrogations et déclenché à un moment donné un mouvement de protestation vite étouffé dans l'œuf, les pouvoirs publics ayant entre temps ouvert généreusement les cordons de la bourse. Mais il était écrit quelque part que la série noire allait s'incruster pour obscurcir davantage encore une saison agricole, placée décidément sous de mauvais augures. En effet, l'Institut national de la protection des végétaux (INPV) allait dans le même temps tirer la sonnette d'alarme pour mettre en garde les arboriculteurs sur le péril qui pesait sur les différentes variétés de pommes dont la golden delicious et la hanna menacées par la tavelure, une maladie à large spectre qui risquait de compromettre la production. Cette même structure, sur la base d'informations fiables fournies par ses observateurs, allait diffuser, à quelques jours d'intervalle, un autre bulletin d'alerte concernant cette fois-ci le mildiou, un champignon qui menaçait les cultures de vigne et celles de la pomme de terre. Pour couronner le tout, les spécialistes phytosanitaires ont lancé un troisième bulletin d'alerte sur la menace pesant sur les cultures de variété de pêches dites Mmy flowers et cardinal. Au bout du compte, ces différents champignons se sont traduits par d'importantes pertes de rendement. Toutefois, selon les services compétents, le pire a pu être évité grâce à la vigilance de l'INPV. Mais, pour autant, les services agricoles n'étaient pas au bout de leurs peines. Quelques mois plus tard, en pleine saison automnale, l'inspection de la protection des végétaux de la DSA informait ses instances supérieures de l'infestation par les rats de 5000 ha de terres agricoles, réparties sur le territoire des 12 communes de la wilaya de Constantine. Un seuil d'alerte maximum qui allait mobiliser un important réseau de surveillance chargé de localiser avec précision les zones infestées, d'en déterminer l'ampleur et de proposer les mesures d'éradication les plus fiables. Le constat allait révéler l'infestation de 2048 ha par des rats des champs et ce à raison de 40 terriers à l'hectare et de 2932 ha par des rongeurs appelés « mériones de Shaw » dont les capacités de nuisance ont fait craindre le pire. Sur la base de ces informations, de grosses quantités de raticide ont été utilisées, notamment des appâts empoisonnés. Pour l'heure, aucun bilan précis n'est établi, mais selon certaines indiscrétions, les rongeurs n'auraient pas cédé tous les espaces escomptés. Les espaces agricoles de la wilaya de Constantine ont cependant été préservés du terrible péril acridien. Et c'est bien là l'un des rares motifs de satisfaction qu'évoquent les services compétents qui n'ont pas eu, fort heureusement, à faire la démonstration de l'efficacité du dispositif de lutte mis en place depuis le mois d'avril 2004.