Au deuxième jour du débrayage lancé par la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, les animateurs de ce mouvement ont affiché, « en dépit des pressions, des coups bas et de la désinformation », leur satisfaction quant au succès de leur action. Les fonctionnaires – du secteur de l'éducation notamment – qui étaient réticents au premier jour de la grève, se sont joints hier à la protesta, gonflant ainsi les rangs des mécontents. Indigné par les propos tenus par le ministre de l'Education, M. Mériane porte-parole de la coordination des syndicats autonomes, a fustigé ce dernier en lui rappelant que les syndicats n'œuvrent pas en rangs dispersés et ne cherchent pas à être des patrons d'organisations. « Il y a une lutte syndicale sur le terrain et non des luttes de leadership. Nous sommes regroupés autour de la coordination et nos objectifs sont connus. Si Benbouzid qualifie de non-événement notre grève, pourquoi toute cette agitation et ce branle-bas de combat pour casser notre mouvement ? », s'est interrogé M. Meriane. Les syndicats autonomes, selon ce dernier, ne sont pas affaiblis. Bien au contraire, dit-il, ils gagnent chaque jour du terrain et ce, malgré les barrières dressées par les pouvoirs publics. « Le ministre de l'Education a posé le problème de compétitivité entre le Snapest et le Cnapest et les accuse d'accaparer le terrain de la lutte et au même moment. Il invite au milieu de la protestation le Cnapest pour une séance de travail, pourquoi ? », s'est encore demandé M. Mériane. Notons qu'en matière de taux de suivi, en plus d' Oran, El Bayadh, Adrar, Béchar, Béjaïa, Oum El Bouaghi, Jijel, hier c'était au tour d'autres régions, notamment Bouira, Djelfa et Tizi Ouzou de faire le plein. Réfutant les comptes rendus des ministères de la Santé et de l'Education qui se sont mis apparemment d'accord pour donner le même taux de suivi à savoir 4% à l'échelle nationale, les responsables de la coordination ont estimé qu'hier, les établissements de santé publique de plusieurs wilayas du pays ont adhéré au mot d'ordre de grève tout en assurant un service minimum. Au CHU Mustapha Bacha d'Alger comme à l'hôpital Lamine Debaghine de Bab El Oued (ex-Maillot) et d'autres, seules les urgences étaient opérationnelles. « Nous assurons le service minimum. Hormis les urgences, tous les autres services sont en grève, y compris les blocs opératoires », a soutenu M. Mériane. Preuves à l'appui, le porte-parole de la coordination a tenu à battre en brèche les pourcentages avancés par les deux ministères (Santé et Education) en indiquant que la wilaya d'Oran à elle seule a réalisé un pourcentage record dépassant de très loin les 4% donnés par les représentants du gouvernement. Les maîtres assistants, les professeurs et docents, les médecins généralistes et les psychologues, les enseignants des trois cycles sont depuis dimanche à cheval pour réussir ce débrayage. « Nous attendons une réponse concrète à nos revendications. Nous revendiquons l'amélioration de la situation socioprofessionnelle des fonctionnaires algériens ainsi qu'une reconnaissance, par les pouvoirs publics, des syndicats autonomes de la Fonction publique comme partenaires à part entière », ont rappelé les manifestants. Ces derniers demandent également « la revalorisation du point indiciaire afin d'améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires ainsi que l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire ». Concernant la menace de sanctions qui pèse sur la tête des grévistes, M. Mériane s'est dit habitué à ce type de pratique, mais estime que cela doit se passer dans le respect des lois de la République. Il y a, à son avis, des mécanismes de rétention sur les salaires qui ne font nullement allusion à la suppression de la prime de rendement. Le pouvoir doit comprendre, expliquent les syndicats, que ni les ponctions sur salaire ni les menaces ne vont faire fléchir d'un iota leur détermination à arracher leurs droits. Par ailleurs, pour la dernière journée d'aujourd'hui, les syndicats de la santé organisent des méga-rassemblements au niveau des hôpitaux d'Alger, Oran, Annaba et Constantine.