Selon les syndicalistes, le mouvement de protestation a eu un plus grand écho, hier, avec une importante adhésion des fonctionnaires. Au deuxième jour du débrayage lancé par la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, les animateurs de ce mouvement de trois jours ont affiché, en dépit des menaces des autorités, leur entière satisfaction quant au succès enregistré sur le terrain par leur action. Les réticents se sont joints hier au mouvement, gonflant ainsi les rangs des grévistes du secteur de l'éducation. “Les pouvoirs publics ont utilisé des méthodes archaïques, telles que les menaces et la guerre des chiffres, pour casser la dynamique du mouvement, mais cela n'a fait que renforcer la légitimité de notre grève. D'ailleurs, il y a eu une nette amélioration quant à la participation des fonctionnaires”, déclare Méziane Meriane, secrétaire général du syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest).Hier encore, ils étaient nombreux à se rendre sur leur lieu de travail et observer des piquets de grève, des sit-in et des assemblées générales. À l'unanimité, les propos des protestataires convergent vers le même sens. Refus de la grille des salaires, révision du régime indemnitaire, participation des syndicats autonomes aux négociations, amélioration des conditions de travail. Ils estiment que les augmentations qu'ils qualifient d'insignifiantes sont déjà absorbées par une inflation. Les syndicalistes seraient prêts à durcir le ton et aller vers un débrayage illimité si le gouvernement persistait à ignorer leurs revendications. “Je suis désolé d'être aussi pessimiste, mais il faut aller vers une grève générale ouverte pour arracher nos droits”, s'exprime Mme Louber enseignante en secondaire. Dans le secteur de l'éducation, la périphérie d'Alger est était au rythme de la protesta qui a ciblé les établissements scolaire des trois paliers. Selon les témoignages recueillis sur les lieux, le taux du débrayage frôle les 80% dans cette région, contrairement à Alger-centre où le taux de suivi est arrivé, en ce deuxième jours de mouvement de contestation à 40%. “Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout, nous n'arrivons plus à subvenir à nos besoins, s'ajoute à cela la charge horaire revue par le ministre de l'éducation qui n'arrange ni l'enseignant et encore moins l'élève”, s'insurgent les professeurs de l'école primaire de Bir-Mourad-Raïs centre. Le même écho a été réitéré dans le secteur de la santé qui a enregistré un taux de participation supérieur à 85%. Selon les protestataires, le bras de fer engagé entre les syndicats autonomes de la Fonction publique et le gouvernement n'est pas motivé par la seule demande salariale. Fondamentalement, la grève observée depuis dimanche dernier structure la lutte des syndicats autonomes pour la reconnaissance de leur statut de partenaires sociaux. “La balle est dans le camp de l'exécutif. Un chef du gouvernement doit respecter les engagements de son prédécesseur, et non ignorer le marasme social et mépriser les fonctionnaires”, réplique un chef de service de l'hôpital Mustapha-Pacha. Un avis qui est partagé par le président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, Mohamed Yousfi, qui estime que “le gouvernement refuse d'ouvrir le dialogue. Au lieu de résoudre le problème des fonctionnaire, il s'attarde sur des statistiques et menace les travailleurs qui n'ont plus rien à perdre”. Nabila Afroun