Le gouvernement, selon l'intersyndicale, doit ouvrir les canaux de négociation et satisfaire les revendications avant que la colère des travailleurs ne vire au chaos social. Ce qui intéresse les initiateurs de ce mouvement de débrayage ce sont l'éveil et la renaissance syndicaux et non la guerre des chiffres, selon les syndicats qui affichent une entière satisfaction quant au suivi du mot d'ordre de grève. La grève de trois jours décrétée par l'intersyndicale a été, pour la première journée d'hier, un grand succès et une très grande satisfaction pour ses initiateurs. » C'est là l'avis des responsables des huit syndicats autonomes composant l'intersyndicale de la Fonction publique. Une fois encore, les travailleurs des secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la santé et d'autres secteurs de la Fonction publique ont été, selon les animateurs de ce mouvement de protestation, deuxième du genre depuis le début de l'année 2008, au rendez-vous en répondant massivement, aux quatre coins du pays, au mot d'ordre de grève. La « révolte » des travailleurs exprime incontestablement leur détermination inébranlable à arracher leur droit légitime. Les centaines de travailleurs qui ont adhéré au mouvement de grève réclament tout simplement un statut leur assurant une dignité, une stabilité, des conditions de travail adéquates ainsi qu'un pouvoir d'achat leur permettant une vie décente. Ce nouveau débrayage vise, entre autres, à convaincre le gouvernement de s'asseoir autour de la table de négociations. « Nous restons attachés à notre plate-forme de revendications qui tourne autour de la consultation des syndicats autonomes dans l'élaboration des nouveaux statuts particuliers et du régime indemnitaire. Nous exigeons surtout une réévaluation du point indiciaire pour assurer des salaires décents à nos travailleurs en fonction de la cherté de la vie », ont soutenu les travailleurs en grève. Hier, les établissements du secondaire ont été paralysés à plus de 90%, les universités dans lesquelles active la coordination des sections (CNES) ont répondu favorablement au mouvement de débrayage, puisque les universités de Bab Ezzouar, Jijel, Ouargla, Béjaïa, Blida, Mascara et Oran ont été, selon M. Cherbel, représentant la section de l'USTHB, toutes bloquées. Le secteur des paramédicaux a été à 50% paralysé. Les syndicats refusent pour l'heure d'avancer un taux de suivi afin d'éviter la guerre des chiffres avec les ministères de tutelle. « La lutte syndicale ne doit pas être confinée au niveau des chiffres. Certes, nous allons faire une évaluation générale au troisième jour de grève afin d'avoir une idée approximative sur le taux de suivi », a soutenu M. Lemdani. Cependant, du côté du ministère de l'Education, les responsables de ce département ont vite fait d'établir une estimation pour la première journée en avançant un taux qui situe la moyenne nationale à 6,24%. « 30 608 travailleurs ont répondu à l'appel à la grève lancé par la Coordination des syndicats autonomes, sur un total de 490.771 travailleurs des personnels de l'éducation nationale, soit un taux de suivi de 6,24% », ont annoncé dans un communiqué les responsables du ministère de l'Education. D'après un tableau récapitulatif, le plus important taux a été enregistré à Khenchela (20,89%) et à Bouira (19,70%), suivies de Tizi Ouzou (13,98%) et Annaba (12,02%), tandis qu'à Béchar, Tamanrasset, El Bayadh et Tindouf, elle n'a pas été suivie du tout, a précisé le ministère Sur ce point, les syndicats regrettent l'indifférence affichée par le ministère par rapport à leur action en se basant sur des futilités. « Notre grève est une réussite et cela fait peur aux pouvoirs publics qui vont tenter de la minimiser », explique-t-on. M. Lemdani du Cnapest affirme que l'élément fondamental pour l'intersyndicale est l'éveil syndical. « La première journée du débrayage a été une totale réussite, car il y a eu une renaissance syndicale et une prise de conscience au niveau des fonctionnaires. Ces derniers sont prêts à défendre leurs revendications socioprofessionnelles et ceci est un acquis élémentaire et un bon départ », a-t-il indiqué en admettant que la lutte syndicale est un apprentissage et l'intersyndicale travaille dans cette optique. « Au lieu de nier une réalité claire et de s'amuser à jouer la carte des chiffres, il est préférable pour le gouvernement d'ouvrir les canaux de la négociation et la satisfaction des revendications avant que la colère des travailleurs, jusque-là canalisée par les syndicats autonomes, ne vire au chaos social », a souligné M. Sadali du Satef. L'ensemble des représentants des syndicats se félicite de la maturité et du courage des travailleurs qui ont su déjouer les manipulations des casseurs de grève et faire face aux pressions de l'administration qui se sont « apparentées, par endroits, aux méthodes policières ».