Au Front national algérien (FNA), on ne parle plus d'une seule voix. Le projet de révision de la Constitution sème la division dans les rangs de cette jeune formation qui a fait son ascension lors des élections législatives et locales de mai et novembre 2007. Avec un président ouvertement contre la démarche et un groupe parlementaire majoritairement pour, le parti risque l'implosion, d'autant plus que la contestation interne ne s'est toujours pas tassée. Moussa Touati, membre fondateur et président de la formation, exprime en toute clarté, ces derniers jours, son opposition. Une position qu'il a eue à faire savoir aux membres de son groupe parlementaire qu'il a réunis dimanche avec ceux du bureau politique pour débattre de la question. Mais en face de lui, douze sur les quinze députés FNA adhèrent entièrement à cette révision et affirment, dans un communiqué rendu public hier ,qu'ils voteront pour ce projet. « Le président du parti a exprimé son opposition et chacun des députés a dit ce qu'il pensait de cette révision. Et la majorité a déclaré son soutien pour le projet. Le président nous a demandé de nous abstenir. Mais nous sommes douze députés à être résolument décidés à voter demain en faveur de cette révision. La parole du président, nous la respectons, mais il n'est pas prophète et ses décisions ne sont pas exemptes d'erreurs », souligne Mohamed Benhamou, député et ancien président de la commission des transports à l'APN, qui se présente comme le porte-parole des députés FNA qui approuvent le projet de réaménagement de la Loi fondamentale. Pour lui, il ne s'agit pas de sortir de la ligne politique du parti. « Nous sommes un parti nationaliste. Nous ne pouvons donc pas voter contre des amendements constitutionnels qui consolident la famille révolutionnaire et qui renforcent la place de la femme dans la vie politique », explique M. Benhamou, qui souhaite que le président du parti soit « compréhensif ». Il estime qu'il est nécessaire que M. Touati se porte candidat à l'élection présidentielle de 2009, afin de permettre au parti d'être omniprésent sur la scène politique. « Nous refusons la politique de la chaise vide, de l'opposition pour l'opposition. Nous aspirons à un changement pacifique et nous croyons que ce changement ne peut venir que de l'intérieur », ajoute M. Benhamou. Si Moussa Touati refuse, un autre cadre du parti se présentera, indique ce député de Tlemcen qui ne considère pas une telle participation comme une « caution » à la réélection du président Bouteflika. M. Benhamou exclut que cette divergence sur la révision de la Constitution se transforme en un conflit interne aux conséquences incalculables. Le président du groupe parlementaire du FNA, quant à lui, s'attache à la décision du parti et de son président. Saâd Laârous, qui affirme que le groupe est passé à 28 membres (13 sont venus d'autres formations), préfère la discipline politique et affirme qu'il s'abstiendra de voter en application des consignes de la direction du parti. « Les consignes du président du parti sont claires : les députés FNA doivent s'abstenir de voter. Maintenant celui qui veut suivre un autre chemin, il est libre et assume son acte politique », précise-t-il. Ainsi, entre les pour et les contre, le FNA risque de plonger dans des lendemains incertains.