Fatseh Chibane, le P/APC, tendance RCD, de Timezrit, a été lâchement assassiné mercredi dernier en fin de journée sur la route d'Adekar. Béjaïa. De notre bureau Il a été enterré vendredi dans son village natal, en présence d'une foule immense venue lui rendre un dernier hommage. Le drame s'est produit alors que le défunt revenait d'une mission de travail effectuée à Alger en compagnie du chauffeur et du chef de parc de la commune. D'après le témoignage de Mohand Tahar, le chef de parc, il était près de 16h40 lorsque le chauffeur s'est arrêté dans un endroit désert pour satisfaire un besoin naturel peu après avoir passé le barrage fixe de la BMPJ d'Adekar sur la RN12. En s'éloignant du véhicule, la chauffeur est tombé nez à nez avec un homme en civil, armé d'une kalachnikov et arborant une carte professionnelle de la police épinglée sur son gilet. Quelques secondes plus tard, un autre pseudo policier, en tenue de la BMPJ, rejoint son acolyte. « Nous sommes en embuscade. Il y a eu du grabuge dans le secteur », dira l'un des faux policiers. Assurés de se trouver en compagnie de vrais policiers, les trois occupants de la voiture sont descendus et ont décliné leurs noms et fonctions. Celui qui semblait être le chef demande alors aux trois hommes de les suivre en contrebas de la route, dans le maquis, pour de plus amples vérifications. Loin de se méfier, ils obtempèrent et s'enfoncent d'une centaine de mètres dans la forêt. Fatseh Chibane, le P/APC, est alors séparé de ses deux compagnons. Ils subiront l'un après l'autre une série d'interrogatoires et de contre-interrogatoires destinés à s'assurer de l'identité et de la fonction du maire. Le chauffeur et le chef du parc sont délestés de leurs portables, argent et papiers d'identité. Accroupis, ils sont surveillés par un seul faux policier à quelques dizaines de mètres de l'endroit où est gardé Fatseh Chibane. A mesure que le temps passe, le doute s'installe dans leur esprit. « J'ai compris que nous étions en présence de terroristes lorsque l'un deux s'est approché de moi et que j'ai senti l'odeur du musc », dira Mohand Tahar qui arrive néanmoins à garder son sang-froid tout en tentant de rassurer son compagnon. Ils s'attendaient à tout moment à être exécutés. A la nuit tombante, ils entendirent un coup de feu. Un seul. « C'était un coup de fusil à canon scié. Je connais le son d'une arme automatique et ce n'était pas le cas », précise notre témoin. Quelques secondes après, c'est tout le groupe au nombre de quatre à cinq terroristes déguisés en policiers qui les rejoint pour leur faire un petit prêche en se revendiquant moudjahidine d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Les deux captifs seront relâchés après avoir récupéré leur argent, portables et papiers. Ils suivirent une piste agricole et tombèrent sur le véhicule de service de l'APC en train de brûler. Ils arrivèrent tant bien que mal à quitter la forêt dans la nuit noire et après plusieurs chutes pour aboutir sur la RN12. Ils font alors du stop en direction d'Adekar et s'arrêtent au barrage fixe de la BMPJ pour les informer de ce qui s'est passé. Ce n'est que le lendemain que le corps de Fatseh Chibane sera retrouvé par des éléments des services de sécurité qui ratissent les lieux. Le malheureux a probablement été tué d'une décharge de fusil dans la tête. Cet ex-professeur de lycée avait 41 ans et était estimé de tous. Il laisse une veuve et un petit orphelin de quatre ans. Dans le village du défunt ce vendredi, la consternation était à son comble et tout le monde était unanime à souligner les qualités de Fatseh Chibane. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le RCD, tout en condamnant « cet acte ignoble avec fermeté », souligne que Fatseh « était connu pour être un militant démocrate digne, un infatigable élu au service de ses concitoyens et un maire d'une moralité sans faille ». « Il était politiquement inacceptable et humainement impardonnable qu'une victoire militaire sur l'intégrisme soit transformée en défaite politique par le pouvoir à travers la politique de la réconciliation nationale », ajoute le communiqué. Le bureau de wilaya de Béjaïa du RND a également condamné « avec fermeté ce crime ». Notons, enfin, que le wali de Béjaïa, M. Ali Bedrici, le Dr Saïd Sadi du RCD ainsi que de nombreuses figures de la société civile et politique de la région ont tenu à assister à l'enterrement du défunt. Nous repreduisons aujourd'hui l'information se rapportant au décès du P/APC de Timezrit non publié dans notre édition d'hier en page 5 suite à une erreur technique. Toutes nos excuses à nos lecteurs.