Lors de la célébration de la Journée nationale de l'artisanat traditionnel, qui se déroule actuellement au niveau de la Chambre de l'Artisanat et des métiers, le public a eu l'opportunité de faire connaissance avec quelques activités jusque-là disparues. Alors qu'il y moins de 50 ans, le quartier de Derb abritait pratiquement toutes les activités artisanales, au fil du temps, elles finiront par s'estomper face à la déferlante des produits manufacturés. Actuellement, seuls les tailleurs occasionnels continuent d'y faire fructifier leurs métiers grâce à une clientèle de plus en plus rare. La tenue de ce salon tient à une parfaite coordination entre plusieurs partenaires. Une organisation sobre et parfaitement maîtrisée que l'on doit à Larbi Saïd, discret mais ô combien dynamique directeur de la PME-PMI ainsi qu'à Tahraoui Khalid, directeur de la Chambre de l'artisanat et des métiers dont la sobriété et le dévouement aident opportunément les derniers artisans de la région à trouver leurs marques ; mais également un lieu d'expression et de convivialité. Ils étaient plus d'une douzaine d'artisans à venir exposer, avec beaucoup de délicatesse et d'engouement, leurs produits. Entre les céramistes, les potiers, les couturières, les ferronniers et les services de la CASNOS, il y avait un imposant métier à tisser sur lequel un immense tapis entamait, sous les doigts avisés de deux jeunes universitaires, sa lente gestation d'où il côtoiera par moment l'art dans son sublime accomplissement. Sur une table, deux petits tapis aux couleurs pastel, donnaient parfaitement la mesure du travail accompli par les deux jeunes soeurs. Parties toutes deux avec seulement une licence en droit, elles finiront par s'impliquer, comme l'expliquera avec beaucoup d'entrain Mme le wali, dans un processus d'apprentissage de ce noble et dur métier, dont plus personne ne se souvient dans la cité de Sidi Saïd. Métier ancestral Parties toutes deux en stage à Cherchell, elles y séjourneront une année, dans des conditions très pénibles, afin d'en revenir avec ce métier ancestral qu'elles ont parfaitement dompté. Car leur premier tapis, de taille modeste, trouvera rapidement preneur, ce qui constitue un encouragement certain à ces deux artisans. Les encouragements prodigués par le wali ainsi que la promesse d'un local et celle de se porter acquéreur de la prochaine production, auront fait briller de mille feux les beaux yeux noirs de ces anciennes étudiantes qui, à force de sacrifice et d'abnégation, auront fait ce parcours inattendu d'aller si loin apprendre un métier complètement inconnu dans la ville et sa région. Car même si le modèle est attribué à l'école de Cherchell, nul doute que nos deux artistes finiront par lui donner un label mostaganémois. Bientôt le tapis de Tigditt viendra s'imposer et surtout s'offrir pour combler une forte demande domestique mais également celle en devenir que le tourisme balbutiant devrait soutenir. Il suffirait pour cela de reproduire les sublimes armoiries de la ville, notamment celles de Hachemi Ameur, le néo-miniaturiste, où l'on reconnaît aisément les principaux symboles de la cité, enlacés langoureusement par deux surprenants hippocampes. Une icône qui aura fait l'unanimité chez les admirateurs de belles choses. Nul doute que le tapis de Mostaganem supplantera sans peine ceux de Kalaâ et d'ailleurs.