L'Association Crysalide a invité Aflam à Alger pour présenter un cycle de films originaux et détonants. Des pépites dans le lot. Depuis 2002, l'association marseillaise Aflam (les films) se consacre à la promotion du cinéma arabe dans sa ville comme dans l'ensemble de la région PACA (Provence, Alpes, Côte d'Azur). Sous le générique Marseille, l'autre rive… , elle se propose de faire découvrir aux cinéphiles d'Alger des œuvres présentées comme le récit de « trajectoires à la fois singulières et communes à plusieurs générations d'immigrés à Marseille, une ville où certains cherchent encore leurs marques tandis que d'autres se la sont appropriée ». Cependant, le cycle ne se limite pas à un face-à-face Alger-Marseille mais étend aussi ses sources à d'autres villes d'Algérie et de France, ainsi qu'à l'ensemble du Maghreb et même au-delà. Les deux films présentés en avant-première du cycle viennent même de l'autre bout de la Méditerranée : Le Sel de la Mer, premier long métrage de la Palestinienne Anne-Maris Jacir, et Je veux voir des Libanais Khalil Joreige et Johanna Hadji-Thomas, deux œuvres fortement conseillées et qui s'étaient gagné les faveurs de la critique et du public lors de leur sélection au Festival de Cannes 2008 dans la catégorie Un Certain Regard. Le cinéma ABC-Thaqafa qui, décidément, se positionne de plus en plus comme une salle d'art et d'essai, grâce à l'APC d'Alger-Centre qui la met volontiers à la disposition des ciné-clubs et associations, accueille l'essentiel de ce programme. Hier, mercredi, les deux films précités ont été présentés. Et, aujourd'hui et demain, dix courts et moyens métrages, entre fiction et documentaire, seront projetés pour la première fois en Algérie. Un des moments forts de cette programmation, Alger, Oran, Paris, les années music-hall (52 mn, 2003, Fr.) de Michèle Mira Pons, entraînera les spectateurs sur les traces du music-hall d'Algérie, avec les figures attachantes de Lili Boniche, Salim Hallali, Lyne Monty, etc. Il était temps de revenir (52 mn, 2003, Fr.) de Aurélie Orban-Lallemant suit une mère-célibataire vivant dans le sud de la France et qui décide de retourner au Maroc auprès de sa famille, après 25 ans de rupture. Plusieurs réalisateurs seront du voyage pour rencontrer les cinéphiles algériens et discuter avec eux de leurs films. On note ainsi la présence de la réalisatrice Marie Vanaret qui présente avec son interprète Aurélien Descloseaux, le film O.S. (15 mn, 2007, Fr.) qui utilise la chorégraphie pour exprimer l'usure physique et morale d'un ouvrier spécialisé, un peu sur les traces de Les temps modernes de Charlie Chaplin. Jean-Michel Perez présentera « Trou de mémoire » (58 mn, 2007, Fr), son œuvre si particulière où de vrais détenus de la prison des Baumettes de Marseille reconstituent leurs itinéraires de vie. Et si c'était à refaire ? Une enfance heureuse (52 mn, 2003, Alg./Fr.) suit un Algérien, né à Lyon puis rentré au pays avec sa famille à l'âge de 5 ans, qui revient sur les lieux de sa prime enfance et raconte. Une histoire authentique que le personnage réel et le réalisateur, Messaoud Laïb, viendront éclairer de leurs témoignages. Lettre à la prison (70 mn, 2008, Fr.) est un film étonnant de Marc Scialom qui sera également présent à Alger. Tourné il y a quarante ans, il était resté inachevé jusqu'à ce que la fille du réalisateur le retrouve et qu'il soit restauré. L'histoire d'un jeune Tunisien des années 70 qui monte à Paris pour aider son frère emprisonné sous l'accusation de meurtre. Samedi, de 11 h à 17h, la manifestation se déplacera au Musée du Bardo, où l'association Cinémémoire présentera durant une journée son travail de collecte et de diffusion d'archives familiales ou de films d'amateurs retraçant, à travers des tranches d'existence, les réalités de la période coloniale au Maghreb, en Afrique et au Moyen-Orient. Un travail passionnant qui apporte un éclairage vivant sur l'histoire. Cette partie du programme est destinée aux historiens, documentalistes, cinéastes, professionnels et étudiants. Au total, trois jours consacrés à « l'autre cinéma », celui qui se fait avec de petits moyens mais de grands effets.