Le président Bouteflika n'a pas jugé utile d'opérer des changements dans son équipe. Hormis le ministre de la Communication, M. Boukerzaza, qui ne figure plus dans le staff gouvernemental, aucun changement n'est à signaler. Les autres membres de l'Exécutif ont été maintenus dans leurs postes respectifs. Le chef de l'Etat les a reconduits aussitôt que la démission du gouvernement a été présentée hier par Ahmed Ouyahia, et ce, à la faveur de la promulgation des nouveaux amendements constitutionnels approuvés par le Parlement dans sa majorité écrasante mercredi dernier. Ainsi, M. Ouyahia reste à la tête du gouvernement tout en perdant son statut de chef, il occupe désormais le poste de Premier ministre, qui a remplacé celui du chef de gouvernement qui n'existe plus suite aux derniers changements constitutionnels. Sa mission n'est plus la même puisqu'il dispose de peu de prérogatives, contrairement à ce que lui donnait la Constitution de 1996. Les derniers amendements apportés à la Loi fondamentale renforcent les pouvoirs du président de la République, le consacrant sans conteste seul et unique chef de l'Exécutif. Aucun contre-pouvoir Ahmed Ouyahia aura à présenter le programme du gouvernement – qui n'est autre que celui du Président – devant le Parlement et à coordonner l'action gouvernementale pour son exécution. Il ne dispose d'aucun pouvoir sur les ministres ; il ne peut donc leur demander des comptes. Mais il reste aussi bien comptable que les ministres, pas, bien entendu, devant le peuple ni le Parlement, mais plutôt devant son « nommeur », à savoir le président Bouteflika qui, lui, n'a de comptes à rendre à personne. Chef suprême des armées, premier magistrat du pays, président du FLN et inspirateur de l'Alliance présidentielle (composée du FLN, du RND et du MSP), le président Bouteflika n'a laissé aucun contre-pouvoir. Outre le poste de Premier ministre, le chef de l'Etat a en effet nommé le directeur de la Radio nationale, Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication. Un poste nouveau, en remplacement du ministère de la Communication qui n'existe plus. C'est dire toute l'importance que le Président donne au secteur de l'information et de la communication. Les inamovibles ministres sont toujours là. Boubakeur Benbouzid est, lui, « fixé » au département de l'Education. Il détient toujours le record de longévité au gouvernement : seize ans ! Très proche du Président, Abdelaziz Belkhadem, qui a été pourtant éjecté de la tête du gouvernement en juin dernier, reste ministre d'Etat et représentant personnel du chef de l'Etat. Nourredine Yazid Zerhouni demeure ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, malgré ses innombrables frasques. Soltani Bouguerra garde également son poste de ministre d'Etat sans portefeuille. Abdelmalek Guenaïzia est toujours ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, comme le sont aussi Mourad Medelci aux Affaires étrangères, Karim Djoudi aux Finances et El Hachemi Djaâboub au Commerce. Des ministres inamovibles Abdelhamid Temmar, qui cumule les échecs dans son secteur, est maintenu à la tête du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Fidèle parmi les fidèles, Chakib Khelil garde son poste de ministre de l'Energie et des Mines, autant que Amar Ghoul qui continuera à diriger les Travaux publics, Saïd Barkat la Santé, la Population et la Réforme hospitalière et Mme Khalida Toumi la Culture. Tayeb Belaïz est maintenu lui aussi à la tête de la Justice. Abdelmalek Sellal, qui a survécu à tous les changements de gouvernement depuis l'arrivée au pouvoir de Bouteflika en 1999, est toujours ministre des Ressources en eau. Bouabdallah Ghlamallah n'a pas perdu son poste de ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, comme Mohamed Cherif Abbas garde bien son portefeuille de ministre des Moudjahidine. Cherif Rahmani semble lui aussi « lié » pour la vie au département de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme. Egalement maintenus à leurs postes : Amar Tou aux Transports, Rachid Benaïssa à l'Agriculture, Rachid Harraoubia à l'Enseignement supérieur, Hamid Bessalah à la Poste et aux Technologies de l'information et de la communication, Mahmoud Khedri aux Relations avec le Parlement, El Hadi Khaldi à la Formation et l'Enseignement professionnels, Nourredine Moussa à l'Habitat, Tayeb Louh au Travail et à l'Emploi, Djamal Ould-Abbès à la Solidarité nationale, Smaïl Mimoune à la Pêche et aux Ressources halieutiques… La liste est encore longue. Il y a en tout trente ministres, quatre ministres délégués et un secrétaire d'Etat. Tous sont acquis à la « cause » du troisième mandat pour le président Bouteflika.