Un mois après le lifting gouvernemental, rien n'a changé. L'appareil exécutif, drivé par un président quasi-absent, demeure grippé. L'inaction est ahurissante. Hormis les sorties médiatiques des plus ordinaires de quelques ministres, le gouvernement somnole. Les légers changements opérés n'ont jusque-là donné aucune plus-value à un Exécutif visiblement en panne d'inspiration en ces temps de vaches maigres. La devise du chef de l'Etat étant de ne pas changer une équipe qui perd, le pire est à craindre. Jamais le bricolage n'a généré la prospérité. Face à un monde qui bouge et qui change, l'Algérie reste figée, cloîtrée dans une politique de colmatage qui hypothèque l'avenir de toute une nation. Dans un contexte marqué par une tension sociale endémique et un blocage économique sans précédent, le président Bouteflika n'a pas jugé utile de réunir son « nouveau gouvernement » ne serait-ce que pour présenter les nouveaux venus. Il n'a tenu aucun Conseil des ministres après l'annonce de la nouvelle composante gouvernementale. Peu soucieux des usages, le chef de l'Etat a même annoncé son remaniement ministériel la veille de son déplacement à l'étranger, à Nice précisément, où il a pris part au 25e sommet France-Afrique tenu le 28 mai dernier. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le chef de l'Etat a renforcé la centralisation de la gestion des affaires de l'Etat. Ainsi donc, rien ne se fait sans son aval. Le gouvernement se trouve encore aujourd'hui suspendu à sa seule décision. Et son effacement de la scène publique laisse tout le monde pantois. Certains observateurs iront jusqu'à se demander si le pays est vraiment dirigé. Démuni physiquement depuis sa maladie en 2005, le chef de l'Etat ne met sur son calepin que les grands événements internationaux tels que le sommet du G8 auquel il a pris part ce week-end. Au niveau national, son activité est réduite au strict minimum. Depuis sa réélection pour un troisième mandat en avril 2009, le chef de l'Etat n'a tenu que deux Conseils des ministres. Il a en revanche effectué deux remaniements ministériels sans de véritables changements dans la politique gouvernementale. La situation du pays, dont la dépendance des hydrocarbures ne cesse de se renforcer, n'est-elle pas inquiétante pour se permettre le luxe d'un tel immobilisme ? Certainement pas. Il y a vraiment péril en la demeure. Le scepticisme gagne l'opinion publique qui craint de voir se reproduire le scénario catastrophique de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Nourredine Yazid Zerhouni comme vice-Premier ministre ne semble nullement obéir à une volonté de mieux faire. Ayant échoué en tant que ministre de l'Intérieur dans la gestion de nombreux dossiers, dont celui de la Kabylie, et dans la conduite de certaines réformes comme la modernisation de l'administration, M. Zerhouni peut-il réussir dans son nouveau poste ? Suffit-il de remplacer Zerhouni par son « adjoint » Ould Kablia pour que le ministère de l'Intérieur fasse une bonne performance ? L'arrivée de Youcef Yousfi à la tête du ministère de l'Energie et des Mines, à la place de Chakib Khelil, va-t-elle mettre fin aux malversations et à la corruption qui gangrènent ce secteur comme tout le pays ? Ecarter Abdelhamid Temmar de l'Industrie et de la Promotion des investissements, est-il suffisant pour espérer relancer l'appareil productif et attirer les investissements ? Sûrement pas. Le jeu de chaises musicales ne peut pas redynamiser l'action gouvernementale. Lorsque le train est en panne, il faut plutôt regarder du côté de la locomotive.