Khadda le précurseur » est le thème d'un événement organisé à Lyon à compter du 19 novembre, à l'initiative de l'association France-Algérie Rhône-Alpes (AFARA). Pour la présidente Zohra Perret, c'est l'aboutissement heureux de plusieurs mois de travail. « Au départ, nous a-t-elle indiqué, il s'agissait d'une idée personnelle. Devant un tableau de Khadda, j'ai eu un coup de cœur qui m'a poussée à m'intéresser à ses œuvres et donner l'envie de transmettre quelque chose de l'émotion que moi-même j'avais éprouvée. J'avais envie que d'autres connaissent cet immense artiste. » Mohammed Khadda, artiste exemplaire (1930-1991), est représentatif de la peinture algérienne, dont la notoriété a su transcender les frontières. Bien qu'il ait préféré travailler et vivre en son pays, il a su acquérir une reconnaissance internationale et l'estime des peintres sur les deux rives de la Méditerranée. Pour l'association, la préoccupation de ce coup de projecteur touche directement aux aspects « patrimoine et culture » de son travail, dont un volet important est consacré à la réhabilitation de La Casbah d'Alger. « J'ai d'abord eu l'occasion de rencontrer la veuve de l'artiste, Naget Khadda, qui a trouvé l'idée intéressante », explique Zohra Perret. Le reste a été une affaire de persuasion de décideurs. « Tout n'a pas été facile », ajoute-t-elle. « Monter cette exposition est l'œuvre de deux années de travail, de rencontres, d'incitation des différents partenaires à nous faire confiance et de porter le projet avec nous. C'est cela le plus difficile que les autres partagent votre passion, croient en vous et aient envie de vous aider. » Les adhésions se sont concrétisées sur le sentiment que « l'expo pouvait être un lien très fort entre les deux rives. Tout le monde a compris notre intention de contribuer à changer l'image de la culture algérienne en France, pensant, comme moi que cet hommage à Khadda en était un moyen ». D'ailleurs, estime la présidente de l'AFARA, « exposer Khadda, c'est montrer avant tout la dimension universelle de l'homme, montrer quelque chose de la culture algérienne dans l'universalité, restaurant l'identité des jeunes de l'émigration dans leur culture propre et leur permettant d'être regardés différemment. Cette démarche-là m'a animée, tout au long du rôle de porte-à-porte que j'ai été auprès des institutions françaises. Elles ont été très sensibles à cette idée-là. Elles ont concédé que Khadda n'est pas n'importe qui. C'est un peintre immense, un humaniste qui ne se résume pas seulement à l'esthétisme, mais dont jaillit une dimension éthique et philosophique. Il est, je pense, une figure suffisamment emblématique de l'Algérie ». Déjà Zohra Perret pense à l'avenir : « Oui, si on arrive à mener à bien cette aventure où tous les partenariats ont bien fonctionné, l'idée serait, tous les deux ans, de faire connaître un peintre majeur d'Algérie ou du Maghreb et développer cette thématique avec d'autres associations. » L'enjeu en vaut la peine. Exposition Fondation Bullukian-Galerie Françoise Souchaud du 19 novembre au 13 décembre 2008 A l'université Lumière Lyon 2, se déroulera un colloque le mercredi 19 novembre « L'art et la modernité : le métissage comme fondement de la modernité » avec Charles Bonn, Naget Khadda et Benamar Médiene et le vendredi 21 novembre, « L'art et la modernité : la complexité du champ culturel algérien actuel » avec Khaoula Taleb Ibrahimi, Hadj Meliani, Abdelkader Hamdad, Zoubida Haddab, Karim Sergoua. Les partenariats : La ville de Lyon, la wilaya d'Alger, le ministère algérien de la Culture, le consulat général d'Algérie, Air Algérie, la fondation Léa et Napoléon Bullukian, la galerie Françoise Souchaud et l'université Lyon II.