Mémoire n Un hommage au défunt peintre algérien Mohamed Khadda et un cycle de conférences sur la culture algérienne sont prévus à Lyon du 19 au 21 novembre prochains. L'association France - Algérie Rhônes-Alpes (Afara), organisatrice de l'évènement, veut créer un véritable évènement culturel pour «faire connaître un peintre contemporain majeur, maître de l'abstraction» et «rompre l'isolement dans lequel se trouvent les peintres algériens, évincés de la marche de l'histoire de l'art contemporaine». La présidente de l'Afara, Mme Zohra Perret, explique qu' «exposer Khadda s'impose comme un hommage à un peintre majeur marqué au sceau d'une revendication identitaire forte et d'une aspiration universaliste non moins exigeante». «Considéré comme père fondateur d'une expression artistique majeure, il a tracé un sillon fertile à l'émergence de générations de jeunes artistes ouverts à l'altérité, à la complexité et à la diversité du monde», précise-t-elle. Zohra Perret précise également qu'une exposition des œuvres de Khadda à Lyon «favorisera le rapprochement entre Français et Algériens d'une rive à l'autre de la Méditerranée et participera à une plus grande compréhension entre les deux peuples en France comme en Algérie». «Cette exposition s'impose comme un hommage à un humaniste qui met par l'émotion esthétique l'histoire des hommes à l'honneur», précise-t-elle. Cet évènement, placé sous le signe «L'Art et la modernité : le métissage comme fondement de la modernité», sera marqué par la mise sur pied dans deux lieux différents, de deux expositions, l'une consacrée aux aquarelles et l'autre aux œuvres de Mohamed Khadda. Les conférences se dérouleront en deux temps et autour de deux thématiques : «le métissage comme fondement de la modernité» et «la complexité du champ culturel algérien actuel». Huit universitaires des deux rives seront conviés à communiquer sur de nombreux sujets comme «l'Entre deux de la littérature algérienne»(Charles Bonn), «Emergence de la peinture de chevalet en Algérie» (Nadjet Khadda), «Interactions culturelles et métissage des formes artistiques» (Benamar Mediène), «Stratégie de réappropriation et de rénovation de la langue arabe» (Khaoula Taleb-Ibrahimi), «La musique : forme d'expression et de dépassement des clivages» (Hadj Meliani), «Elites intellectuelles et culture démocratique : l'exemple de Khadda» (Smaïl Hadj Ali), «Les nouveaux réseaux de communication et leur impact sur les comportements et l'imaginaire des Algériens» (Abdelkader Hamdad) et «Mouvement féminin en Algérie : mutation ou reflux ?» (Zoubida Heddab). l Natif de Mostaganem, ville qui a également «enfanté» un autre grand artiste algérien Oulhassi, Mohamed Khadda est considéré comme l'une des personnalités les plus emblématiques de la peinture algérienne. Il a été l'un des fondateurs du mouvement pictural «Aouchem» qui défend une peinture non figurative qui plonge ses racines dans les expressions culturelles et artistiques ancestrales en réhabilitant le signe et en lui donnant toutes ses formes expressives et symboliques. Jacques Berque désignera ce mouvement d' «Ecole du signe», alors que le poète Jean Sénac parlera, quant à lui, d'«Ecole Noun». Mohamed Khadda est également l'auteur de deux ouvrages, de véritables références pour les chercheurs en histoire d'art : Eléments pour un art nouveau, introduction à l'histoire de l'art en Algérie (1971) et Feuillet épars liés (1983), un recueil de ses articles, réflexions et préfaces. Il meurt en 1991 à l'âge de 61 ans.