Nous l'avons côtoyé pendant trois jours, notant sa fascination par un ciel limpide tapissé d'étoiles éclatantes, partageant des fous-rires avec les uns ou les autres, à d'autres moments se retirant, seul, loin du groupe, pour retrouver ses pensées, méditer. « Ces trois jours dans le désert m'ont permis de me ressourcer, de me ramener à ma juste valeur », nous dit Smaïn émerveillé comme un enfant devant un spectacle qui le fascine et l'émeut au plus profond de lui-même. « J'ai découvert l'accueil chaleureux des habitants de Tamanrasset », « qu'on peut vivre avec si peu, cela ramène à des valeurs simples, authentiques alors que dans les pays occidentaux, tout nous ramène au rendement ». « Le lien d'affection que j'entretiens avec l'Algérie me ramène à des souvenirs précieux, prépondérants dans l'aube de mon existence. Je suis très attaché à mon enfance. Ma fille m'en a fait la remarque, peu de temps avant le voyage. ‘'Papa, tu parles beaucoup de ton enfance'', m'a-t-elle dit. Je parle de ce qui a été précieux, tout se construit par l'enfance. Je me suis reconstruit par l'imaginaire. Le monde avec ses guerres, ses famines, ça me peine, ça me remue. Je dis que nous sommes tous de grands enfants, il n'y a que le prix des jouets qui change. » « Je suis un vrai déraciné qui s'est enraciné qui, malgré tout, tente de renouer avec d'autres racines. On m'a subtilisé mon histoire. Subsiste en moi ce désir de revenir à la légitimité de mon histoire ». Pourquoi a-t-il fait le choix de l'humour, lui avons-nous demandé ? « L'humour, c'est un choix qui s'est imposé par l'enfance... L'humoriste, on l'écoute à moitié. Il y a une absence de sérieux et en même temps l'humoriste c'est le fou du roi, il dit les choses de la vie ». Smaïn se défend d'être « le comique des Maghrébins ». « Je ne suis pas un humoriste communautaire. J'ai entendu un journaliste dire un jour sur France Inter : ‘‘Smaïn, un humoriste immigré''. Je suis très attaché à la France, mon pays d'adoption. Si je peux être un ambassadeur entre les deux pays, je souhaite être premier sur la liste. Un journaliste est venu me voir à l'hôtel alors que je faisais partie de la délégation qui accompagnait le président Sarkozy à Alger m'a demandé si j'étais sarkozyste, je lui ai dit que Ségolène Royal ou Sarkozy passent, l'amitié reste. Je suis Franco-Algérien ».